Surfez sur la croissance brésilienne
Boosté par le développement de sa classe moyenne et de ses capacités industrielles, le Brésil est l'un de ces pays émergents en pleine expansion, qui attirent de plus en plus d'investisseurs étrangers. Si ce n'est pas la panacée pour autant, ce pays mérite toute votre attention.
Je m'abonneLe Brésil, c'est le pays du football, de la samba, du carnaval, des caïpirinha... et de l'entrepreneuriat. Loin des clichés habituels, il se révèle être une terre en or pour tous ceux qui souhaitent y faire du business. Cinquième pays en termes de population, septième puissance économique, le Brésil affiche une croissance insolente de son PIB, à raison de + 7,5 % en 2010. Deuxième pays émergent après la Chine, le Brésil représente la lettre B du fameux Bric (pour Brésil, Russie, Inde, Chine), pays qui font saliver les exportateurs tricolores. Ainsi, de manière générale, ce pays lusophone a bénéficié de quelque 45 milliards de dollars d'investissements étrangers sur les six premiers mois de l'année 2011 (d'après les chiffres des CCEF, conseillers du commerce extérieur de France).
Une population qui consomme
Ce dynamisme financier n'est pas sans répercussion sur le pouvoir d'achat de la population. « Depuis ces dix dernières années, nous assistons au développement fulgurant de la consommation locale, souligne Patrick Patelin, conseiller du commerce extérieur de France et membre du cabinet d'avocats d'affaires CMS Bureau Francis Lefebvre. 65 % des habitants font désormais partie de la classe moyenne et la moitié des Brésiliens ont le même niveau de vie qu'un Européen moyen. » Devant cette émergence de la classe moyenne, certains secteurs ont le vent en poupe. C'est le cas notamment des services, de la cosmétique (le Brésil représente le troisième marché mondial des produits de beauté) et, par extension, du luxe. « Une aubaine pour les entreprises tricolores qui veulent jouer la carte de la French touch », souligne Yves Crébec, directeur associé de Crebec & Brandão Consultores, un cabinet qui accompagne les entreprises françaises au Brésil. En plus, donc, d'être un grand acteur commercial, le Brésil s'affirme aussi comme l'une des premières puissan ces industrielles à l'échelle mondiale. L'Etat investissant en masse dans les infrastructures, les opportunités peuvent être nombreuses pour les PME sous-traitantes dans les domaines de l'aéronautique, du maritime ou du ferroviaire, par exemple. A condition d'accepter de se confronter à quelques difficultés.
Inégalités régionales et complexité administrative
En effet, le Brésil fonctionne comme un Etat fédéral, où chacun des 26 Etats autonomes qui le composent possède son propre gouvernement et ses propres lois. Un fonctionnement qui va jouer dans le choix de votre implantation (notamment si vous optez pour la création d'une filiale), car il existe de grosses inégalités régionales. La majeure partie des richesses se concentre au Sud et au Sud-Est du pays. Deux villes se distinguent: Rio de Janeiro et São Paulo. La première bénéficie d'infrastructures modernes, tandis que la seconde reste le principal centre de consommation du pays et la première place boursière et financière d'Amérique latine. « Avant de partir, il est indispensable de soigner son étude de marché pour savoir où s'implanter, conseille Yves Crébec (Crebec & Brandão Consultores). Malgré le développement des infrastructures, le coût des transports reste très élevé. Il vaut donc mieux envisager une implantation dans une seule ville plutôt qu'un maillage national. » Réfléchissez donc bien à la mise en vente de votre produit (les grands magasins restent rares au Brésil, ce qui complexifie les systèmes de distribution). De plus, cette réflexion vous évitera de vous perdre dans les méandres administratifs brésiliens, autre conséquence de ce fonctionnement fédéral. Par exemple, côté fiscalité, la donne n'est pas la même que l'on se place au niveau national, régional ou local. En entrant au Brésil, votre produit fera l'objet de droits de douane (14 % en moyenne), et devra également supporter au moins cinq autres taxes qui varient d'un Etat à l'autre. La principale: l'impôt sur la circulation des marchandises et des services (l'équivalent de la TVA française), dont le montant relève de la décision de chaque Etat. Ainsi, en choisissant de collaborer avec un partenaire local (en vous implantant par le biais d'une joint-venture par exemple), vous aurez un interlocuteur de choix pour vous aider à comprendre toutes les nuances bureaucratiques du pays. En revanche, en matière de législation du travail, il n'y a pas de différences majeures avec la France. Là-bas aussi, vous pourrez choisir entre des CDD ou des CDI, par exemple. Aussi, il serait dommage de se laisser «refroidir» par ces quelques freins et ne pas profiter des belles opportunités qu'offre le Brésil, surtout en prévision d'événements tels que la Coupe du monde de football en 2014 et les Jeux olympiques de Rio de Janeiro en 2016. Ne loupez pas le coche!
LE TEMOIGNAGE DE Christophe Claudel, codirigeant d'Itelios
« Notre branche brésilienne est le fruit d'une belle rencontre »
La SSII parisienne Itelios était «franco-française» jusqu'au jour où elle recrute un stagiaire brésilien, en 2006. Ce jeune diplômé de l'Ecole centrale de Paris fait alors la promotion de son pays d'origine. « Cette rencontre nous a permis de nous familiariser rapidement avec la culture brésilienne et de nous donner envie de nous développer làbas, se souvient Christophe Claudel, l'un des fondateurs d'Itelios. Séduits aussi par le dynamisme du pays et son côté exotique, nous n'avons pas hésité à franchir le pas. » Mais la PME y va étape par étape. Tout d'abord, elle confie à sa jeune recrue brésilienne le soin de créer, à l'issue de son stage, sa propre structure dans son pays natal. Pendant deux ans, les dirigeants d'Itelios travaillent en partenariat avec ce qui serait l'équivalent d'une auto-entreprise en France: une période d'observation qui leur permet d'analyser l'évolution du marché et d'affiner leur positionnement. A la fin de cette phase de test, Itelios rachète la jeune structure et accélère son développement au Brésil. Aujourd'hui, la PME compte une quinzaine de collaborateurs à São Paulo et y a réalisé, en 2011, un chiffre d'affaires d'un million d'euros.
Itelios
- Activité
Conseil et services en informatique
- Ville
Paris (IXe arr.)
- Dirigeants
Christophe Claudel, 42ans, Stephan Marrocq, 40ans, etRodolphe Aymard, 42ans
- Année de création
2003
- Effectif
80 salariés
- CA 2011
6 Meuros
CE QU'IL FAUT RETENIR
- Le Brésil est le 2e pays émergent, derrière la Chine. La montée de la classe moyenne favorise la consommation: le Brésil est un acteur commercial majeur et une place industrielle de choix.
- Les richesses se concentrent surtout au Sud et au Sud-Est du pays (Rio de Janeiro et São Paulo).
- Privilégiez l'implantation locale plutôt que nationale.
- Pour éviter de vous perdre dans les méandres administratifs, nouez des partenariats sur place.