Les risques psychosociaux sont des opportunités sociales et économiques
Les publications sur le stress s'orientent sur ses conséquences sociales et juridiques. Mais le stress est également un enjeu économique majeur pour les entreprises. Dans une économie de la connaissance et des services, prévenir les risques psychosociaux est un investissement rentable.
Selon une terminologie qui fait aujourd’hui autorité, le stress au travail fait partie des risques psychosociaux (RPS).
Les RPS sont cependant bien plus que ce à quoi ils font référence. Car les risques inhérents au stress vont bien au delà du psychologique et du social : ils sont également un enfer financier pour les entreprises négligentes et leurs partenaires santé (organisme de prévoyance et CPAM).
En effet, les nombreuses conséquences directes et indirectes, matérielles, et immatérielles du stress ont un coût qui est largement sous estimé. Absentéisme, démissions, dégradation de l’image, démotivation des salariés sont les plus connus. Mais qu’est est t-il de la créativité et de la flexibilité, qui nécessitent des ressources mentales que le stress ampute, et sont également des enjeux de survie dans une économie mondialisée tournée vers la création de valeur ? Pour être créatif et flexible sur le long terme, il faut pouvoir travailler dans un environnement serein. Ainsi, et c’est fort heureux, dans une économie mondialisée, organisée autour des services et de la connaissance, les chemins de la performance économique et sociale convergent. Les RPS, qui pourraient à moindre frais être renommés risques psychosociaux et économiques, ou RSPE, sont ainsi également des opportunités sociales et économiques, pour qui veut bien les comprendre et les prévenir.
Pourquoi ces opportunités sociales et économiques ne sont t-elles pas prospectées et comment changer cette réalité ?
Tout simplement parce que ces coûts cachés, n’étant pas repérés par les normes comptables ni par les systèmes de mesure classiques dont disposent les entreprises, ne sont donc généralement ni quantifiés, ni mesurés. Pourtant des outils de mesure existent, mais ce sont principalement les mentalités qui doivent évoluer. Il y a là un véritable enjeu de formation des managers et cadres dirigeants.
Enfin, lorsqu’on arrive malgré tout à parler du stress sous son aspect financier et que l’on tente une élaboration de ses coûts effectifs, le plus souvent on se trompe d’ordre de grandeur. Il en ressort des chiffres macroéconomiques dont l’intérêt est fort discutable ; le stress coûterait par exemple 4% du PIB en France. Qu’évoque cette réalité pour vous? Certainement pas grand chose pour les managers, les entrepreneurs et les dirigeants qui pilotent leur stratégie à la lumière des tableaux de bord de leur entreprise. Tout le reste n’est que littérature. La science du pilotage financier doit évoluer pour laisser enfin une place aux indicateurs du capital humain. Etrangement, les économistes, sont restés mystérieusement silencieux sur le sujet du stress. A eux de prendre maintenant le relais pour convaincre les décideurs de l’intérêt économique des attitudes préventives par rapport au stress de leurs salariés.
Pour tirer bénéfice d’opportunités qui n’ont d’égal que l’amplitude des risques associés, les entreprises doivent d’abord apprendre à comprendre ces opportunités, puis à s’équiper d’outils pour les gérer. Les risques psychosociaux sont des opportunités non seulement sociales mais également économiques pour celles et ceux qui auront l’audace de faire le pari de l’investissement dans le capital humain.