Sites Internet et utilisateurs, côte à côte pour un Internet plus sûr
Accroître la sécurité des transactions effectuées sur les sites e-commerce est devenu un des enjeux majeurs de la toile. Loin de la tendance actuelle de mise en accusation des seuls intermédiaires, ce sont les efforts conjoints des sites de commerce en ligne et des utilisateurs qui permettront d'arriver à cette fin.
Coup de semonce le 23 janvier dernier pour les sites de commerce en ligne : l’un d’entre eux est condamné par la justice française pour avoir laissé plusieurs de ses utilisateurs revendre des produits contrefaits de marques de luxe. eBay devra ainsi s’acquitter d’une amende de 200 000 euros. Même si ce n’est pas la première fois que la plate-forme en ligne américaine est condamnée à ce titre, cette dernière affaire illustre bien une des problématiques actuelles de ce secteur : la responsabilité des commerçants en ligne. Alors que la Commission européenne propose un plan d’action pour doubler le volume de l’e-commerce d’ici 2015, elle souhaite, dans le même temps, accroître la responsabilité des intermédiaires que sont les sites de commerce en ligne.
Soyons clairs, la fraude sur Internet et sur ce type de sites en particulier a toujours existé. Scamming, phishing, cybersquatting… les sites se sont adaptés à ces arnaques et ont mis en place des ripostes appropriées avec des moyens automatiques, notamment la mise en place d’outils de tracking, ou, humains, avec des équipes de modération. Certains sites ont inventé des modèles de transaction qui ne laissent aucune place à la fraude comme Oudormir.com, site de location de vacances entre particuliers. Ici, les locataires déposent une caution et ne versent le montant de leur location aux propriétaires qu’après avoir pris possession de l’appartement loué, annulant de facto toute possibilité de fraude à la carte bancaire.
Mais, quelles sont les évolutions à venir en matière de sécurisation des plates-formes en lignes, des transactions sur Internet ? Le « credit report » ou rapport de solvabilité, très usité aux Etats-Unis, est une pratique dont les sites de commerce en ligne pourraient s’inspirer et décliner en France. Il s’agirait de créer une sorte d’empreinte digitale évolutive d’une personne. Une agence de notation indépendante noterait les transactions d’un individu sur Internet selon des critères de confiance et de solvabilité. Une autre perspective serait de laisser les utilisateurs d’Internet réguler les transactions entre utilisateurs/consommateurs d’un site. En favorisant l’« userwriting » c’est-à-dire en incitant les utilisateurs à donner leur opinion sur ceux avec ils ont été en relation, les sites permettraient à leurs usagers de devenir plus responsables vis-à-vis de leur acte de consommation. Une « social security » verrait alors le jour. C’est que l’utilisateur tient un rôle primordial dans la lutte contre les fraudes sur Internet. Si les sites se doivent de sécuriser leur plate-forme au maximum et de prévenir leurs usagers, les utilisateurs doivent également faire preuve de vigilance et de bon sens. La lutte contre les arnaques doit se faire de concert entre ces deux acteurs ; c’est cette action bipartite qui permettra d’aboutir à un Internet plus sûr. Instaurer une relation triangulaire avec un Etat-gendarme ne résoudrait rien et ne ferait qu’empiéter sur les libertés individuelles, en témoigne l’opposition à la signature du traité ACTA. Dont acte.