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L'entrepreneuriat au féminin : entre mythe et réalité
Ces dernières années, l'entrepreneuriat au féminin a été mis en avant afin de pallier le manque de parité dans ce domaine. Qu'en est-il vraiment ? Pourquoi les femmes restent-elles minoritaires à la tête des entreprises ? Explications avec l'étude menée par l'APCE.
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Entrepreneuriat au féminin : la France peut mieux faire
Bien que la France soit 4ème (1) sur 17 pays (après les États-Unis, l'Australie et l'Allemagne) pour son environnement favorable à la création féminine d'entreprises, le taux de création des femmes reste un des moins élevés des pays de l'OCDE. En effet, seulement 4 %(2) des Françaises sont entrepreneures (contre 6 % en Grande-Bretagne, 7 % aux Pays-Bas et 10 % aux États-Unis).
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La création d'entreprises par les femmes en France reste à un niveau insuffisant. Seulement 32 %(3) des créations - y compris des auto-entreprises - sont féminines en 2010. Cela peut paraître étonnant quand on sait que pour 69 % des Françaises, l'entrepreneuriat est considéré comme plus épanouissant que le salariat. La création d'entreprises est, par ailleurs, souvent un moyen d'insertion professionnelle (14 % étaient sans activité professionnelle avant la création d'entreprises contre 7 % des hommes)
Comment expliquer que, dans un environnement aussi favorable à la création féminine, les femmes entrepreneures restent minoritaires ?
(1) Global Entrepreneurship and Development Institute dans Dell Women's Entrepreneur Network, The Gender Global Entrepreneurship and Development Institute (GEDI), Gender-GEDI Executive Report (2013)
(2) Global Entrepreneurship Monitor, 2012 Women's report (2012)
(3) APCE, Les créatrices d'entreprise (2014)
Financement, qu'en est-il réellement ?
En réalité, il existe très peu de différences entre les hommes et les femmes en matière de modes de financement des projets. Hors le statut particulier d'auto-entrepreneur, 48 % des femmes financent leur projet sur leurs ressources propres (contre 51 % des hommes), 45 % ont accès à un prêt (contre 42 % des hommes) et 10 % utilisent une avance remboursable ou un prêt d'honneur (contre 8 % des hommes). (1) Cependant, il n'existe pas de statistiques mettant en parallèle le taux de projets féminins avortés faute de financement pas rapport à celui de projets masculins.
(1) APCE, Les créatrices d'entreprises (2014)
Et la pérennité ?
Les femmes semblent moins investir que les hommes (63 % contre 71 %) et emploient moins de salariés. Une femme entrepreneure emploie 2,3 salariés contre 2,7 pour un homme. (1)
Malgré ces deux éléments, le genre n'est pas un facteur discriminant quant au développement de l'entreprise innovante. On constate d'ailleurs que les entreprises créées par les femmes sont tout autant pérennes que celles créées par des hommes avec 65 % toujours en activité trois ans après la création contre 66 %.(2)
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(1) Enquête SINE 2009 de l'Insee, 2ème interrogation de la génération 2006.
(2) Dares, La répartition des hommes et des femmes par métiers, Dares analyses (2013)
L'appréhension, frein numéro 1de la création féminine
Les femmes manifestent plus souvent leur peur d'échouer (36 % contre 28 % des hommes dans les entreprises innovantes). Elles craignent également de ne pas être à la hauteur, car elles ne pensent pas avoir les compétences suffisantes (29 % contre 16 %).(1) On remarque en effet qu'elles ont davantage davantage recours à l'accompagnement durant le montage de leur projet, leurs projets sont en général moins ambitieux avec un capital de départ plus faible et une taille d'entreprise moins importante.
Les freins subjectifs plus souvent exprimés par les femmes que par les hommes sont : un manque de compétences, des responsabilités trop grandes, un investissement trop important, le manque de temps.
(1) BPI France - Le Lab, 10 ans de création d'entreprises innovantes en France : La création au féminin (2014)
La société, coupable ?
