Pour ou contre les open spaces?
Optimiser l'espace. Un argument massue en faveur des open spaces. Toutefois, les critiques tendent à poindre contre cette forme d'organisation des bureaux. Faut-il refermer les espaces ouverts?
Je m'abonneMarie Durand est stressée. Son bureau se situe dans un open space regroupant une trentaine de personnes. Elle doit s'accommoder d'un brouhaha constant et quitter précipitamment le plateau dès qu'elle reçoit un coup de fil personnel. Surtout, il lui arrive de se sentir épiée par ses collègues, qui la «taquinent» lorsqu'elle décide de partir de l'entreprise à 17 h 30. Cet exemple fictif, et caricatural, cristallise cependant une partie des griefs formulés à l'encontre des espaces de travail ouverts: surveillance accrue, concentration difficile et rapport hiérarchique tronqué. Si ces critiques ne sont pas nouvelles, le livre L'open space m'a tuer
POUR
La communication entre les services a été améliorée XAVIER DE FONT REAULX, directeur général de théorème
Théorème a aménagé ses locaux en open space en 2003 et ne reviendrait en arrière «pour rien au monde». L'entreprise est morcelée en plusieurs plateaux, abritant jusqu'à 18 postes de travail. Les seuls bureaux cloisonnés sont ceux des dirigeants et des chargés de clientèle. L'objectif? «Améliorer la transmission de l'information», répond Xavier de Font Reaulx. Quant au bruit, le directeur général dit ne pas le connaître: «Nous ne restons pas des heures au téléphone. On ne peut pas vraiment parler de nuisances...» Il apprécie l'«élasticité» de ces espaces ouverts: son entreprise a embauché vingt salariés en cinq ans et a pu trouver de la place pour tout le monde... Sans pousser les murs.
THEOREME - Repères
- Activité: Courtage d'assurances
- Ville: Meudon (Hauts-de-Seine)
- Forme juridique: SAS
- Dirigeants: Xavier de Font Reaulx, 44 ans, et Max de Font Reaulx, 54 ans
- Année de créAtion: 1991
- Effectif: 70 salariés
- CA 2008: 10,2 MEuros
- Résultat net 2008: 800 kEuros
La personnalisation de l'espace de travail est un autre point important. Comme le rappelle Pierre Bouchet, «un collaborateur travaille dans de meilleures conditions s'il se sent au bureau «comme chez lui»». Il est donc crucial de laisser chacun «customiser» son poste de travail à l'aide d'objets et photos personnels. Dans le même esprit, afin de recréer une forme d'intimité, privilégiez les lampes de bureau.
Enfin, pour combattre les pollutions sonores et éviter que ne pullulent les casques audio, il peut être judicieux de faire recouvrir les murs de matériaux spécifiques, qui absorbent jusqu'à 80% des nuisances. Mais cela coûte cher. «Il faut compter de 120 à 160 euros/m2 pour le plafond, et de 120 à 140 euros/m2 pour les murs», précise Pierre Chigot, concept developer chez Ecophon, entreprise spécialisée dans les problèmes d'acoustique. C'est pourquoi peu de petites structures consentent à cet effort... Qui amoindrit l'avantage économique de l'open space.
CONTRE
En open space, les salariés ont du mal à se concentrer JEAN-CHRISTOPHE MOREZ, p-dg de Laroche
Jean-Christophe Morez a finalement pris sa décision: il va cloisonner l'open space de son bureau d'étude de quatorze salariés. Sa motivation est double. Tout d'abord, il estime que placer les chefs de service au milieu des autres collaborateurs est une erreur: «Les équipes peuvent entendre les conversations téléphoniques de leur manager. Et les managers n'ont plus d'intimité.» En outre, pour le p-dg, les salariés ont du mal à se concentrer. «Mon propre bureau est à côté de l'open space. Quand un client appelle, tout le monde est dérangé.» Un problème pour ce service dont la production est essentiellement intellectuelle: «Les collaborateurs sont souvent obligés de recommencer leurs calculs. Les risques d'erreur sont accrus.» Même les trois salles de réunion, mises en place pour réduire les nuisances sonores, ne suffisent pas. Bref, des travaux sont prévus pour aménager des bureaux individuels fermés pour les chefs de service et de grands bureaux de trois à cinq postes, regroupés par métiers, pour les autres.
LAROCHE - Repères
- Activité: Construction de machines textiles
- Ville: Cours-la-Ville (Rhône)
- Forme juridique: SA
- Dirigeant: Jean Christophe Morez, 42 ans
- Année de création: 1927
- Effectif: 99 salariés
- CA 2008: 16 MEuros
- Résultat net 2008: 500 kEuros