Un patron de PME ne gagne pas plus qu'un cadre moyen
Une enquête de la CGPME et de l'Insee lève le voile sur les rémunérations des dirigeants de PME en France. Ceux-ci sont aux antipodes des revenus pharaoniques des stars du Cac 40.
Je m'abonneHalte aux préjugés: les dirigeants ne roulent pas sur l'or, a fortiori quand leur affaire est de petite taille. L'enquête réalisée, en décembre dernier, par l'Insee, pour la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), lève le voile sur la rémunération perçue par 170 000 dirigeants d'entreprises de moins de 250 salariés, en 2003 et 2004. Tous ont un statut de dirigeants-salariés. Et leurs revenus sont somme toute modestes: ils ont perçu, en 2004, un revenu net de 47 681 euros, soit un peu moins de 4 000 euros sur douze mois. Un niveau de salaire qui devance tout juste celui du >cadre, dont le revenu net moyen atteint 3 500 euros par mois, d'après l'Insee. D'autant que d'une entreprise à l'autre, des différences se font jour. Ainsi, le patron d'une affaire de moins de 20 salariés perçoit environ 38 000 euros par an (soit 3 160 euros par mois), tandis que celui qui dirige une société de 20 à 49 collaborateurs gagne presque le double (69 000 euros). Entre 2003 et 2004, leur rémunération n'a progressé que de 2,5%, soit 0,5% de plus que l'inflation. Pire: certains chefs d'entreprise poussent le sacrifice jusqu'à baisser leur rémunération d'une année sur l'autre, quand le business est difficile.
Un niveau de rémunération étonnamment modeste? «Cette enquête montre que les patrons de PME ont les pieds sur terre, commente Jean- François Roubaud, le président de la CGPME. Ils ne songent qu'au développement de leur entreprise, qui ne doit pas être mis en péril par des niveaux de salaire démesurés.» Le porte-parole de la CGPME a appelé de ses voeux une revalorisation des revenus des «petits» patrons. «Compte tenu des risques pris par les chefs d'entreprise, ces niveaux de salaire me semblent nettement insuffisants», a-t-il déclaré. Pour autant, la véritable rémunération du chef d'entreprise est ailleurs. «C'est au moment de céder son entreprise que le dirigeant peut récolter les fruits de ses efforts», a rappelé le patron de l'organisation syndicale.
Reste qu'avec de telles rétributions, les patrons de PME sont aux antipodes des stars du Cac 40, dont les rémunérations atteignent des sommets vertigineux, soit 4,8 millions d'euros de revenus annuels moyens pour les dirigeants des quarante premières valeurs boursières de la Bourse de Paris, d'après une enquête menée, en décembre dernier, par la société de conseil en investissement Proxinvest.