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Les bons vieux titres restaurant vont passer à la casserole

Publié par le | Mis à jour le

Les titres restaurant en papier sont voués à disparaître. Déjà remplacés par une carte électronique dans bon nombre de pays, ils devraient bientôt devenir obsolètes en France. L'arrivée de la carte Moneo Resto, prévue pour janvier 2013, pourrait accélérer les choses. Explications.

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Finis les titres restaurant qui se déchirent, les carnets perdus et les comptes d'apothicaires devant la caisse enregistreuse du restaurant. Bientôt, les bons vieux titres restaurant disparaîtront au profit d'une carte électronique, voire d'un paiement par téléphone mobile. Jusqu'ici, quatre émetteurs se partageaient le gâteau en France: Groupe Chèque Déjeuner avec son titre éponyme, Edenred avec son Ticket Restaurant, Sodexo avec son Chèque Restaurant et Natixis Intertitres avec son Chèque de Table. Mais le 23 octobre dernier, un nouveau prestataire est entré dans la danse, au grand étonnement de tous... Moneo Applicam jette un pavé dans la mare: ce spécialiste des solutions monétiques dématérialisées prend de court les quatre acteurs historiques du marché en lançant dans l'Hexagone la première offre de titres restaurant dématérialisés, la carte Moneo Resto, prévue pour janvier 2013.

Le retard tricolore

Comment cette offre peut-elle voir le jour alors que cette évolution est bloquée pour des questions de législation à la fois contraignante et floue? « L'utilisation des titres restaurant est très réglementée, notamment en ce qui concerne la limitation du nombre de titres », souligne Marie-Pierre Desbons, responsable dématérialisation du Groupe Chèque Déjeuner. Des discussions étaient en cours entre les différentes parties concernées, à savoir les pouvoirs publics, les syndicats, les associations de consommateurs et les prestataires. Voilà pourquoi les émetteurs historiques n'avaient pas encore passé la seconde en France, alors que les titres dématérialisés fleurissent à l'étranger. « La dématérialisation a dépassé le stade du simple projet, précise Marie-Pierre Desbons. Elle est effective dans 13 pays où nous sommes présents. » En effet, Groupe Chèque Déjeuner a déjà pourvu ces marchés de moyens de paiement alternatifs. En Turquie et en Espagne, les salariés privilégient la carte à puce ou la carte sans contact, tandis qu'en Italie, le paiement par téléphone portable (le terminal de paiement reconnaît la carte SIM) est entré dans les moeurs des salariés. Edenred aussi s'est engagé dans la voie de la dématérialisation. Le prestataire prévoit de passer sous forme électronique la moitié de ses solutions à l'échelle mondiale d'ici à la fin 2012 et 70 % à l'horizon 2016. Quant à Natixis Intertitres et Sodexo, ils planchent aussi sur le projet. « Nous avons tous l'ambition de dématérialiser nos titres restaurant, indique-t-on chez Sodexo. Mais tant que le cadre législatif ne nous le permet pas, les démarches sont gelées. »

@ © YVES FORESTIER - FOTOLIA

Mémo

Le titre restaurant est un avantage accordé facultativement par une entreprise. La contribution patronale à l'acquisition des titres restaurant est exonérée de cotisations de Sécurité sociale si elle n'excède pas le plafond fixé par titre et si elle se trouve comprise entre 50 et 60 % de la valeur du titre.

Comment ça marche?

Concrètement, chaque carte (ou compte mobile) sera reliée à un compte entreprise et à un compte salarié. Chaque mois, l'entreprise débloquera une somme prédéfinie (l'équivalent d'une vingtaine de titres restaurant «traditionnels» par exemple), qui sera automatiquement dispatchée sur les comptes individuels des salariés. Ces derniers pourront alors recharger virtuellement leur carte. Mais l'inverse sera également possible: l'entreprise signera un accord avec le groupe émetteur sur les sommes allouées chaque mois et c'est l'internaute qui gérera lui-même ses droits depuis Internet. De même, le salarié pourra se connecter sur l'interface de gestion au cours du mois et connaître, à tout moment, le solde de sa carte. « Avec la solution dématérialisée, tous les cas de figure pourront être envisagés, assure Marie-Pierre Desbons (Groupe Chèque Déjeuner). La gestion sera vraiment facilitée. » Avec, à la clé, une diminution des coûts pour l'employeur (de l'ordre de 20 % selon Moneo Applicam), qui prend la main sur bon nombre de décisions. Par exemple, l'entreprise pourra tout à fait limiter ce droit au strict cadre du travail. Chaque carte pourra en effet être configurée pour ne fonctionner qu'à l'heure du déjeuner, du lundi au vendredi, voire être limitée à une zone géographique.

