TVA sociale: chronique d'un flop
La politique repose sur un paradoxe: s'il n'y a pas de pouvoir politique sans élection, il n'y a pas non plus d'efficacité sans mesures (relativement) impopulaires. Or, le courage, en politique, est bien souvent sanctionné par les urnes... Lors des récentes législatives, l'UMP a bien failli l'apprendre à ses dépens.
STEFANIE MOGE-MASSON Directrice de la rédaction
Le raz-de-marée bleu annoncé par les instituts de sondage n'a pas eu lieu, c'est un fait. Mais qu'est-ce qui explique ce relatif reflux? Les raisons sont diverses. Le faible taux de participation en est une, la faible médiatisation des sondages de l'entre-deux-tours (assez proches, finalement, du résultat final) en est une autre. Mais le manque d'habileté de la communication autour du projet de TVA sociale est sans doute la principale explication de cette victoire en demi-teinte. Applaudi par les chefs d'entreprise - de la CGPME à Croissance Plus, de nombreux réseaux patronaux ont soutenu les intentions du gouvernement -, le projet a fait malheureusement peur au «grand public». Mettre un terme à l'hémorragie d'emplois qui sévit dans l'Hexagone depuis plus de trente ans: sur le papier, le projet fait pourtant l'unanimité... De là à ce que les Français acceptent l'idée de transférer une partie des cotisations sociales des entreprises vers la consommation, il y a un pas, qui, pour l'heure, n'a pas été franchi. Le gouvernement a eu beau répéter que cette TVA anti-délocalisation n'augmenterait nullement les prix finaux des produits «made in France»... Peine perdue. Le spectre de la hausse des prix a été le plus fort. Le 21 juin encore, 64% des lecteurs du quotidien La Tribune - un public de cadres pourtant bien informés - exprimaient leur crainte de voir la TVA sociale réveiller l'inflation. Désormais, il faudra beaucoup de temps, de dialogue, de patience, de diplomatie et, surtout, de pédagogie pour faire admettre aux consommateurs que leurs emplettes peuvent sauver leurs emplois.