Jean-François Roubaud (CGPME) : « Je fais confiance à Fleur Pellerin pour avoir à cœur de défendre les PME »
Au lendemain de la composition du nouveau gouvernement français, Jean-François Roubaud, président de la CGPME, nous livre ses premières impressions et ses souhaits. Interview.
Je m'abonneQuelles sont vos premières impressions sur le gouvernement de Jean-Marc Ayrault ?
Jean-François Roubaud, président de la CGPME : Ma première réaction est la satisfaction. Je souhaitais la création d'un ministère dédié aux TPE et PME, qui historiquement dépendaient d'un simple secrétariat d'État. Aujourd'hui, on a un ministre délégué en charge des PME, de l'innovation et de l'économie numérique en la personne de Fleur Pellerin et un autre en charge de l'Artisanat, du Commerce et du Tourisme avec Sylvia Pinel. Cela me paraît être une bonne chose. Et surtout cela prouve à mon sens que la dimension PME, qui semblait être importante pour le candidat Hollande pendant la campagne électorale, l'est effectivement.
Quant aux ministres nommés, qu'en pensez-vous ? Notamment de Fleur Pellerin qui est une novice en politique ?
J.-F. R. : Je connais déjà un certain nombre de ministres, notamment le premier ministre Jean-Marc Ayrault et Michel Sapin, ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social. En revanche, je ne connais pas Fleur Pellerin. Mais dès que possible, dans les prochaines semaines1, je vais rencontrer les différents membres du gouvernement et notamment Fleur Pellerin. Je n'ai aucun a priori sur cette jeune femme qui a un parcours brillant. Je lui fais confiance pour comprendre les problématiques de nos petites entreprises et pour avoir à cœur de défendre nos PME.
Que pensez-vous de la dénomination du ministère d'Arnaud Montebourg, intitulé Redressement productif ?
J.-F. R. : C'est effectivement une dénomination un peu étrange. Mais ce qui m'inquiète plus, c'est la nomination d'Arnaud Montebourg à ce ministère. Il a fait de la démondialisation sa carte maîtresse durant les primaires socialistes. Et je ne vois pas comment la démondialisation pourrait servir la France. Maintenant, il peut arriver que des idées défendues soient simplement électoralistes...
Associer PME, innovation et économie numérique dans un même ministère, une bonne idée ?
J.-F. R. : Je l'ai toujours dit, la croissance des entreprises passe par l'innovation et le développement à l'international. Donc, oui, c'est une bonne idée d'associer PME et innovation. D'ailleurs, la CGPME milite depuis longtemps pour la création d'un Crédit d'impôt innovation, plus adapté aux TPE que le Crédit d'impôt recherche. Enfin, c'est une bonne chose de faire de l'économie numérique une priorité.
En revanche, dissocier les PME des artisans et des commerçants en les confiant à deux ministres différents, cela vous paraît logique ?
J.-F. R. : Là encore, je trouve que cela démontre de l'intérêt de ce gouvernement pour les petites entreprises. Les attentes des PME et des artisans et des commerçants ne sont pas forcément toujours les mêmes. Avoir un ministre dédié pour chaque population sera plus efficace. Seule difficulté : maintenant j'ai deux interlocuteurs au lieu d'un ! Deux fois plus de réunions à caler !
J.-F. R. : Avec Cap France 2012, la CGPME a listé 40 mesures qui permettraient de rendre plus favorable l’environnement des PME. Ces mesures me paraissent essentielles. J'ai notamment alerté François Hollande sur la nécessité de la stabilité du cadre réglementaire pour les PME. Il me l'a certifiée. Nous avons certes des points de désaccord comme le coup de pouce au Smic et le retour de la retraite à 60 ans. Mais d'autres propositions sont intéressantes comme la baisse de l'impôt sur les sociétés pour les TPE et PME. Ne partons pas avec des a priori, attendons la suite des événements pour juger.
1 Jean-François Roubaud a rencontré, le 21 mai au matin (après l'interview qui a été réalisé le vendredi 18 mai), Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, accompagné de Sylvia Pinel, ministre déléguée à l'Artisanat, au Commerce et au Tourisme et de Fleur Pellerin, ministre déléguée aux PME, à l'Innovation et à l'Économie numérique. Le président de la Confédération des PME a fait le point sur la situation des TPE / PME en soulignant la fragilité d'un grand nombre d'entre elles. Il a insisté tout particulièrement sur la nécessité de ne pas renchérir le coût du travail au travers notamment d'une augmentation du Smic ou du coût des heures supplémentaires. Il a suggéré des pistes pour dynamiser et sécuriser le commerce de proximité, accompagner les PME à l'export et pour favoriser l'innovation. Le rééquilibrage des relations donneurs d'ordres / sous-traitants, la réactivation de la provision pour fluctuation du prix des matières premières ainsi que l'instauration d'un taux réduit d'IS pour les résultats remontés aux fonds propres ont également été abordés lors de cette première rencontre jugée conviviale et constructive par Jean-François Roubaud au cours de laquelle il a été convenu d’accentuer la dynamique de simplifications administratives déjà engagée.