Serial entrepreneur et e-leader
Entrepreneur de talent, membre du Conseil national numérique, business angel, professeur dans les plus grandes écoles... A tout juste 35 ans, Jérôme Stioui s'est fait un nom dans le monde du numérique. rencontre avec un homme qui mène sa carrière professionnelle tambour battant.
Je m'abonneJérôme Stioui, p-dg et cofondateur d'Ad4Screen
Des camarades de classe qui, dans leur garage, créent une future pépite du monde d'Internet... La genèse de Google est aussi celle de Directinet, société spécialisée dans la collecte on line de bases de données B to B, créée par Jérôme Stioui, alors âgé de 24 ans, et trois de ses amis d'HEC: Nicolas Klain, Philippe Leclercq et Patrick Mareuil.
Dix ans plus tard, Jérôme Stioui récidive, toujours accompagné de ses associés, et fonde Ad4Screen, entreprise spécialisée dans le marketing mobile. En un an d'existence, elle compte déjà une vingtaine de collaborateurs.
L'homme a le sens des affaires et il se fait rapidement un nom dans le secteur... Au point d'être nommé membre du Conseil national du numérique (CNN), par décret du président de la République, lors de sa création, en avril 2011. Cette instance est chargée de faire le lien entre les acteurs du Web et ceux qui légifèrent, parce qu'«avant de faire une loi, il faut savoir de quoi on parle», souligne-t-il.
Son premier CDI...
Ce n'est pas sans fierté que Jérôme Stioui affirme que son premier poste, occupé en CDI et à 24 ans, a été celui de... dirigeant. « Mon premier vrai emploi, je l'ai trouvé dans l'entreprise que j'ai créée avec mes associés, Directinet. » Ainsi, de 1999 à 2006, Jérôme Stioui et ses trois amis font grandir leur start-up et la transforment en une belle PME d'une centaine de salariés qui réalise un chiffre d'affaires de 20 millions d'euros.
Son premier contact avec le monde numérique
Quand Jérôme Stioui a-t-il été frappé par le syndrome des nouvelles technologies? Sur le campus d'HEC. A l'époque, en 1996, l'étudiant découvre, en même temps que cette grande école, la possibilité de communiquer par e-mail avec les professeurs et les élèves. HEC est en effet l'une des premières écoles à s'être équipée d'une connexion web. « Les premiers pas sur Internet, ce nouveau mode de communication, c'était quelque chose de révolutionnaire, se rappelle Jérôme Stioui. D'autant plus que nous ne pouvions pas encore en bénéficier une fois rentrés chez nous. »
Soutenir le numérique
Composé de 18 membres bénévoles, le CNN donne son avis sur tout projet de loi concernant le Web. «L'économie numérique représente pas moins de 700000 emplois, précise le dirigeant. Et il faut de belles lois, qui aillent dans le bon sens, pour la soutenir.» Jérôme Stioui estime que la France a tout à gagner en favorisant ce secteur et n'hésite pas à rappeler que des réussites comme Free ou Vente-privée. com peuvent faire la fierté nationale. «En France, nous avons de bonnes idées et de très bons entrepreneurs. Mais ils sont toujours confrontés à des problèmes de financement», commente Jérôme Stioui. Un écueil auquel il a été confronté plus jeune, lors de la création de Directinet. Pour donner naissance à cette start-up les quatre anciens d'HEC cherchent un million d'euros. Faute de financement, leur projet reste en stand-by pendant plus de six mois. « Avoir 24 ans était un gros handicap, se souvient Jérôme Stioui. Les gens ne nous faisaient pas confiance. De plus, Internet en était encore à ses balbutiements. »
Mais les quatre compères prennent leur revanche: non seulement, ils décrochent leur premier financement, mais, en quelques années, Directinet s'impose comme le leader français du e-marketing direct.
Huit ans après sa création, l'entreprise compte une centaine de collaborateurs et près de 40 millions de données consommateurs disponibles. Le développement de la PME passe notamment par le rachat d'autres entités: Netcollection, Mailperformance et Lucky Village. La société et ses filiales sont vendues, en 2006, pour 33 millions d'euros au groupe britannique IPT avec l'objectif affiché de devenir le leader européen de l'e-mail marketing. Jérôme Stioui entre alors au conseil d'administration du groupe. Il est en charge du développement des activités françaises.
Transmettre son savoir-faire
Deux ans plus tard, les quatre compères passionnés d'entrepreunariat remontent une structure: Ad4Screen. En parallèle, Jérôme Stioui devient business angel (il finance trois entreprises liées au numérique) mais surtout, il multiplie les cours.
Enseignant en marketing mobile et digital, il retrouve régulièrement les élèves d'HEC, de Sciences Po, de l'université de Lille et de l'Edhec. Il participe aussi à l'incubateur d'HEC, en tant que membre du jury d'admission et coach. « Enseigner me permet de rendre plus concret ce monde virtuel dans lequel j'évolue », confie-t-il. A 35 ans, il avoue aimer l'idée de «transmettre». « De plus, il est normal que je consacre un peu de mon temps au numérique. Ce secteur m'a tout donné! », conclut-il.
BIO EXPRESS
1976
Naissance à Paris, le 25 octobre.
1996 - 2000
Elève à HEC, Majeure Finance.
2000 - 2008
P-dg et cofondateur de Directinet.
2006
Rachat de Directinet par le groupe britannique IPT.
Depuis 2010
P-dg et cofondateur d'Ad4Screen.
Avril 2011
Nomination au Conseil national numérique (CNN).
Sa dernière réussite professionnelle...
l'opération de croissance externe menée par Ad4Screen. En mai 2011, la PME prend une part minoritaire de BeMyApp, start-up de douze salariés spécialisée dans le sponsoring d'applications de mobile. « Il s'agit du premier investissement dans une entreprise réalisé par Ad4Screen et, pour la croissance de notre entreprise, nous ne comptons pas nous arrêter », annonce Jérôme Stioui.
Son dernier grand moment avec ses associés
En juin dernier, la revue Hommes et Commerce, publiée tous les deux mois par l'association des anciens élèves d'HEC, publie un article consacré aux fondateurs de Directinet et d'Ad4Screen. Les quatre inséparables sont conviés à présenter leur parcours dans les locaux d'HEC. « Mais surtout, nous nous sommes prêtés à une séance photo mémorable, faite de grands fous rires », témoigne Jérôme Stioui.