Trois méthodes pour sécuriser vos locaux
Sécuriser les biens et les personnes sans se montrer trop intrusif vis-à-vis des salariés, tout en maîtrisant les coûts, tel est l'enjeu. Vidéosurveillance, télésurveillance, gardiennage, comment choisir?
Je m'abonneSécuriser les locaux de son entreprise est une nécessité. Pour revoir à la baisse un contrat d'assurance, éviter les vols ou l'espionnage industriel, la vidéosurveillance, la télésurveillance ou encore le gardiennage peuvent être envisagés. Pour autant, en matière de surveillance et de vidéo, il faut agir avec discernement. En effet, la vidéosurveillance est encadrée légalement. C'est la loi n°95-73 du 21 janvier 1995 relative à la sécurité (modifiée par la loi du 23 janvier 2006), son décret d'application n°96-926 du 17 octobre 1996 (modifié par le décret du 28 juillet 2006) et une circulaire du ministère de l'Intérieur du 22 octobre 1996 qui définissent les contours de la vidéosurveillance au sein d'une entreprise. Un cadre par ailleurs restreint par la loi informatique et libertés (loi n°78-17 du 6 janvier 1978) qui oblige les sociétés à effectuer une déclaration détaillée auprès de la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés). Quelques principes simples doivent être admis. Le premier d'entre eux, c'est la transparence. Les zones surveillées doivent être identifiées et signalées afin que les salariés connaissent, à l'aide d'un panneau, l'existence du dispositif. Le nom du destinataire des images captées et enregistrées doit être indiqué et les modalités d'exercice de leur droit d'accès doivent être rappelées. Dans le cas où les salariés sont représentés par un comité d'entreprise, l'article L 431-5 du Code du travail prévoit les modalités d'informations à transmettre par voie écrite. L'avis émis par le comité d'entreprise n'est que consultatif, mais l'employeur doit décrire l'ensemble du dispositif. Le second principe, c'est la proportionnalité. La loi informatique et libertés prévoit que la visualisation des images soit limitée à quelques personnes habilitées et que celles-ci ne puissent être conservées plus d'un mois.
De la vidéosurveillance, pouvant être rapidement mise en place et permettant une sécurité à la carte, au gardiennage physique, souvent très dissuasif, en passant par la télésurveillance (qui permet de déléguer à des tiers la vigilance sur les biens de l'entreprise en l'absence d'un responsable de la sécurité), l'éventail des possibilités est vaste. Et fonction de vos besoins.
1. SOLUTION INTEGREE
A MINIMA: LA VIDEOSURVEILLANCE
La vidéosurveillance via des caméras IP est à la portée de n'importe quelle PME. Quelques milliers d'euros suffi sent pour couvrir des centaines de mètres carrés de locaux.
Le principal attrait de la vidéosurveillance? Son faible coût. Le développement des technologies IP et du wi-fi permet d'assurer une vidéosurveillance pour un budget d'environ 200 à 300 euros HT par caméra. Lorsque l'entreprise possède un site unique, une à deux caméras peuvent suffire. L'enregistrement s'effectue alors sur un ordinateur classique ou sur des serveurs hébergés chez un prestataire moyennant une redevance mensuelle de quelques dizaines d'euros HT. Si les locaux sont plus étendus, l'enregistrement des images captées peut être réalisé in situ, sur un disque dur à très grande capacité. Comptez alors entre 500 et 750 euros HT supplémentaires. Enfin, quand l'entreprise s'étend sur plusieurs sites distants, l'enregistrement peut s'effectuer sur place ou sur un serveur extérieur. Les différents acteurs du marché (D-Link, Axis Communication, Logitech, etc.) proposent une très vaste gamme d'équipements. Néanmoins, mieux vaut s'en remettre à un installateur professionnel qui pourra vous proposer des solutions adaptées.