Cette appréhension est, en grande partie, liée à l'intériorisation des qualités entrepreneuriales comme des attributs essentiellement masculins. Cela est notamment dû à l'environnement social direct de la créatrice et à la société. Les stéréotypes et croyances régissent la vie des femmes et s'imposent également dans leur démarche entrepreneurial. Pourtant, au regard de leur niveau de formation et de leurs compétences, ces craintes ne sont pas fondées. Pour changer cet état de fait, il est nécessaire que les mentalités dans ce domaine évoluent au sein de toute la société.
Il est intéressant d'observer la présence de créations féminines par secteurs. On retrouve ainsi les entrepreneures dans la santé (63 %), l'enseignement (42 %) et les services en direction des personnes (55 %) alors qu'elles restent minoritaires dans la construction (6 %), le commerce et la réparation automobile (10 %) et le transport (17 %). (1)
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(1) Dares, La répartition des hommes et des femmes par métiers, Dares analyses (2013)
Que doit-on faire ?
Il y a un réel enjeu économique et social de l'entrepreneuriat féminin qui nécessite donc un véritable bouleversement des mentalités. Il faut créer un environnement de confiance qui permette aux femmes de ne plus douter de leurs compétences.
Le gouvernement, qui souhaite faire progresser de 10 points le taux de femmes entrepreneures en France pour atteindre d'ici 2017 40 % de créatrices, a ainsi lancé, en août 2013, le plan d'action national "Entreprendre au féminin, des opportunités pour elles, une clé pour la compétitivité et l'emploi"(1). Il s'articule autour de 3 axes : sensibiliser, orienter et informer; renforcer l'accompagnement des créatrices et faciliter l'accès des créatrices au financement. On a pu voir plusieurs actions se mettre en place comme le lancement du site www.ellesentreprennent.fr, la pérennisation de la semaine de sensibilisation à l'entrepreneuriat féminin dans les écoles et universités ou encore le renforcement des moyens du Fonds de garantie à l'initiative des femmes (FGIF) pour faciliter l'accès au financement.
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(1) Ministère des Droits des femmes, de la Ville et de la Jeunesse et des Sports, Donner aux femmes toute leur place dans l'économie, Dossier de presse à l'occasion du sommet mondial des femmes des 5,6 et 7 juin 2014 (2014).
Méthodologie
L'APCE a réunit des informations à propos des spécificités de la création d'entreprises au féminin à partir des documents suivants :
- APCE, Les créatrices d'entreprise (2014)
- APCE, Les Françaises et la création d'entreprises (2012)
- BERNARD Claire, LE MOIGN Caroline, NICOLAI Jean-Paul, L'entrepreneuriat féminin - Document d'étape, Centre d'analyse stratégique (2013)
- BPI France - Le Lab, 10 ans de création d'entreprises innovantes en France : La création au féminin (2014)
- Rapports d'activité annuels (2012 ou 2013) d'Initiative France, des Boutiques de gestion, de l'Adie, de France Active et de l'Union des couveuses.
- Mediaprism pour le Laboratoire de l'Egalité, Perception et vécu de l'entrepreneuriat regards croisés hommes et femmes (2012)
- DARES, La répartition des hommes et des femmes par métiers, Dares analyses (2013)
- Enquête SINE 2009 de l'Insee, 2ème interrogation de la génération 2006
- Ministère des Droits des femmes, de la Ville et de la Jeunesse et des Sports, Donner aux femmes toute leur place dans l'économie, Dossier de presse à l'occasion du sommet mondial des femmes des 5, 6 et 7 juin 2014 (2014)
- Global Entrepreneurship and Development Institute and Dell Women's Entrepreneur Network, The Gender Global Entrepreneurship and Development Institute (GEDI), Gender - GEDI Executive Report (2013)
- Global Entrepreneurchip Monitor, 2012 Women's report (2012)
L'APCE a également créé une infographie recoupant ces informations.
