Opération MTQ48 !
Est-il possible de tout quantifier ? Est-il utile, d'ailleurs, de le faire ? On peut en débattre, surtout lorsque l'on s'attaque aux ressources humaines et au management. Ainsi, mesurer un critère qualitatif sur lequel la rémunération des commerciaux est indexée - comme la qualité du service ou la disponibilité du vendeur - permet de rationaliser l'attribution des bonus et d'éviter les «notes de sale gueule». En revanche, vous semble-t-il, a priori, utile et sensé de mesurer la «force mentale» d'un individu ? C'est en tout cas ce que propose un cabinet de conseil en management et ressources humaines. Nom de code de ce questionnaire préconisé lors des recrutements et des promotions internes : MTQ48 ! Un nom barbare pour une approche énigmatique... Que cache cette notion de «force mentale» ? Elle est «une qualité qui détermine en partie comment chacun affronte les défis, les sources de stress et la pression», explique le cabinet. Elle est liée, toujours selon ses experts, à quatre critères principaux : notre performance, nos comportements, notre bien-être et nos aspirations. Vous n'y voyez toujours pas clair ? Continuons... «Le concept de force mentale repose sur le principe des réactions physiologiques au stress et sur la psychologie du sport». Vous avez le sentiment que nous nous éloignons du sujet ? Ce n'est pas fini. Le cabinet propose même des diagnostics «force mentale» afin d'identifier les individus «à risque»...
ANNE-FRANÇOISE RABAUD Rédactrice en chef adjointe
Une idée me vient : si au lieu de mesurer la force mentale d'un individu, son interlocuteur prenait simplement le temps d'échanger avec lui, de lui parler, de l'écouter et de le faire réagir ? Et si au lieu de vouloir noter à tout prix ce qui ne s'y prête pas, si au lieu de vouloir jouer dans la cour des «stats», les ressources humaines revenaient aux sources et s'appliquaient surtout à retrouver le sens de l'humain ?