Cerner vos besoins. Multiplier les caméras lorsque personne n'est face à l'écran pour les contrôler est vain. La première étape consiste donc à sécuriser les ouvrants. Dans ce cas, orientez-vous vers des caméras dotées de capteurs de mouvement, qui n'enregistrent des images que lorsqu'elles sont activées par le passage d'un être humain. La PME Banque magnétique, grossiste spécialisé en périphériques informatiques, a mis en place un double système pour son entrepôt de stockage et ses bureaux, soit 17 000 m2 à sécuriser. Chaque porte est dotée d'un dispositif anti-intrusion qui active les caméras à chaque détection. Le dispositif est en outre couplé à un agent de télésurveillance, ce qui permet d'effectuer une levée de doute. Si une anomalie est détectée, le responsable de la sécurité est alerté et peut accéder aux images, soit sur son ordinateur, soit sur son mobile. Après avoir installé une trentaine de caméras IP pour un coût compris entre 15 000 et 17 000 euros HT, l'établissement a demandé à un officier de la police judiciaire de s'assurer de la conformité du dispositif d'un point de vue légal: « Nous voulions être certain de la recevabilité de nos preuves, au cas où », commente Claude Watremez, responsable des services généraux et de la sécurité chez Banque magnétique. Après déclaration auprès de la Cnil, une présentation détaillée aux représentants syndicaux et aux salariés est effectuée. « Il faut éviter tout quiproquo et remporter l'adhésion des collaborateurs, naturellement rétifs à l'idée de la vidéosurveillance. Aujourd'hui ce sont eux qui nous sollicitent pour accéder à la vidéo, mais nous refusons tout usage abusif des moyens dont nous disposons », précise Claude Watremez.
A SAVOIR
Big Brother: quels sont les risques?
Toute image captée hors du cadre de la loi est irrecevable en cas de procédure. Ainsi, si vous justifiez de l'indélicatesse d'un salarié à l'aide d'une caméra non déclarée, la justice ne pourra considérer cette preuve. Par ailleurs, vous vous exposez à des sanctions: un an de prison et une amende de 45 000 euros dans le cas d'une atteinte volontaire à la vie privée d'autrui.
2. SOLUTION SEMI-EXTERNALISEE
LA TELESURVEILLANCE: UN COMPROMIS JUDICIEUX
La télésurveillance permet de se doter d'équipements de détection d'intrusion et de vidéosurveillance, en confiant à un partenaire agréé la mission de surveiller les locaux de l'entreprise afin d'avoir toujours la réaction adaptée.
A la différence de la vidéosurveillance, avec la télésurveillance c'est un prestataire qui assure la surveillance de l'établissement à distance. Au-delà de son aspect dissuasif, la télésurveillance est un moyen efficace pour réagir en cas de tentatives de cambriolage et de débuts d'incendie.
Sur le papier, c'est assez simple. La société de veille se déplace et réalise, avec le chef d'entreprise, une étude approfondie des besoins. Une fois le cahier des charges établi, elle se charge de la mise en place des dispositifs nécessaires. Ainsi, une telle installation se compose de détecteurs, d'un système d'alarme et de caméras, reliée via un transmetteur téléphonique à une société externe. Quand un problème (incendie, intrusion...) est détecté, c'est votre prestataire qui est alerté et qui effectue la levée de doute. Selon les modalités du contrat souscrit, il peut s'agir d'une vérification vidéo, d'une demande d'identification vocale ou encore de l'envoi d'équipes sur place. Enfin, un inter locuteur dédié au sein de votre société est immédiatement alerté afin de prendre W les mesures qui s'imposent.
Le coût? Il faut souscrire un P abonnement, ce à quoi s'ajoute l'achat et la mise en place de l'équipement. Comptez de 40 à 500 euros HT d'abonnement mensuel selon la superficie à surveiller et selon les missions confiées. Et de l'ordre de 300 à 400 euros HT par caméra dotée de détecteurs.
