Recrutement: l'âge demeure un facteur discriminant
Pour Eric Beaudouin, d'Oasys Consultants, qui a enquêté sur les pratiques de recrutement des entreprises, «les profils atypiques sont mieux admis dans les PME».
Ni trop vieux, ni trop exotique, encore moins chômeur de longue durée... Le portrait du candidat «idéal», aux yeux des recruteurs, est - hélas - fort classique. C'est la conclusion d'Oasys Consultants, société de conseil en transitions professionnelles, qui a enquêté auprès d'une soixantaine de cabinets spécialisés, représentant 1 200 consultants. L'illustration la plus flagrante? 40% des professionnels du recrutement avouent faire du «clonage» dans une mission sur deux, c'est-à-dire qu'ils présentent quasi systématiquement des candidats ayant les mêmes caractéristiques que leur prédécesseur. Près de la moitié tout de même se risquent à présenter des «outsiders» (candidats qui correspondent pour moins de 80% aux critères du client), mais lesdits candidats ne seront retenus que dans un cas sur quatre. «Les dirigeants de PME sont toutefois plus enclins à accepter les profils atypiques et sont moins fermés aux conseils des cabinets de recrutement», nuance Eric Beaudouin, directeur général d'Oasys Consultants. En revanche, quelle que soit la taille de l'entreprise, l'âge reste un facteur discriminant. Seuls 31% des consultants disent présenter des candidats de plus de 45 ans, qu'ils n'arrivent à placer que dans un cas sur cinq.
Autre cliché conforté par l'enquête, le passage par la case chômage ne fait pas bonne impression. Pour huit recruteurs sur dix, les demandeurs d'emploi longue durée sont victimes d'un préjugé défavorable. Mais selon quatre consultants sur dix, ce préjugé persiste à l'égard des sans-emploi depuis moins d'un an.
Quant aux méthodes pratiquées, on constate que 70% des cabinets utilisent encore l'analyse graphologique. Et 60% des recruteurs contrôlent systématiquement les références des candidats. «Le contrôle des références est encore plus automatique chez les dirigeants de PME, commente Eric Beaudouin. Ils n'hésitent pas à appeler personnellement les anciens employeurs, parfois plus de cinq ans après le départ du salarié.» Des précautions certainement à la hauteur des enjeux.