Vous vous diversifiez ?
Tout à fait. Les oeufs viennent d'arriver et leurs VMH (ventes moyennes hebdomadaires, NDLR) sont deux fois supérieures à celles des grandes marques présentes sur le marché depuis des années. Pour le beurre bio, c'est la même chose, alors que nous avons ajouté 15 centimes dans le prix du produit pour répondre au choix des consommateurs et aider à la conversion au bio ! Le prix le plus bas n'est plus la seule boussole du consommateur.
Comment expliquez-vous votre succès ?
Dans l'agroalimentaire, les grandes marques ne se sont pas assez remises en question. Aujourd'hui, elles rencontrent une défiance extraordinaire et parfois injuste. Il y a des personnes très bien qui travaillent chez ces grandes marques mais la relation avec les consommateurs est devenue épidermique.
C'est pour cette raison que "C'est qui le patron ?!" a eu cette force très rapidement. Nous sommes arrivés au moment où les consommateurs voulaient se retrouver dans une dimension plus proche de leur quotidien. Les marques, par nature, proposent une projection lointaine. Sauf que les Français veulent du bon sens et de la proximité.
Quelle est la prochaine étape du développement de la marque ?
Nous sommes en train de travailler sur l'acte deux de notre projet. Pour que le marché bouge, il faut une raison forte. Souvent, c'est pour économiser de l'argent ou parce que les entreprises établies craignent les nouveaux entrants. Et c'est un peu ce qu'il se passe aujourd'hui.
C'est-à-dire ?
"C'est qui le patron ?! " n'a pas l'histoire, ni les traits de caractère des marques traditionnelles. Souvent, elles ont tendance à se replier sur elles-mêmes, à défendre leurs parts de marché et à très peu s'autocritiquer.
De notre côté, nous passons notre temps à nous autocontrôler avec notre cahier des charges en main. Et nous rêvons de trouver quelque chose qui ne fonctionne pas pour tout de suite le changer.
La transparence est donc essentielle...
Exactement. Comme nous vérifions tout, nous déployons des arguments ultra-crédibles pour les autres consommateurs. D'autant plus que nos contrôles sont visibles sur YouTube. Ce sont les premières images certifiées par les consommateurs eux-mêmes. C'est aussi la communication la plus forte et la plus juste qui existe. Et elle est gratuite.
Mais quel est cet acte deux ?
Nous allons travailler avec les marques qui le souhaitent pour les labelliser. Pour le moment, nous avons été sollicités par 40 marques et nous avons donné un accord de principe pour dix d'entre elles. Nous avons aussi un distributeur avec sa MDD. À terme, il y aura un moteur de recherche où l'on pourra savoir si sa marque préférée a été certifiée par la marque des consommateurs.
Comment ce label sera-t-il attribué ?
Tout passera par les consommateurs. Ce sont eux qui décideront de valider ou pas la labellisation d'un produit. Il sera cocréé au contact direct des consommateurs impliqués. Nous gardons la même indépendance et la même exigence que pour les produits "C'est qui le patron ?!". Enfin, chaque étape sera vérifiée et validée par les consommateurs-sociétaires. À noter que notre commission sera de 2 % sur les produits labellisés.
N'est-ce pas un risque ?
Peut-être. Mais nous pensons surtout que c'est une opportunité pour faire changer les choses. Grâce à ce projet, un maximum de produits de grande consommation seront encore plus transparents et un maximum de producteurs seront soutenus.
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