Et si la RSE aidait à réduire les coûts financiers?
Le positionnement de Generali (offre promotionnelle pour ses clients performants en RSE) ou l'exemple d'Air Liquide (réduction du coût d'accès au capital via des investisseurs sensibles à la RSE) démontre une évidence : la RSE sert la rentabilité de l'entreprise. Un premir pas qui en augure d'autres.
Les 2500 premières entreprises françaises sont entrées dans un début d’application de l’exigence de reporting des données sociales, environnementales et sociétales demandée par la loi Grenelle 2. Vraisemblablement, celles en dessous des 500 salariés, jusqu’à 300 probablement, complèteront aussi progressivement leur rapport de gestion pour satisfaire leurs grands clients et leurs partenaires, qui veulent « se couvrir » en matière de risque.
Generali et Air Liquide : l’amorce d’un mouvement
Car en effet, cette question de « RSE » (responsabilité sociétale d’entreprise) est d’abord une affaire de gestion de risque. Par une suite de mesures de vigilance, dans ces domaines pressant de la relation à la société civile, les entreprises peuvent éviter des conflits et des contentieux, rendre les normes moins utiles et économiser en amont ce que l’impréparation leur coûte en aval. Le cas le plus intéressant est celui de l’assurance classique : Generali qui s’est très engagé de longue date dans ce sujet, démontre que ses clients performants en RSE ont une sinistralité très inférieure aux autres. Il en a même déduit une offre promotionnelle pour en tirer un produit gagnant-gagnant.
Fin 2012, on a vu aussi une très grande entreprise industrielle (Air Liquide) emprunter sur le marché financier à des conditions plus que favorables, en se focalisant sur des investisseurs attentifs à ces questions de RSE et en affichant des performance de haut niveau. La démonstration d’une réduction du fameux coût d’accès au capital a été très remarquée.
Les acteurs financiers et la transparence induite par la RSE
Le mouvement devrait s’amplifier avec la mise à disposition croissante des acteurs financiers – assureurs, banquiers, fonds d’investissement, partenaires – de ces données RSE qui renseignent au-delà du bilan classique qui a sa fonction et ses limites connues. Cette transparence élargie informe sur la qualité des diligences, l’esprit de prévention, la capacité de négociation d’une entreprise, sur sa connaissance de ses problématiques, sur son attention à son environnement humain et sa volonté de fidéliser ses atouts internes et locaux, plutôt que de subir des pressions qui de mauvaise réputation en procès l’affaiblissent toujours. Si les assureurs sont les premiers à s’en servir, gageons que les banquiers ne passeront pas à côté , ne serait-ce que parce que les entreprises sauront revendiquer « un bon profil RSE » pour négocier leur avantage de fiabilité et de durabilité dans leur gestion.
Quel horizon ?
Il faudrait que ce mouvement sorte des niches spécialisées de l’investissement dit responsable (ISR) pour gagner celui des accords commerciaux privilégiés : je vous prouve que nous sommes plus « sûrs » que d’autres, faites- moi des conditions appropriées…. L’Etat devrait être le premier à montrer l’exemple dans ses conditions d’achat puisqu’il veut encourager une logique de RSE dans les affaires. Les labels devraient aussi servir à cela afin d’apporter une réassurance négociable. Des initiatives sont en gestation dans le BtoB en ce sens (cf. démarche exemplaire de Pacte PME pour passer du suivi du fournisseur au partenariat responsable dans la durée).
Qui disait que la RSE ne rapportait pas ? La croissance doit aussi se chercher dans les zones de gaspillage, de mauvaise gouvernance public-privé, de coûts sociétaux inutiles et de confiance retrouvée sur la chaîne de valeur où nous avons à gagner des ressources importantes, en travaillant mieux ensemble. C’est d’abord cela la RSE.