Ses andouilles sont source d'énergie
En 2004, Joël Tingaud reprend l'Atelier de l'Argoat pour un euro symbolique. Sept ans plus tard, grâce à une gestion drastique et une once de développement durable, la PME table sur une croissance à deux chiffres.
Je m'abonneL'entreprise aujourd'hui
C'est un tournant pour l'Atelier de l'Argoat, producteur d'andouilles et d'andouillettes. L'entreprise vient d'investir 1 million d'euros dans de nouveaux locaux. Au total, 730 m2 de plus, de quoi installer des chambres froides, un laboratoire de conception dernier cri, et déménager les anciens bureaux. « 2011 est une année charnière pour l'entreprise. Notre chiffre d'affaires devrait progresser d'au moins 13 % », affirme avec enthousiasme Joël Tingaud, président de la PME. La raison de cette réussite? Le succès commercial du produit-phare de l'entreprise, la véritable andouille de Guémené à l'ancienne. Les distributeurs de l'entreprise, principalement les grandes et moyennes surfaces (GMS), qui représentent près de 70 % du business de la PME, en raffolent.
ATELIER DE L'ARGOAT - Repères
- ACTIVITE: Production d'andouilles et d'andouillettes
- VILLE: Plélan-le-Grand (Ille-et-Vilaine)
- FORME JURIDIQUE: SA
- DIRIGEANT: Joël Tingaud, 54 ans
- ANNEE DE REPRISE: 2004
- EFFECTIF: 68 salariés
- CA 2010: 4,5 MEuros
- RN 2010: 180 kEuros
Sa crise
Si l'avenir de l'Atelier de l'Argoat semble désormais assuré, ses jours étaient comptés en 2004. C'est en effet à cette date que Joël Tingaud reprend la société pour un euro symbolique, plus le passif de 450 00,00 euros. Le souci de l'entreprise? « Les anciens dirigeants ont été dépassés par leur succès », estime le patron. En effet, la PME est créée par des artisans charcutiers qui misent sur la qualité de leurs produits. Les GMS locales sont conquises et augmentent leurs commandes. Le hic? La gestion, approximative. « Aucune gestion des stocks, les marchandises n'étaient pas pesées, il n'y avait aucune fiche technique sur les produits », se souvient le président. En clair, la PME intensifie sa cadence de production tout en détériorant ses marges.
Son rebond
Le chef d'entreprise, ancien cadre dirigeant du groupe de restauration collective Ansamble, prend alors des décisions drastiques et injecte, de sa poche, 300 000 euros dans la société. Une somme qui lui permet d'acheter des machines de pesage et de rassurer les banquiers. Il crée ensuite des fiches pour chaque produit et supprime ceux qui ne sont pas rentables: au final, six sur huit sont conservés. Grâce à une gestion rigoureuse, l'entreprise renoue avec la rentabilité en deux ans. « Je coupais les cheveux en quatre sur chaque poste de dépense », avoue-t-il. Cette rigueur met en lumière un autre problème: l'activité génère beaucoup de déchets. Joël Tingaud a alors une idée folle. Accompagné dans sa démarche par le groupement d'entreprises West, il se lance dans un projet unique, « une première européenne »: créer une chaudière utilisant ses déchets comme biocombustible. Au total, l'entreprise investit 480 000 euros sur trois ans, entre 2005 et 2008. Un pari gagnant. « Au prix actuel de la tonne de gaz, notre chaudière à base de bio carburant nous fait économiser 70 000 euros par an », confie-t-il. Sans compter l'aspect développement durable de la manoeuvre. La société est désormais la seule en France à faire des andouilles... vertes.