Livraison : quels défis environnementaux pour les transporteurs ?
Les acteurs de la livraison sont sommés de réduire leurs émissions de CO2. Pour y parvenir, les transporteurs routiers se tournent progressivement vers d'autres solutions comme les véhicules électriques ou à hydrogène.
Je m'abonneLa législation oblige les transporteurs à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. D'une manière générale, la loi d'orientation des mobilités (LOM) oblige chaque entreprise à compter 20% de véhicules à faibles émissions dans leur flotte. Cette part augmente progressivement, passant à 35% en 2027 puis à 50% en 2030. De plus, l'Union Européenne oeuvre pour réduire les émissions de CO2 des poids lourds. L'objectif fixé par l'Europe aux constructeurs est de réduire les émissions moyennes des camions neufs de 45% en 2030, puis 65% en 2035 et enfin 90% en 2040. Par conséquent, les transporteurs se tournent vers l'électrique. C'est le cas de GT Solutions, transporteur routier comptant plus de 2000 employés.
La société s'appuie sur un parc de 1450 poids lourds et s'est fixée comme objectif de réduire de 15% ses émissions de CO2 d'ici 2025. Pour y parvenir, l'entreprise diminue progressivement sa part de véhicules thermique. Le transporteur compte 121 poids lourds au gaz naturel, 25 à l'électrique et 44 au bio diesel. Surtout, un tiers de son parc de voitures est électrique. « Un véhicule au gaz naturel émet en moyenne 80% d'émissions en moins qu'un véhicule au diesel », indique Romuald Chemin, Directeur technique et achats de GT solutions. À la fin du mois de septembre 2024, GT Solutions a baissé ses émissions de 11%.
En outre, verdir son parc de véhicules devient un atout commercial et permet de rester compétitif. En effet, les transporteurs doivent répondre aux enjeux environnementaux de leurs clients, notamment les grands groupes, plus exigeants à ce sujet.
Réduire ses émissions à quel prix ?
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Les transporteurs rencontrent plusieurs défis dans la transformation de leur parc de véhicules. Tout d'abord, un passage à l'électrique à grande échelle nécessite de revoir son organisation. En effet, les véhicules électriques sont moins polyvalents que ceux roulant au diesel. « Les véhicules électriques disposent de moins d'autonomie », explique le directeur achat. Surtout, ce type de véhicule requiert des infrastructures de recharges, encore insuffisantes en France.
De la même façon, le réseau de distribution d'hydrogène vert n'est pas assez développé pour y convertir l'ensemble de sa flotte. « Il y a tout un écosystème à construire », estime Romuald Chemin. Aussi, le prix d'un véhicule électrique constitue un frein, malgré les subventions : « l'achat d'un poids lourd électrique coûte entre 1,2 et 2 fois plus cher qu'un poids lourd diesel », précise le directeur achat. Concrètement, l'expert estime le prix d'un poids lourd thermique à environ 120000 euros, contre plus de 200000 euros pour un poids lourd électrique.
Une problématique plus récente pour les PME
Toutefois, il faut rappeler que la décarbonation des transporteurs est un projet à long terme, mené depuis une quinzaine d'années par les acteurs les plus importants. A titre d'exemple GT Solutions a reçu ses premiers véhicules décarbonés en 2008. Ainsi, les grandes entreprises avancent au rythme de leur client sur la décarbonation de leurs véhicules. « Notre défi le plus dur est d'inciter les autres acteurs à décarboner sans être trop en avance pour ne pas se heurter à un mur », analyse Romuald Chemin. À l'inverse, ce défi est plus récent pour les petites et moyennes entreprises : « Les PME prennent de plein fouet le sujet de l'électrification », juge le dirigeant.