Antoine Jouteau (Leboncoin) : "Je veux que mes concurrents étrangers paient leurs impôts"
Avec ses 26 millions de visiteurs uniques par mois, ses 10 000 nouveaux utilisateurs par jour, Le Bon Coin est la success story française du moment . Ce qui n'empêche pas son CEO, Antoine Jouteau, de dénoncer l'iniquité fiscale dont souffrent les structures françaises.
Je m'abonneChef d'Entreprise : Leboncoin a fêté ses 10 ans en grande pompe au Palais Brongniart en compagnie du président de la République, avec lequel vous êtes apparus très unis. Est-ce à dire que vous allez arrêter de critiquer les pouvoirs publics, notamment lorsqu'il s'agit d'équité fiscale ?
Antoine Jouteau, CEO du BonCoin : Tout d'abord, la présence de François Hollande n'était pas du tout un engagement politique, mais plutôt un symbole fort, celui que la marque Leboncoin appartient, avant tout, aux Français.
Par ailleurs, le président a relayé, ce soir-là, certaines de nos préoccupations, concernant justement l'équité fiscale, l'instabilité réglementaire, ainsi que la protection des start-up françaises et européennes. Autant de sujets sur lesquels, certes, tous les acteurs politiques semblent d'accord, mais qui prennent trop de temps à être réglés.
"En termes d'audience, je ne suis pas très loin de Facebook et Google avec 200 fois moins d'ingénieurs qu'eux."
Sur l'instabilité réglementaire, il est plus qu'urgent d'accorder à nos start-up les moyens de se développer sans qu'elles aient à consulter, tous les jours, des avocats. Et sur l'équité fiscale, c'est le moment de nous donner les mêmes armes que les sociétés, notamment américaines, contre lesquelles nous nous battons. Ne pas agir rapidement, c'est les laisser grandir, elles qui sont sur un rail de TGV lancé à pleine vitesse
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Il faut savoir que Google et Facebook, c'est 40 000 collaborateurs, dont 20 000 ingénieurs... tandis que j'en ai 100 et qu'en termes d'audience, je ne suis pas très loin d'eux...
Donc, malgré l'iniquité fiscale que vous dénoncez, vous y arrivez quand même...
Oui, mais si j'étais à armes égales, déjà je serais content pour l'État français qui aurait plus d'argent dans ses caisses pour les programmes économiques à destination des start-up, mais aussi pour les écoles ou les hôpitaux. Ça, c'est mon côté idéaliste.
Mais aussi, mon développement futur est centré sur les marchés de la publicité où les acteurs américains, qui sont non seulement extraordinaires en termes d'innovation mais aussi des prédateurs fiscaux, sont très bien positionnés.
Finalement, que demandez-vous aux acteurs publics ?
Je ne demande pas moins de charges. Mais je veux que ces entreprises américaines payent leurs impôts sur les sociétés et leurs charges sociales. Et pas dans cinq ans... Tout de suite !