Se prémunir des pertes d'exploitation via une assurance
Qu'arriverait-il si vos véhicules, vos locaux, vos outils de production étaient détruits ou endommagés? Si l'incident porte un coup à l'activité, les pertes financières peuvent être plus ou moins importantes. Pour assurer la pérennité de votre activité, couvrez-vous en souscrivant une assurance ad hoc.
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Franck Sakalian, directeur du bureau de Mont-de-Marsan et responsable du réseau BTP Sud-Ouest, KPMG
Mon entreprise court-elle un risque? Quel risque? 32 % des PME françaises sont incapables de mentionner un seul risque lié à leur activité lorsque la question leur est posée, selon une étude menée fin 2011 par l'assureur Axa. 40 % des entreprises, notamment les plus petites, n'ont pas mis en place de programme de continuité des activités. Les principales raisons évoquées? 36 % estiment être de trop petite taille et 28 % n'en ressentent pas le besoin. Pourtant, selon l'OCDE, elles sont parmi les plus vulnérables à ce manque de protection. En effet, elles sont davantage exposées à des chocs à court terme, et certains risques liés au métier, tels que la perte d'un homme-clé, sont accrus du fait même de leur taille.
Car, malheureusement, des risques, il en existe et plutôt deux fois qu'une... Hormis le «classique» incendie, citons les dégâts des eaux, le bris de machine, une tempête, le sabotage, etc. « Il convient bien sûr de prendre les mesures pour éviter d'avoir à subir des pertes d'exploitation Je recommande aux professionnels de se livrer à un audit général de sécurité de l'entreprise, qui permettra de mettre en place un plan de continuité de l'activité », conseille Franck Sakalian, directeur du bureau de Mont-de-Marsan et responsable du réseau BTP Sud-Ouest au sein du cabinet d'audit KPMG. Cet audit commence souvent par une discussion avec votre expert-comptable, qui connaît votre entreprise et peut vous faire bénéficier de son expérience. Anticipez donc l'imprévu! Prévoyez des solutions de repli pour préserver votre activité ; par exemple, envisagez de confier la production à des sous-traitants en cas de bris de machine, ou bien repensez les protections incendie de vos locaux professionnels, prévoyez aussi de doubler certains équipements techniques dans la mesure du possible, organisez la location de matériel substitutif, souscrivez un contrat de vidéosurveillance pour éviter les vols de matières premières, etc. Ensuite, seulement, un plan de poursuite de l'activité doit être rédigé.
Préserver la continuité de l'activité
Quoi qu'il en soit, lorsqu'un sinistre se produit, il se traduit souvent par une perte d'exploitation, et rares sont les entreprises qui y survivent dans un délai de deux ans. La perte d'exploitation est définie traditionnellement comme la perte de chiffre d'affaires, définitive et irréversible, diminuée des coûts variables pour réaliser ce même chiffre d'affaires. Une garantie perte d'exploitation permet de faire face au manque à gagner consécutif à une réduction ou un arrêt temporaire de l'activité suite à la survenance d'un incident assuré. Elle joue en complément de l'assurance dommages qui, elle, va permettre le rachat des machines endommagées par exemple. « Pour tout ce qui n'est pas prévisible ou maîtrisable, c'est alors le contrat d'assurance qui entre en jeu », souligne l'expert-comptable. Les polices d'assurance couvrent en théorie les charges fixes (rémunération du personnel, impôts et taxes, loyers, intérêts d'emprunt...) et la marge. Comme pour toute assurance, vérifiez bien les éléments assurés et ceux qui sont exclus! Vérifiez, par exemple, que la police que vous envisagez de souscrire couvre les frais d'exploitation exceptionnels engagés pour limiter la réduction du chiffre d'affaires (les frais de location de matériels, de locaux temporaires, de transport, de publicité, de publipostage favorisant la reprise) ou pour faire fabriquer vos produits par un prestataire. « Parmi les critères-clés dans le choix d'un contrat d'assurance perte d'exploitation, la durée de l'indemnisation est capitale, tout comme le montant de la franchise », souligne Franck Sakalian. En ce qui concerne la durée, il ne faut pas qu'elle soit trop courte.
En effet, si le contrat porte sur une limite contractuelle d'indemnité de six mois et qu'il faut reconstruire un entrepôt complet nécessitant au total dix-huit mois de travaux, le préjudice sera terrible. Autre point à ne pas négliger: lorsque l'entreprise grandit, augmentant le nombre de ses collaborateurs ou de ses machines, ses charges évoluent. Et les contrats doivent être actualisés pour que vous soyez couvert correctement. « Le rôle de l'expert-comptable consiste à alerter ses clients sur la nécessité d'adapter les contrats d'assurance et à les informer sur les solutions éventuelles pour préserver l'activité. Une remise à plat annuelle au moment de la publication des comptes est toujours bienvenue », conclut Franck Sakalian.
Franck Sakalian, directeur du bureau de Mont-de-Marsan et responsable du réseau BTP Sud-Ouest, KPMG
«Une remise à plat annuelle de votre garantie perte d'exploitation au moment de la publication des comptes est bienvenue.»
ZOOM
L'assurance homme-clé est souvent négligée
L'assurance homme-clé est une notion méconnue des dirigeants. Dans l'entreprise, qu'il s'agisse d'un cadre, d'un créatif ou du dirigeant lui-même par exemple, certaines personnes ont un rôle capital pour la survie de l'entreprise et le maintien de l'activité. Lorsque ces hommes-clés sont dans l'incapacité de travailler, toute l'entreprise peut être désorganisée. Les contrats d'assurance homme-clé peuvent alors intervenir, de même que les assurances licenciement qui couvrent éventuellement la perte d'exploitation, le temps de recruter ou de former un remplaçant. Lorsque vous souscrivez une telle police d'assurance, attendez-vous à répondre à un questionnaire de santé drastique concernant la personne assurée. Les cotisations versées au titre de la garantie homme-clé sont déductibles des résultats imposables. Certains assureurs offrent la possibilité de couvrir plusieurs salariés de l'entreprise à travers un contrat unique. Pour chiffrer le montant de la cotisation, les assureurs prennent en compte le chiffre d'affaires de l'entreprise, l'importance du salarié dans la société, l'âge de la personne à assurer et le montant de la somme pour laquelle l'entreprise souhaite être dédommagée.
CE QU'IL FAUT RETENIR
- Une entreprise est confrontée à un certain nombre de risques (incendie, inondation, bris de machine, etc.) qui peuvent lui porter un coup fatal en cas de réduction ou d'arrêt de l'activité.
- Une assurance pertes d'exploitation permet de faire face au manque à gagner consécutif à la survenance de ce type d'incidents. Elle permet de couvrir les charges fixes, la marge et certains frais d'exploitation exceptionnels selon une période prédéfinie au contrat.
- Prenez garde à la durée d'indemnisation et à faire réactualiser votre police régulièrement pour être couvert correctement.