Comment la start-up Skylights a séduit 800 investisseurs
Deux mois après avoir intégré le prestigieux incubateur californien Y Combinator, David Dicko, le cofondateur de la start-up Skylights, se retrouve à pitcher devant 800 investisseurs, tous plus prisés les uns que les autres. Retour sur cette folle aventure.
Je m'abonneIl y a des miracles qui ne peuvent survenir que dans la Silicon Valley, berceau de l'innovation high-tech. Ceci n'est pas un mythe. Sinon, comment expliquer que, deux mois à peine avoir intégré Y Combinator, le Harvard des incubateurs, nous nous retrouvons devant 800 investisseurs lors d'un show digne d'un plateau TV ou d'un TED Talk?
Immersion
Petit retour en arrière. En 2015, je rencontre Florent. Lui a une idée un peu folle: utiliser des lunettes pour projeter l'utilisateur dans un autre monde. Oculus venait de lancer son premier prototype, et la réalité virtuelle faisait soudainement son apparition sur le devant de la scène. Moi, j'étais pilote d'avion. Assez rapidement, nous élaborons une solution de divertissement inédite à bord des avions: les passagers, casque sur la tête, se trouvent littéralement propulsés dans leur film préféré, projeté en 2D et 3D, en totale immersion. Nous fabriquons nous-mêmes nos casques, et travaillons en partenariat avec les studios de Hollywood.
Face au succès de notre casque, nous devons rapidement accélérer la production. Et donc partir à la recherche d'investisseurs, un processus souvent long et laborieux en France, et plus généralement en Europe... Mais pas en Californie! Fin juin 2016, nous voici parmi les rares entreprises françaises admises dans l'incubateur star de la Silicon Valley, dans les murs duquel Airbnb et Dropbox ont commencé leur aventure! Une société quasi secrète. L'adresse est à peine indiquée, le bâtiment très neutre... Un comble au pays de la voiture autonome et des campus Google, Apple et Facebook!
Marathon
On s'attend à un environnement feutré et climatisé. Pas du tout, on nous explique que les réunions seront courtes, mais intenses. Le reste du temps: au boulot avec les utilisateurs! En effet, durant les quelques semaines passées ensemble, nous devons rassembler des chiffres, tester avec des passagers, et trouver les preuves que les utilisateurs ont besoin de notre produit... Bref, "make something that people want". Les réunions sont réellement courtes, sans détail ou excuse. Elles n'ont qu'un unique but: être prêts pour le "demo day". Ce dernier consistant en un pitch de 2 minutes 30, le discours se doit d'être percutant pour que les... 800 investisseurs vous "likent". C'est un Facebook de l'investissement. Un "like" peut valoir entre 10000 et un million de dollars, voire plus.
La préparation du pitch durera une semaine complète - week-end compris -, à écrire le script, répéter avec le chronomètre, pitcher devant les partenaires YC, se faire critiquer, modifier le script et recommencer... Décidément, un show à l'américaine n'a rien d'improvisé?! Le jour J, nous sommes prêts, à 2 minutes 29, avec les pauses et l'intonation. À la première image, celle des passagers portant nos lunettes, je vois les têtes des 800 investisseurs qui se lèvent. C'est gagné! Le soir même, le nombre de like ne fait qu'augmenter. Un article dans TechCrunch nous propulse dans le top 7. Le nombre de message est impressionnant. Il faut maintenant rencontrer tous ces investisseurs... C'est aussi le début d'une nouvelle ère pour le lancement du produit aux États-Unis.
L'auteur
David Dicko, pilote de ligne, crée, en août 2014, SkyLights, start-up de cinq salariés concevant et fabriquant des casques immersifs de réalité augmentée.