Comment planifier une sortie de crise?
La crise, situation exceptionnelle pour l’entreprise, est aussi la raison d’être des forces de sécurité et de défense ou une pratique maîtrisée par beaucoup de grands groupes. Comment planifier et décider en de telles circonstances ? Un savoir-faire transposable dans le monde des TPE et PME.
De quelle crise parlons-nous ?
Les crises sont multiples et diverses. Elles jalonnent l’histoire de l’humanité et sont intimement liées à son développement et à son évolution. Nous n’évoquerons dans cet article que la crise qui touche votre entreprise à un moment donné et qui obéit aux trois critères suivants :
- Une situation conséquence d’un évènement ou d’une succession d’évènements susceptibles de mettre en cause la viabilité ou l’existence de l’entreprise ;
- Une situation qui oblige à décider dans l’urgence ;
- Une occurrence de cette situation de crise qui surprend les dirigeants de l’entreprise.
Une méthode de planification
Planifier, c’est définir l’enchaînement dans le temps et dans l’espace des effets nécessaires à l’atteinte des objectifs fixés. En gestion de crise, on distingue la planification d’anticipation, qui permet d’anticiper les crises potentielles, de la planification de mise en œuvre, déclenchée lorsque la crise (ou ses prémices) survient.
Sauf à disposer d’une structure permanente dédiée à ce travail (comme les armées modernes, les structures étatiques ou privées, où la gestion de crise relève du quotidien), l’entreprise doit accepter de consacrer un peu de temps, d’argent et de matière grise soit pour planifier, sans la pression des évènements, les actions susceptibles d’être conduites face aux crises les plus probables ou les plus vitales soit, lorsque la crise survient, pour mettre en place une cellule dédiée, à même d’appuyer le dirigeant dans la recherche de solutions de sortie de crise.
Un canevas structuré
Cette méthode repose sur une réflexion logique et cohérente, articulée en quatre phases distinctes.
Une phase d’initialisation : Quelle est la situation ? Que veut-on ?
Comprendre ce qui arrive, mettre la situation actuelle dans son contexte et connaître tant ses contraintes que ses ressources pour sortir de cette crise.
Définir son objectif et la situation à obtenir en fin de crise.
Mettre en ordre de marche l’équipe en charge du travail de planification.
Une phase d’orientation : que faut-il faire ? Et dans quel cadre ?
Comprendre ce qui m’est demandé : Pourquoi ? Quoi ? Qui ? Où ? Quand ?
Concevoir ce qu’il faut faire : les effets à produire, leur séquencement et leur enchaînement (points de passage obligés vers l’atteinte de l’effet final recherché).
Identifier les informations complémentaires à acquérir, les mesures d’urgence à prendre.
Estimer, en première approche, les moyens nécessaires pour réaliser les actions à entreprendre.
S’assurer de l’adhésion à ces réflexions de celui qui, in fine, prendra la décision d’agir et endossera la responsabilité de l’action engagée.
Une phase de conception : comment le faire ?
Élaborer plusieurs modes d’action (les différentes manières d’atteindre les objectifs fixés).
Les comparer les uns aux autres (avantages, inconvénients et risques), mais aussi les confronter aux modes d’action d’éventuelles sources d’opposition, celles qui peuvent s’opposer ou entraver l’action de l’entreprise (performance, coûts, risques,…).
Décider (le mode d’action qui sera mis en œuvre), qui relève alors de la responsabilité exclusive du dirigeant.
Une phase d’élaboration : quelles modalités d’exécution ?
Donner des directives afin que l’ensemble des collaborateurs concernés ait une compréhension claire et commune de la situation, des objectifs fixés, du cadencement des opérations et du rôle que chacun doit tenir.
S’organiser pour conduire au quotidien « cette gestion de crise », s’assurer du bon déroulement du plan, l’amender, le modifier ou le refaire si nécessaire pour tenir compte de l’évolution de la situation et des aléas.
Prévoir la capitalisation de l’expérience acquise dans des circonstances difficiles ou critiques (Errare humanum est, perseverare diabolicum ).
Louis Pasteur écrivait « la chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés ». Une planification correctement conduite permet d’éviter « la surprise stratégique », cette crise qui peut mettre en difficulté, voire tuer une entreprise.