Saboter son business plan en 10 leçons
Le business plan? Une broutille qui ne vous est utile que pour convaincre des investisseurs potentiels, recruter des associés ou des collaborateurs de haut niveau et anticiper le développement de votre entreprise. Inutile donc d'y consacrer beaucoup de réflexion et d'énergie, n'est-ce pas? Voici les erreurs à commettre si vous souhaitez faire fuir vos partenaires!
Je m'abonneC'est bien connu, en temps de crise, les banquiers et les business angels ont tendance à accepter de financer bien plus de projets qu'en période de prospérité économique! "Ils baissent leur niveau d'exigence et n'hésitent pas à sélectionner des dossiers même mal ficelés tellement ils ont envie de prendre des risques, ironise Henry Ranchon, coauteur de Toutes les clés d'un business plan réussi, aux éditions ESF. Aussi, asseoir son argumentation dans un document de référence est devenu encore plus essentiel qu'auparavant." Voici donc exactement ce qu'il ne faut surtout PAS faire si vous voulez remporter la mise.
Leçon n°1 : rédiger un document qui manque de concret
Pourquoi évoquer son projet auprès d'experts et de clients potentiels? "Pour qu'ils vous apportent des connaissances sur le monde de l'entrepreneuriat et sur le domaine dans lequel vous comptez évoluer", argumente Guilhem Bertholet, auteur de l'e-book Écrire un business plan. Cet ancien patron de l'incubateur HEC conseille d'"attendre d'avoir déjà posé les jalons de son affaire pour entamer un business plan".
Leçon n°2 : copier vos phrases dans un livre
Les copier-coller sont aussi pratiques que rebutants... "Plus c'est technique, froid, banal dans le fond et dans la forme, plus le business plan est repoussant", affirme Guilhem Bertholet, selon qui "les phrases toutes faites, vides de sens et pompeuses sont parfaites également pour démontrer votre absence d'investissement personnel et de respect envers les experts qui vous consacrent du temps". L'idée? Le faire relire par des personnes étrangères à votre projet vous oblige à revoir les passages peu clairs et vous permet de peaufiner votre travail.
Leçon n°3 : écrire un roman fleuve
Malheureusement pour vous, les professionnels à qui vous destinez votre business plan occupent leurs journées avec des activités autres que la lecture de votre document, auquel ils ont prévu de consacrer... au moins cinq généreuses minutes. En effet, ils en reçoivent une quantité astronomique et ne disposent donc pas du temps nécessaire à l'analyse des 50 pages fourre-tout que vous avez concoctées. "La concision, il n'y a rien de tel pour enchanter des gens qui ne manqueront pas de croire alors que vous estimez que leur temps est précieux", garantit Henry Ranchon.
Leçon n°4 : abreuver vos lecteurs de chiffres
30 pages de tableaux Excel sur 50 pages de document au total, voilà de quoi "plomber" la lecture et marquer négativement les esprits! Mentionner vos plans marketing et commercial ainsi que décrire votre équipe prend tout son sens: cela s'avère bien plus parlant quant à la viabilité de votre projet et de votre analyse de la situation actuelle et future que des lignes et des lignes de nombres.
Leçon n°5 : ajouter des graphiques, des images, des tableaux et des annexes
Chassez de votre tête que les visuels, c'est joli et ça remplit. Soit ils décorent les paragraphes car ils ne font que répéter sous une autre forme ce qui est écrit. Soit ils sont si compliqués à comprendre qu'ils laissent le lecteur perplexe ou, mieux, perdu. Ces fioritures ne confèrent pas le sérieux que vous imaginez. À utiliser donc avec parcimonie, en fonction de la pertinence réelle du visuel. Jouer avec le nombre d'annexes (d'ailleurs rarement consultées) n'est pas non plus une bonne idée. Un seul mot d'ordre: concision!
Lire aussi : Intégrer l'IA générative dans son entreprise : une question de technologie ou de culture ?
Leçon n°6 : conserver le même executive summary quel que soit le destinataire
L'executive summary, alias les deux pages introductives, sert à résumer le business plan. Il va permettre au lecteur de décider ou non de poursuivre. "Comme les banquiers, les investisseurs privés, les incubateurs et les jurés d'un concours s'intéressent à des critères différents, prévoir des versions adaptées est indispensable", dixit Guilhem Bertholet.
Leçon n°7 : montrer que vous prendrez l'avenir comme il vient
"Les investisseurs n'apprécient guère les entrepreneurs dilettantes qui préfèrent subir les risques au fur et à mesure plutôt que s'y préparer", résume l'auteur Henry Ranchon. Un business plan qui démontre votre souplesse et votre sens de la flexibilité pour répondre aux aléas du marché, quels qu'ils soient, donne une image flatteuse de vous. Vous serez considéré comme un entrepreneur qui réfléchit à la pérennité de son projet.
Leçon n°8 : être vantard dans ses pronostics
Les investisseurs s'y connaissent dans leur domaine. C'est une évidence. Jamais ils n'oublient de comparer vos estimations de chiffre d'affaires et de point mort avec celles d'entreprises similaires à la vôtre. Ou détecteront en un seul coup d'oeil des prévisions trop optimistes. Inutile donc de survendre votre projet, soyez réaliste. Apprenez à rédiger des scénarios différents basés sur des circonstances peu favorables, moyennement favorables et très favorables.
Leçon n°9 : adopter une mise en page façon "bottin"
Les personnes qui reçoivent votre business plan ne sont pas des êtres à part. Elles n'aiment pas non plus les polices de caractères "fun" comme le Comic Sans MS et le format paysage qui rendent la première approche désagréable et l'entrée dans le fond pénible. Des paragraphes de 30 lignes, non aérés et à l'espacement réduit, ne vont certainement pas les inciter à tourner les pages. En revanche, des phrases en exergue qui facilitent une lecture en diagonale, ça c'est intelligent.
Leçon n°10 : être exhaustif lors de la présentation orale
"Pour commencer, partez du principe que vos interlocuteurs ne maîtrisent pas la technologie ou le secteur dont vous leur parlez ", conseille Guilhem Bertholet. Surtout, n'évoquez pas l'intégralité du contenu de votre business plan. " Sélectionnez plutôt deux ou trois messages forts qui prouvent que vous maîtrisez l'essence de votre projet et son caractère différenciant ", conclut le spécialiste.
Pour aller plus loin
Lisez notre article Rédiger un business plan convaincant
Découvrez deux outils gratuits pour vous aider à monter un business plan