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Un caractère trempé dans le verre

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A la tête de l'entreprise familiale depuis plus de dix ans, Anne Lechaczynski met toute son énergie au service de la tradition artisanale et consacre son temps libre à défendre les métiers d'art et le tourisme. Parcours d'une femme engagée sur tous les fronts.

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Une entreprise ne peut stagner. Ou elle évolue, ou elle meurt. » Anne Lechaczynski, 48 ans, présidente de la Verrerie de Biot, spécialisée dans le verre dit «bullé», met son credo en pratique au quotidien. Quand elle n'est pas dans son showroom ou à l'atelier des souffleurs de verre, elle est à l'étranger: « Voyager permet de prendre du recul, de voir autre chose que la France et, finalement, de mieux apprécier ses atouts exceptionnels. »

L'expérience américaine

Sa carrière commence d'ailleurs par un long voyage. A 24 ans, diplômée de l'Institut supérieur de gestion, elle s'envole pour les Etats-Unis et crée Biot Inc, société de distribution américaine de la verrerie, à New York. Pendant neuf ans, elle sillonnera les Etats où sont installés les 18 magasins de décoration du partenaire distributeur de l'entreprise, passant près de trois semaines dans chacun. Pourquoi les Etats-Unis? « A l'époque, la Côte d'Azur attirait de nombreux touristes américains grâce aux stars d'Hollywood, qui venaient à Cannes pour le festival. Ces touristes prenaient le temps de découvrir la région, notamment Biot, et rapportaient, par la même occasion, nos productions dans leurs valises. Nous avons compris qu'il fallait jouer cette carte de la complémentarité entre tourisme et métiers d'art. » De retour à Biot, fin 1996, Anne Lechaczynski fait le difficile apprentissage du management «à la française» (lire encadré p. 78). L'adaptation réalisée et la confiance installée, elle devient, en 2000, présidente de la verrerie. Son frère, Serge, en est nommé directeur général. Mais les décisions restent collégiales, prises «avec les parents, qui sont la mémoire de l'entreprise et permettent d'éviter de refaire les mêmes erreurs », confie-t-elle.

Anne Lechaczynski met à profit son expérience américaine pour moderniser la verrerie, renforcer l'outil informatique, revoir la gestion et le commercial, sans toucher ni à la production, qui demeure artisanale (70% est réalisée sur place, le reste est sous-traité), ni au design, dont elle s'occupe. Sans formation dans ce domaine et ne sachant pas souffler le verre - ce qui nécessite un apprentissage d'une dizaine d'années -, Anne Lechaczynski est pourtant capable de discuter d'égal à égal avec un verrier et de lui expliquer ce qu'elle souhaite. «Je connais toutes les techniques du verre. J'avais dix ans, lorsque mon père a racheté l'entreprise, en 1973, et j'ai passé de nombreux étés à travailler aux côtés de mes parents. Quant à l'inspiration, elle me vient des voyages à l'étranger, que j'effectue souvent à l'occasion de salons ou avec des groupements de chefs d'entreprise. Je lis aussi des magazines féminins ou de décoration, pour humer l'air du temps. »

Promouvoir l'art de vivre à la française

En 2006, Anne Lechaczynski décide de lancer une campagne publicitaire pour rafraîchir l'image de la verrerie, qui fête ses 50 ans d'existence. Ses efforts sont couronnés de succès puisque la verrerie accueille aujourd'hui près de 700000 visiteurs par an. «Mais pour qu'une entreprise progresse, il faut aussi qu'elle évolue dans un environnement économique favorable», estime Anne Lechaczynski.

C'est pourquoi elle milite au sein de nombreuses associations professionnelles: elle est trésorière de la Maison des artistes et métiers d'art de Biot, vice-présidente et déléguée départementale de la Fédération du luxe et des métiers d'art, membre du comité de pilotage du Forum azuréen du tourisme, vice-présidente de l'UPE (Union pour l'entreprise) des AlpesMaritimes, etc.

Seules quelques distinctions laissent entrevoir des occupations plus hédonistes. Elle est membre, depuis 2003, d'une association des partenaires de l'orchestre régional Cannes Paca et a été intronisée, en 2006, «Chevalier du Pissalat» (le condiment qui a donné son nom à la pissaladière, spécialité niçoise) et «Dame du Vin et de la Table».

Tous ces engagements témoignent d'une volonté de promouvoir, par le biais du tourisme et des métiers d'art, l'art de vivre à la française (lire encadré ci-dessus). Dans ce cadre, la verrerie s'est dotée, d'un restaurant, d'un écomusée, d'une boutique de souvenirs et d'une Galerie internationale du verre. L'objectif est aussi que Biot soit définitivement, comme le dit Anne Lechaczynski, «le plus beau village du monde ».

THIERRY PUECH

redaction@chefdentreprise.com

Anne Lechaczynski et quelques créations en verre «bullé», marque de fabrique de la Verrerie de Biot.

Anne Lechaczynski et quelques créations en verre «bullé», marque de fabrique de la Verrerie de Biot.

Ses premières fois

Votre première expérience managériale?
« De retour à Biot en 1997, après dix ans passés aux Etats-Unis à travailler avec des partenaires commerciaux indépendants, il m'a fallu apprendre à diriger des salariés. Ma mère m'a beaucoup aidée car ce fut, pour moi, le choc des cultures. J'avais pris des habitudes de management ncompatibles avec la façon de travailler en France. »
Votre première création à la verrerie?
« La ligne Arlequin. Elle m'a été inspirée par l'ambiance festive du carnaval de Nice. Les pépites de couleur insérées dans le verre sont une évocation des cotillons. Cette ligne, réduite à cinq pièces (trois verres à pied, un gobelet et un pichet) et d'aspect moderne, a beaucoup plu. C'est d'ailleurs toujours un classique de notre gamme. »

SES PROCHAINES FOIS

Votre prochain challenge?
« Réussir à concilier tradition (le travail du verre) et modernité, notamment des supports de promotion. J'aimerais ainsi améliorer le référencement de notre site internet pour faire décoller les ventes de la boutique en ligne. Je réfléchis aussi à la manière d'assurer la visibilité de la verrerie sur les réseaux sociaux et à la conception d'une newsletter. »
Votre prochain combat?
« C'est plutôt un combat permanent. Je milite pour faire reconnaître le tourisme, si important en Côte d'Azur, comme une industrie à part entière et une des toutes premières du pays. C'est un secteur qui génère des emplois non délocalisables et qui devrait, à ce titre, être intégré dans la balance commerciale française.»

BIO EXPRESS

1963
Naissance à Mazingarbe (Pas-de-Calais)
1986
Diplômée de l'Institut supérieur de gestion, Paris
1987
Création de Biot Inc, société de distribution américaine de la Verrerie de Biot
1997
Retour en France, dans l'entreprise familiale
2000
Devient présidente du conseil d'administration de la Verrerie de Biot
2007
Nommée Conseiller du Commerce extérieur de la France
2008
Décorée des insignes de Chevalier de l'Ordre national du Mérite
2011
Faite Chevalier de l'ordre de la Légion d'Honneur

 
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