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L'industrie doit redevenir un parcours d'excellence

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L'industrie doit redevenir un parcours d'excellence

La semaine de l'industrie arrive à grands pas, avec des ouvertures de sites industriels toujours plus nombreux pour transformer l'image de l'industrie auprès du grand public.

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Alors que la dynamique de réindustrialisation est engagée, la bataille culturelle se poursuit à grand renfort d'événements "disruptifs" pour toucher en particulier les jeunes enfants, collégiens et lycéens. L'objectif : s'émerveiller devant l'acte de produire, se rassurer sur les conditions de travail au sein de l'usine, s'identifier aux histoires de vie des femmes et des hommes de l'industrie.

Une réputation difficile à renverser

Mais ces efforts ne sont pas suffisants. Les anecdotes persistent, entendues dans le cercle familial ou à l'école dès le plus jeune âge : "Si tu travailles mal, tu finiras à l'usine". "Ne fais pas le même métier que papa ; les usines, ça pollue". L'industrie a changé de visage, mais l'inconscient collectif met du temps. Car il ne suffit pas de mettre des étoiles dans les yeux des jeunes pour convaincre leurs professeurs ou leurs parents. Pour cela, l'industrie doit redevenir un parcours d'excellence.

Un parcours d'excellence, c'est un parcours difficile pour lequel il faut - justement - travailler dur. Ne rentre pas dans l'industrie qui veut ; il faut manier des compétences techniques mais aussi d'excellentes capacités d'adaptation et de collaboration particulière pour naviguer entre des équipes techniques, R&D, management et parties prenantes. C'est ce que l'on demande aux fondateurs des start-up industrielles, de 25 à 80 ans : une créativité permettant de sortir du cadre actuel, une maîtrise poussée des techniques d'innovation et une capacité à gérer des équipes diverses, de la recherche fondamentale à la commercialisation. Ainsi, l'entreprise Naarea - qui produit des micro centrales nucléaires de 4e génération, 300 collaborateurs - révolutionne la filière avec une double innovation technologique (neutrons liquides) et de modèle économique. Les fondateurs naviguent quotidiennement entre des problématiques techniques, réglementaires et commerciales.

De même, l'entreprise Inalve - micro-algues pour l'alimentation animale et humaine, 40 collaborateurs - réinvente le modèle industriel et agricole de la culture d'algues en coordonnant un nombre important de parties prenantes locales : élus du territoire pour construire ses premières serres, représentants agricoles et experts industriels.

L'excellence, ce sont aussi des "role model". Et il ne s'agit pas toujours de parcours exceptionnels de grands patrons (Airbus, Saint-Gobain ou Siemens) ou de startupers qui changent le monde ; ce sont aussi des histoires de managers à succès, de femmes et hommes qui choisissent de faire carrière dans le milieu industriel pour vivre une vie intéressante, confortable, engagée. Des carrières de middle management de l'industrie qui font basculer les représentations des parents et les enseignants avec des parcours accessibles, rassurants, de territoire.

Le rôle des écoles et de l'enseigement

Alors comment faire pour accélérer le chemin vers l'excellence ? En embarquant l'enseignement secondaire et supérieur, car nos représentations se cristallisent sur les bancs de l'école.

Commençons par le supérieur : les universités et écoles de commerce, partout en France, doivent se réapproprier les cours et les cas d'études issus du monde de l'industrie. Dans les grandes écoles, les parcours fléchés "industrie" doivent exister et devenir attractifs. "On ne m'a jamais parlé d'industrie à l'ESSEC ! (grande école de commerce)", clame Carine Guillaud, fondatrice de Relocalisations.fr. En particulier, les écoles de commerce accélèrent la féminisation des équipes managériales et apportent un état d'esprit d'ouverture au coeur d'un monde industriel qui vivait encore récemment "heureux et caché". En 2018, les femmes représentaient moins de 30% des étudiants en école d'ingénieur contre près de 50% en école de commerce. Ainsi, à partir de novembre prochain, l'ESSEC Business School lance un nouveau Club d'anciens élèves dédié à l'industrie, qui permettra d'inviter les étudiants et jeunes diplômés à tester l'industrie dès leurs premiers stages ou CDI.

Concernant le collège et les lycées, les outils de communication et de formation existent - depuis les stages de 3e jusqu'aux événements destinés aux jeunes et à leur famille. En 2023 à Lyon, l'événement Viva Fabrica a fait venir plus de 7000 jeunes. Des dispositifs variés voient le jour : itinérants, comme la mini-usine connectée FactoViaOne qui s'installe en 15 minutes dans une médiathèque, ou dans des lieux fixes comme l'Usine Ephémère à Tremblay en France qui accueille les scolaires et le grand public pour des parcours expérientiels et des escape games. L'objectif : les déployer massivement. Le lien à l'éducation nationale est un gage de réussite, comme le montre l'expérience de Viva Fabrica en lien avec les collèges du territoire. Mais également avec les collectivités locales, qui assurent ce lien avec les établissements d'enseignement, comme le Grand Châlons qui a accueilli le 21 septembre dernier la première édition de Viva Factory. En Seine et Marne, le Conseil départemental investigue les actions possibles pour rapprocher l'industrie et les collégiens en s'appuyant sur sa compétence légale qui inclut la gestion des collèges.

Les bonnes initiatives des passionnés de l'industrie ont besoin d'un coup d'accélérateur pour toucher, vite, le plus de jeunes et de familles possibles. Les étoiles dans les yeux ne suffiront pas à faire basculer des représentations ancrées dans notre imaginaire depuis des décennies ; il faut remettre l'industrie au rang des réussites. Les grandes écoles, universités et collectivités territoriales ont un rôle déterminant qu'elles doivent endosser. Sans tarder.


Virginie Saks est associée du cabinet d'expertise Compagnum sur la réindustrialisation et les stratégies de gouvernance industrielles et territoriales. Virginie est anciennement industrielle dans la métallurgie et l'aéronautique. Elle est aussi auteure et conférencière sur l'industrie ; elle préside le Club Industrie des alumni de l'ESSEC et mène avec l'ESSEC un projet de Chaire Deeptech et Industrie du futur, pour sensibiliser les jeunes étudiants et diplômés des écoles de commerce.


 
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