Petite entreprise deviendra moyenne
Elles ne sont plus petites, mais pas encore vraiment grandes... Ce sont les ETM, ou «entreprises de taille moyenne», comme les a baptisées, début mars, le président de la République. Pour la plupart de nos dirigeants, ces moyennes entreprises - qui emploient de 250 à 5 000 salariés tout de même! - constituent le véritable fer de lance de notre économie. Mais ils déplorent qu'elles soient trop peu nombreuses. Et pour cause: sur les 2,9 millions d'entreprises tricolores qu'a recensées l'Insee en 2005, seules 0,2% emploient plus de 250 salariés, la majorité de nos PME étant, en fait, des «PE», voire des «TPE» ou même des «micro» ou des «solo entreprises»... Face à ce constat, nos gouvernants contemplent avec gourmandise le modèle allemand, dont le fameux «Mittelstand» - comme on appelle, outre-Rhin, les PME-PMI innove, exporte, crée de l'emploi... Alors, pour tenter de donner aux petites l'opportunité de devenir grandes, nos dirigeants viennent d'annoncer la création d'un statut pour ces fameuses «entreprises de taille moyenne».
STEFANIE MOGE-MASSON Directrice de la rédaction
Un nouveau seuil qui s accompagnera probablement de nouvelles règles sociales et fiscales... Pour l'heure, la réalité de ce que sera l'ETM est encore floue. Mais elle pourrait faire émerger «2000 nouvelles entreprises de 500 personnes et plus d'ici à 2012», selon le chef de l'Etat. Comme si un seuil supplémentaire allait suffire à rassurer nos chefs d'entreprise... Comme si, d'un seul coup de baguette magique, l'Etat avait la possibilité de débrider la croissance de nos PME-PMI, de les convaincre d'embaucher et d'investir en masse, d'annihiler les multiples facteurs qui freinent leur développement. Non, les entreprises n'ont pas besoin d'un seuil de plus pour grandir. D'autant que la catégorie des ETM semble beaucoup trop hétérogène pour former une «famille»: entre une PMI de 250 salariés, comptant 80% de personnel de production, et une SSII de 5000 salariés, qui emploie essentiellement de la matière grise, il existe un véritable fossé culturel-Invisible, semble-t-il, depuis les appartements présidentiels de l'Elysée.