L'irrationalité du management par la peur
Dans de nombreuses situations, chaque individu est soumis à un sentiment déclenché par la prise de conscience d'un danger ou d'une menace. C'est la peur, qui, instinctivement, crée et motive une réponse immédiate de la part de celui qui est menacé. Cette notion peut être utilisée lors de divers contextes, et même en entreprise. Bien qu'irrationnel, le management par la peur existe bel et bien aujourd'hui.
Le management par la peur, une forme de gestion remarquée dans les entreprises
Selon les précisions apportées par le sociologue d'entreprise Ahmed Al Motamassik, il est possible aujourd'hui de retrouver le management par la peur au niveau de différents échelons d'une organisation. Ce type de gestion peut être remarqué au niveau de l'entreprise elle-même. La réalisation d'objectifs, la quête de performances, le respect des délais ou la recherche de qualité font partie des enjeux essentiels à toute entreprise. Afin d'atteindre ces différentes finalités, le management par la peur se manifeste par l'apparition de formes diverses de pression.
La salve d'actions se traduit alors par des menaces réelles ou ressenties, entièrement inhérentes au dispositif hiérarchique qui prévaut au sein de l'entreprise. Par exemple, le fait d'informer un directeur ou un collaborateur des conséquences éventuelles de ses actions suffit à accentuer la pression. Engendré par cette démarche, le stress s'impose comme moteur principal pour la concrétisation des priorités. Productivité, performance économique, respect des délais et qualité sont ainsi rapidement atteints lorsque l'entreprise est en situation de stress, c'est-à-dire soumise à une pression.
Les salariés, soumis quotidiennement au stress et à la pression
À une échelle plus réduite, le management par la peur se manifeste également au niveau des salariés de l'entreprise. Les salariés doivent toujours accorder la priorité à la règle immuable de l'obligation de résultat. L'omniprésence du stress dans le quotidien de l'employé est certaine, chacun travaillant en tenant compte des imprévus devenus habituels et des bouleversements journaliers, indissociables à toute activité ou profession. La peur de ne pas réussir sa mission, d'être corrigé et/ou réprimé ou même de se voir muté à une autre responsabilité motive souvent les pratiques des salariés d'aujourd'hui. Et, consciemment ou non, le contexte actuel - caractérisé par un marché de l'emploi morose ou une montée en puissance des stratégies de délocalisation - présente également des facteurs anxiogènes qui suffisent à exercer une pression supplémentaire sur les employés. Si, en règle générale, le management participatif est encensé dans la majorité des entreprises actuelles, la peur, prenant une forme de stress et de pression, est un ingrédient majeur pour pousser les salariés à produire toujours un peu plus.
Une productivité immédiate grâce au management par la peur
Du point de vue des résultats, les conséquences d'un type de management basé sur la peur sont positives, du moins en ce qui concerne le bilan immédiat. Les résultats sont en effet très rapides, et l'autosatisfaction est de mise pour l'entreprise qui applique cette stratégie de management. Dans la pratique, c'est le stress et/ou la pression intense qui maintient le travailleur dans une condition optimale propice à la réussite de sa mission. Les priorités sont dès lors maintenues, car le salarié est motivé par la crainte d'une menace ou d'une sanction tout comme il est dirigé par l'appât du gain, c'est-à-dire la promesse d'une récompense.
Menaces sur l'équilibre de l'entreprise, sur un plus long terme
Malgré ses avantages, les inconvénients d'une forme de management par la peur sont pourtant nombreux et, finalement, ils s'avèrent davantage dévastateurs pour une entreprise. En effet, sur le court terme, cette stratégie de gestion permet de constater des résultats en hausse. Mais, c'est du côté du manager que les conséquences vont peu à peu commencer à apparaître. En maintenant une pression intense sur ses collaborateurs, celui-ci va effectivement s'isoler par rapport au reste du groupe. Dès lors, un climat propice à l'apparition de conflits va s'instaurer entre le manager et l'entité qu'il dirige. La portée d'un tel contexte est résolument négative pour l'entreprise, car des processus essentiels à l'organisation vont finir par se paralyser. Sur le long terme, cette atmosphère délétère engendre des conséquences comme le départ de certains salariés, la baisse d'implication et le manque d'engagement, ou encore la perte de motivation. In fine, le management par la peur est tout simplement inefficace si le manager désire instaurer une politique tournée vers le long terme.