4 licornes de demain selon Guillaume Gibault
Avec Le Slip français, Guillaume Gibault a bousculé les codes de son secteur. Chef d'entreprise lui a demandé quelles seraient les start-up capables d'un tel tour de force.
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L'édito de Guillaume Gibault, fondateur du Slip français
Osons ! Nous vivons une époque formidable ou tout est à inventer, créer et construire. Dans tous les métiers, dans tous les secteurs, les cartes sont redistribuées. Et face aux nouveaux usages et aux nouveaux outils, les grands groupes sont souvent encore plus perdus que les petites start-up. L'heure est à l'audace, aux convictions et à celui qui essayera, se trompera et finalement comprendra le premier.
L'écosystème n'a jamais été aussi dynamique, les marchés et les accompagnements sont là. Alors osons, essayons et Mesdames et Messieurs les Français, comprenons les premiers !

Les comptes de 1 001 pharmacies
Leur aventure a été un parcours du combattant. En octobre 2012, Cédric O'Neill et Sabine Safi lancent leur marketplace de produits pharmaceutiques 1001pharmacies.com et profitent de l'ouverture, par le ministère de la Santé, de la vente en ligne de médicaments sans ordonnance. Une quinzaine de pharmacies s'installent sur leur plateforme mais les acteurs du marché restent frileux.
Mais, "suite à la pression de la profession, un décret restreint cette vente en ligne aux sites en propre des pharmacies", et force les deux entrepreneurs à revoir leur modèle. Chose faite en avril 2014 avec leur service de livraison de médicaments, 24h/24 et 7j/7, forcé à l'arrêt seulement un mois plus tard, suite à l'attaque du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens. Qu'importe, les deux fondateurs pivotent à nouveau leur stratégie et se concentrent sur la vente de parapharmacie, de matériel médical et des produits vétérinaires ou de puériculture.
Et ça marche. "Notre chiffre d'affaires, issu d'une commission de 15 % prélevée sur les ventes, est passé de 1M€ en 2013, à 7M€ en 2014 et devrait atteindre, cette année, près de 20M€", prévoit Cédric O'Neill. 30 000 produits ont été vendus en 2015 par leurs 960 vendeurs, dont 600 pharmacies. Et sur les 22 000 officines de France, les perspectives sont encore larges. D'autant que la start-up a bouclé sa troisième levée de fonds de 8M€ en juillet afin de se développer à l'étranger. L'objectif : intensifier sa présence en Chine, via sa plateforme dédiée ouverte en mars dernier, et doper ses ventes en Europe qui ne représentent aujourd'hui que 10 % de son CA.

Triangl se taille une réputation de choix
Depuis décembre 2012, Craig Ellis et sa compagne Erin Deering commercialisent leurs maillots de bain uniquement sur Internet. Originaire de Melbourne en Australie, le couple a posé ses valises à Hong Kong pour créer sa start-up et se rapprocher de leurs sous-traitants. En à peine trois ans, leur marque Triangl, compte déjà plus de 2,7 millions d'abonnés sur Instagram. De 5 M$ de chiffre d'affaires la première année ils ont clôturé l'exercice 2014 à 25 M$.
Leur secret? Des modèles tendance en Néoprène (caoutchouc synthétique notamment utilisé dans la confection de combinaisons de plongée) aux couleurs flashy, une stratégie de marketing digitale offensive qui mise sur le "star system" (Miley Cyrus, Beyoncé, etc.) et les réseaux sociaux ainsi qu'une relation client ultra-performante.
Afin de lever tous les freins potentiels à la vente, ils ont notamment mis en place un chat online 24/7 afin de répondre aux requêtes de leurs clientes aux quatre coins du monde.

Lunettes pour tous casse les prix de l'optique
En lançant Lunettes pour tous en novembre 2013, Paul Morlet a bousculé les codes et les prix de son secteur. Ses lunettes sont en moyenne plus de 10 fois moins chères que chez un opticien traditionnel: 35€ contre 475€ en moyenne. "Et nos prix s'échelonnent de 10 à 150€, le tout, en générant une marge de 50 % brut", affirme le dirigeant.
Son concept: miser sur les volumes. Ses deux boutiques, à Paris et à Lyon, distribuent quotidiennement, chacune, 250 paires - contre 2,8 en moyenne chez les opticiens. Depuis l'ouverture de son premier magasin, en mai 2014, plus de 110 000 lunettes ont ainsi été vendues. Pour cela, Lunettes pour tous joue sur le délai de préparation, et délivre ses lunettes en 10 minutes.
Paul Morlet s'est également affranchi des marques en créant les siennes pour les montures et les verres. "Cela nous permet de maîtriser réellement nos coûts", indique-t-il. Sa prochaine étape? Lancer son activité sur internet et s'étendre à d'autres grandes villes de France.
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Doctolib bouscule les rendez-vous médicaux
En 18 mois d'existence, Doctolib a séduit 5000 professionnels, 100 établissements de santé et 2 millions de Français, qui se connectent chaque mois sur le site. Un succès à la hauteur de son offre révolutionnaire: prendre rendez-vous avec son médecin en ligne, gratuitement, de n'importe où et à tout moment. La start-up compte aujourd'hui 150 salariés et son dirigeant, Stanislas Niox-Château, prévoit d'atteindre 500 salariés et 100 000 praticiens équipés d'ici à 2018, en France et à l'étranger.
Doctolib met à disposition des praticiens, pour 99 euros par mois, un logiciel de gestion de rendez-vous, un service de rappel par SMS et e-mail, la gestion de leur visibilité. "Nous proposons une vingtaine de fonctionnalités, soit quatre fois plus que les solutions qui existaient avant." Résultat: son trafic mensuel est dix fois plus élevé que son concurrent n° 1, PagesJaunes, et il grossit dix fois plus vite.
"C'est allé beaucoup plus vite que l'on ne le pensait et on a trois ans d'avance sur nos prévisions.", confie-t-il. Sa troisième levée de fonds, bouclée mi-octobre, s'élève à 18 millions d'euros, afin de continuer à innover et à parfaire la technologie de Doctolib. Avant l'aventure à l'international, prévue pour début 2016.
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