Sur le Web, ses avatars ont réponse à tout
Des personnages intelligents qui répondent à vos questions sur Voyages-sncf ou eBay, c'est l'oeuvre de VirtuOz. Cette PME high-tech a doublé son chiffre d'affaires entre 2008 et 2009.
Je m'abonneLucie, conseillère chez SFR.fr, discute chaque mois avec 700 000 internautes. Un quart des visiteurs du site dialoguent avec elle par chat. Et près de neuf sur dix se déclarent satisfaits des réponses que la jolie brune leur fournit sur leur forfait, leurs options ou leur changement de mobile. Petit détail : Lucie est un personnage virtuel conçu par Virtu Oz, une entreprise parisienne en plein boom. La PME d'Alexandre Lebrun, le p-dg, a en effet vu son chiffre d'affaires passer de 2,7 millions d'euros en 2008 à 5,7 millions d'euros en 2009, pour 75 salariés (55 à Paris, 20 à San Francisco où des bureaux ont été ouverts voici deux ans). A son compteur : une trentaine d'agents intelligents et multilingues qui font le bonheur numérique de grands comptes comme Voyagessncf.com, Finaref, le Crédit Agricole et ou encore eBay France et USA.
Comme Lucie, Léa, Nicolas, Marc et Amélie «humanisent» l'accueil du site, orientent les internautes et sont disponibles 24h/24. « Nos clients ne prennent aucun risque, puisque nous sommes payés à la performance » , affirme le dirigeant. VirtuOz facture tout de même la conception environ 40 000 euros, puis quelques dizaines de centimes par conversation réussie, soit de 10 000 euros à plusieurs centaines de milliers d'euros par mois, en fonction du nombre de chats. A la SNCF, par exemple, Léa permet d'économiser entre 3 000 et 4 000 mails par mois. Ce qui correspond au temps de travail de deux téléconseillers. Et si l'agent ne trouve pas la solution ? Il demande alors au visiteur de contacter le service clients par téléphone. Une alternative qui s'impose dans 10 à 15 % des cas. Il faut dire que les équipes de VirtuOz se démènent depuis 2002 pour concevoir des avatars capables de répondre de façon pertinente aux questions. Pour cela, les quatre fondateurs sont partis des travaux de recherche menés par l'un d'eux, Alexandre Lebrun, polytechnicien et actuel p-dg de l'entreprise. Les trois autres «papas» sont toujours de la partie. Callixte Cau choix est architecte technique, Pascal Levy-Garboua vice-président en charge du développement et Laurent Landowski directeur général Europe.
Le facteur Chance.
Pionniers en 2002 quand VirtuOz a vu le jour, les cofondateurs étaient en avance sur le marché. Leur salut, ils le doivent au pari technologique pris, trois ans plus tard, par leur premier client. Quand Voyages-sncf.com leur a commandé Léa, le carnet de commandes a gonflé comme par enchantement. Une vingtaine de clients ont été séduits dans les 24 mois et la carte de visite «SNCF» leur a permis de lever 1,6 million d'euros dès 2005. Rentable l'année suivante, la PME a effectué un nouveau tour de table auprès d'investisseurs californiens à la fin 2008. Les 8 millions d'euros alors levés lui ont permis de lancer, en décembre dernier, une solution adaptée aux smartphones. Le grand projet de VirtuOz pour 2011 ? Donner de la voix à ses avatars. En partenariat avec des sociétés spécialisées en reconnaissance vocale, la PME travaille d'arrache-pied sur ce projet qui devrait permettre à l'utilisateur de passer un coup de fil à Marc, Amélie ou Nicolas.
VIRTUOZ Repères
- ACTIVITE : Création de personnages virtuels intelligents sur Internet
- VILLE : Paris (IXe arr.) et San Francisco (Etats-Unis)
- FORME JURIDIQUE : SA
- DIRIGEANT : Alexandre Lebrun, 35 ans
- ANNEE DE CREATION : 2002
- EFFECTIF : 75 salariés
- CA 2008 : 2,7 MEuros
- RESULTAT NET 2008 : NC
- CA 2009 : 5,7 MEuros
- RESULTAT NET 2009 : NC