Le trio de choc réamorce la machine
Trois ex-collègues, devenus patrons, ont capitalisé sur leurs savoir-faire respectifs en gestion, stratégie commerciale et R&D pour remettre sur les rails la société qu'ils ont acquise.
Je m'abonnePascal Denis, Lionel Robelin et François Rossignol, dirigeants de Vernet Behringer
L'entreprise aujourd'hui
Vernet Behringer a eu chaud... très chaud. Mais depuis trois ans, la PME dijonnaise, spécialisée dans les machines- outils pour les charpentes, a renoué avec les bénéfices. Elle vend désormais une cinquantaine de poinçonneuses, découpeuses ou cisailleuses, chaque année, soit deux fois plus qu'il y a cinq ans. Mieux : entre 2004 et 2009, la société est passée de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires (pour 80 salariés) à 18,5 millions d'euros (pour 120 salariés). Pourtant, fin 2004, l'entreprise était à l'agonie. «Elle n'aurait pas vécu plus de six mois si nous n'avions rien entrepris», affirme François Rossignol, l'un des trois associés dirigeants.
Sa crise
Au début des années 2000, la santé de la PME se dégrade. Le dirigeant de l'époque, Bertrand Vernet, s'apprête à prendre sa retraite. Résultat, faute d'avoir misé sur l'innovation, l'entreprise, qui s'appuie sur un catalogue produits vieillissant, se fait distancer par ses concurrents. Les pertes s'accumulent. En 2004, elles s'élèvent à 2 millions d'euros. S'ajoutent à cela des problèmes de gouvernance : le dirigeant ne trouve pas, en interne, de collaborateurs suffisamment solides auxquels déléguer des tâches stratégiques, comme le développement commercial ou la gestion de l'entreprise.
Son rebond
En décembre 2004, l'entreprise trouve repreneur. En effet, trois collègues de longue date décident de quitter Cermex, un fabricant voisin de machines d'emballage, pour reprendre Vernet Behringer. Chacun conserve les mêmes missions que dans son ancien poste : Pascal Denis gère le commercial et le marketing, Lionel Robelin la maîtrise de l'exploitation et François Rossignol l'administratif et la logistique. «La confiance que nous avons les uns dans les autres nous a permis de prendre des décisions rapidement», analyse François Rossignol. En arrivant, le trio décide, en effet, d'agir sur trois leviers.
Pour commencer, ils remobilisent les vendeurs. Comment ? En s'assurant que les 50 agents commerciaux qui travaillent pour Vernet Behringer perçoivent, à nouveau, leurs commissions en temps et en heure. La nouvelle direction leur fournit, parallèlement, une boîte à outils complète (présentation vidéo des machines, argumentaires techniques détaillés, etc.). Leur interlocuteur, Pascal Denis, les forme également aux dernières technologies dont sont équipées les nouvelles machines. Ils sont parés pour prospecter leurs clients, les charpentiers et les fabricants de pylônes. Seconde action : pour rattraper le retard technique de l'entreprise, les effectifs dans les bureaux d'études passent de 8 à 20 salariés. Et 5 % du chiffre d'affaires annuel est réinvesti en recherche et développement. La gamme, composée de six familles de machines, est réactualisée. Enfin, la gestion est remise à plat. «J'ai monté un système de comptabilité analytique auquel j'ai sensibilisé les collaborateurs », précise François Rossignol, ravi de pouvoir désormais établir des diagnostics financiers précis et rapides. Une gamme rajeunie, des commerciaux remotivés, une gestion rigoureuse... autant d'atouts précieux pour Vernet Behringer qui entend poursuivre sa croissance à l'international et vise, après l'Inde et la Russie, le marché brésilien.
Pascal Denis
Lionel Robelin
François Rossignol
VERNET BEHRINGER - Repères
- ACTIVITE : Fabrication de machines-outils pour les charpentes métalliques
- VILLE : Dijon (Côte-d'Or)
- FORME JURIDIQUE : SA
- DIRIGEANTS : Pascal Denis, 47 ans, Lionel Robelin, 50 ans et François Rossignol, 50 ans
- ANNEE DE CREATION : 1882
- EFFECTIF : 120 salariés
- CA 2008/2009 : 18,5 MEuros
- RESULTAT NET 2009 : 850 kEuros