Vous pouvez également choisir de vous orienter vers les sociétés d'assurance qui nouent souvent des partenariats avec des sociétés agréées, ce qui vous permet de profiter de tarifs négociés, mais aussi parfois, de faire-valoir un rabais sur votre prime d'assurance. Enfin de nombreuses banques proposent désormais elles aussi des offres de télésurveillance qui fonctionnent comme un leasing, c'est le cas notamment du Crédit Agricole. Tout est alors intégré dans une mensualité unique qui, selon les cas, la superficie et les besoins, s'étend de 30 à 500 euros HT par mois. Dans ce cas précis, le paiement regroupe la location du matériel ainsi que la prestation de télésurveillance proprement dite.
A SAVOIR
Télésurveillance: des acteurs nécessairement agréés
Les centres de télésurveillance peuvent être certifiés par l'Apsad (Assemblée plénière des sociétés d'assurance dommage) selon des niveaux de risque. La règle Apsad R31 définit les exigences minimales auxquelles doivent répondre les stations de télésurveillance pour recevoir et traiter les informations délivrées par les installations d'un site surveillé, par l'intermédiaire de transmetteurs téléphoniques (réseaux filaires ou hertziens). Vous pouvez vous procurer le texte complet de cette réglementation sur Internet sur le site: www.cnpp.com, pour moins de 35 euros HT.
3. EXTERNALISATION SUR MESURE
LE GARDIENNAGE EN CAS DE RISQUES REELS
La présence physique d'un vigile est souvent très dissuasive, surtout s'il est accompagné d'un chien. Une solution qui ne se justifie que dans certains cas et après une juste analyse de vos besoins.
Le gardiennage physique est souvent envisagé en dernier recours car considéré - à tort- comme le plus onéreux et le plus contraignant. Pourtant, le fait de recourir à une société de gardiennage permet bien souvent de compléter l'arsenal sécuritaire de l'entreprise en choisissant une protection «à la carte». Les services sont en effet variés. Depuis les rondes effectuées en véhicule par un ou plusieurs agents, selon des rythmes et des circuits définis par le client, en passant par les rondes à pied menées par des maîtres-chiens, jusqu'au vigile statique (présent à l'entrée des locaux) ou d'incendie (parfois indispensable pour certains secteurs), tout est possible. Un maître-chien est particulièrement adapté pour la sécurisation des biens et des personnes, par exemple pour une entreprise du bâtiment qui stocke des matières premières recherchées, comme le cuivre. Ou pour une PME située dans un environnement à risque. Si vous disposez de différents sites distants de plusieurs kilomètres, privilégiez l'agent véhiculé.
Faire le bon choix. Par le passé, les sociétés de gardiennage n'ont pas toujours eu bonne presse. Pourtant, la profession consent des efforts importants pour clarifier et encadrer l'exercice de ce métier difficile. Mais, avec près de 3 900 sociétés en France, il n'est pas simple de choisir. Commencez par examiner, en interne, les faiblesses de votre sécurité. Définissez un cahier des charges précis. Contactez ensuite des entreprises spécialisées qui devront se déplacer pour réaliser, avec vous, un audit de la situation et vous proposer des solutions. Fuyez toute entreprise qui émettrait un devis sans avoir fait le déplacement. Avant d'engager une société, vérifiez son adhésion ou non à un syndicat professionnel, ce qui est synonyme bien souvent de sérieux. Vous pouvez consulter, sur le site www.e-snes.org, la charte mise sur pied par le Syndicat national des entreprises de sécurité et l'annuaire des membres et entreprises signataires de cette charte. Vous y trouverez de nombreux conseils pour définir des critères de choix objectifs. Sachez que, selon les missions et le volume d'heures annuel, cette prestation vous sera facturée entre 18 et 22 euros HT de l'heure. Une donnée importante avant de comparer les devis!
ZOOM
A plusieurs, c'est moins cher
Recourir aux services d'une société de gardiennage n'est pas donné. Pourquoi ne pas mutualiser les coûts de surveillance avec vos voisins? Cette pratique permet à des PME de s'offrir une vigilance 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Dans ce cas, une seule société se voit confier le contrôle d'une, deux, trois entreprises, voire même davantage. Le plus difficile reste encore à définir les modalités de cette mutualisation en fonction des besoins de chacun.