Au menu: géolocalisation et offres promotionnelles

La carte offrira aussi un certain nombre d'avantages au salarié, notamment à l'heure du 2.0. « Grâce à cette technologie, les bénéficiaires vont accéder à de très nombreuses informations », souligne Gille Coccoli, directeur général stratégie et développement d'Edenred. Dans les pays déjà pourvus de solutions dématérialisées, les offres promotionnelles qui se trouvent souvent au dos des carnets de titres restaurant sont désormais associées aux cartes: leur utilisateur reçoit régulièrement, par e-mail, des offres promotionnelles pour des restaurants. A venir également: un service de géolocalisation pour repérer les restaurants qui acceptent le titre restaurant. Pratique pour savoir quels sont les établissements qui ont franchi le pas de la dématérialisation...

Alors, l'arrivée de Moneo Resto est-elle une véritable mini-révolution ou un projet bientôt avorté? Pour l'heure, le CNTR (Comité national des titres restaurant) - instance collégiale qui représente les employeurs, les salariés, les professionnels de la restauration et les sociétés émettrices de titres - regrette un effet d'annonce qui suscite « une grande confusion et de nombreuses questions de la part de l'ensemble des parties prenantes de cet acquis social ». Si elles se disent toutes favorables à la dématérialisation des titres restaurant, les parties prenantes posent néanmoins deux prérequis: une concertation paritaire ainsi que des dispositions législatives et réglementaires adaptées à la dématérialisation. « La complexité du sujet et la multiplicité des acteurs, associées aux risques d'interprétation par ces derniers d'une réglementation écrite à l'origine pour un support papier, peuvent entraîner des dérives remettant en cause, à terme, ce dispositif social », argumente le CNTR. Les opérateurs attendent une clarification du gouvernement sur divers points, comme le rendu de monnaie sur des titres numériques. Moneo Applicam, quant à elle, a déjà pris les devants et fait ses arbitrages.

La législation impose que chaque salarié reçoive un seul titre restaurant par jour travaillé. L'utilisation de la future carte Moneo Resto sera donc limitée à une somme équivalente à un titre restaurant. Par exemple, un utilisateur futur de la carte qui bénéficie actuellement d'un titre à 10 euros par jour ne pourra payer son déjeuner qu'à hauteur d'une fois 10 euros. Et s'il doit régler 12 euros au restaurateur, il pourra payer 10 euros avec sa carte Moneo Resto et compléter en liquide. Le prestataire s'est, par ailleurs, associé à Mastercard pour que les cartes Moneo Resto soient compatibles avec les terminaux de cartes bancaires traditionnels. Ce qui permettra de contourner la difficulté que posait également l'équipement des restaurateurs en terminaux spécifiques pour les cartes déjeuners.

A SAVOIR
LES CHIFFRES-CLES DU TITRE RESTAURANT

706 millions de titres restaurant émis en 2011.


3,5 millions de titres utilisés par jour travaillé (base: 220 jours).


120 000 entreprises utilisatrices, dont 60 % de petites.


Un marché de 5,16 milliards d'euros en 2011.


7,31 euros: valeur faciale moyenne d'un titre en 2011.


55 %: participation moyenne de l'employeur.


15,14 % des repas servis annuellement par les restaurateurs indépendants sont payés au moyen d'un titre restaurant


180 000 établissement affiliés restaurants traiteurs) en 2011.


Source: CNTR.

 
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CELINE TRIDON

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