Rêve de fortune
STEFANIE MOGE-MASSON Directrice de la rédaction
«Pour créer son entreprise, il faut une mJ bonne dose de goût du risque, un zeste d'inconscience et une foi inébranlable dans sa bonne étoile.» C'est ainsi que Jacques Choquard, patron landais, définit la personnalité hors normes des entrepreneurs. Auteur d'un ouvrage biographique intitulé Vivre en PME, l'homme en sait quelque chose: salarié durant dix-huit ans, il s'est lancé dans la création d'entreprise et en a expérimenté les nombreux travers: hantise du dépôt de bilan, marchandage avec les banques... Pourtant, avec le recul, Jacques Choquard considère qu'il a fait le bon choix: «Si l'on aime prendre des décisions et les mettre en oeuvre, on dispose d'une totale autonomie», confie-t-il.
En dépit des nuits blanches, de la peur des lendemains qui déchantent, des fins de mois difficiles, la création d'entreprise fait rêver des centaines de milliers de Français. Mieux: elle épanouit pleinement ceux qui s'y risquent. Selon une étude menée par l'APCE (Agence pour la création d'entreprise) en janvier 2007, 90% des entrepreneurs sont satisfaits de leur choix. C'est ce paradoxeque nous avons voulu étudier ce mois-ci. Qu'est-ce qui fait courir les entrepreneurs? Après avoir rencontré de nombreux dirigeants, psychologues et analystes, nous pouvons affirmer que le goût de créer est l'un de leurs moteurs principaux. Sans compter que si la plupart se serrent la ceinture à leurs débuts, tous espèrent toucher le jackpot plus tard... Ce paramètre financier, aucun des dirigeants rencontrés ne l'a abordé spontanément et peu ont accepté de l'évoquer à notre demande. Comme si la dimension capitalistique de l'entreprise risquait d'éclipser ses autres vocations: sociale, politique, humaine. Pourtant, une entreprise qui suscite la convoitise des investisseurs et vaut de l'argent, c'est aussi une entreprise qui innove, crée de l'emploi, fidélise et fait grandir ses salariés... Des valeurs nobles et consensuelles. Alors, ne nous cachons pas derrière notre petit doigt: la plupart des entrepreneurs rêvent d'accéder à la fortune. Et il faut s'en réjouir, car c'est un objectif aussi avouable que les autres.