Le Petit Basque opte pour des formations inter-entreprises
Pour former ses nouvelles recrues, la PME bordelaise oriente ses salariés vers des sessions inter-entreprises. Leurs atouts? Un prix compétitif et un partage d'expérience enrichissant.
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AVIS D'EXPERT
Cette formule ne convient qu'aux thématiques généralistes
Pour Gérard Baillard, la formation interentreprises, choisie par le Petit Basque, est «à la fois économique et enrichissante pour développer des compétences transversales, puisque les salariés concernés n'exercent pas tous le même métier». Le président de Mercuri International France évoque notamment la possibilité, pour les salariés, «d'aborder des sujets de façon beaucoup plus libre». Mais cette formule a ses limites. «Pour des formations spécifiques, relatives à un métier précis par exemple, l'inter-entreprise n'est pas adapté.» Pour les PME, Gérard Baillard préconise de choisir l'e-learning, soit la formation via le Web, en plus des cours en salle. «Il faudrait recourir aux trois formules, c'est-à-dire des formations inter-entreprises pour des thématiques généralistes, de l'e-learning pour des apprentissages plus personnels et des sessions intra-entreprises pour des formations métier.»
Sur le bureau de Jean- Michel Caillaud, les CV de candidats s'empilent. Et pour cause: le dirigeant du Petit Basque, un fabricant bordelais de produits laitiers, embauche à tour de bras. L'an dernier, cette PME de 66 personnes a accueilli une dizaine de jeunes recrues et, cette année, elle prévoit d'intégrer cinq nouveaux collaborateurs. Mais ce personnel qui va grossir l'effectif de l'usine possède un bagage plutôt généraliste et n'est pas vraiment formé aux méthodes «maison». «Nous recrutons des jeunes titulaires d'un baccalauréat professionnel explique le dirigeant de la PME. Ils doivent donc apprendre nos spécificités, de la transformation de produits laitiers à la conduite de machines de conditionnement, sans oublier la préparation de commandes.»
Un avantage financier indéniable. Pour ce faire, Le Petit Basque organise des sessions de formation interentreprises, c'est-à-dire communes à d'autres sociétés de la région. Un choix d'abord financier, ces formations étant toujours moins coûteuses que les intra, propres à une seule entreprise. Ainsi, l'an dernier, six nouvelles recrues du Petit Basque ont suivi une formation logistique d'une journée à l'AFT-IFTIM, un centre spécialisé. Son coût: 320 euros HT par personne. «Le même stage en intra nous aurait coûté au bas mot 20 % de plus», estime Jean- Michel Caillaud. Sans compter que certaines formations sont subventionnées. C'est le cas d'un stage de communication inter-personnelle, dispensé en 42 heures aux deux collaborateurs de l'entreprise chargés de l'administration des ventes, et dont le coût - 1 700 euros par personne - était exorbitant pour Le Petit Basque. «Fort heureusement, précise Jean-Michel Caillaud, nous avons bénéficié de subventions versées par notre organisme paritaire collecteur [l'Agefaforia, ndlr].» Ces aides, spécifiques aux formations inter-entreprises, ont couvert 70 % de leur coût.
LE PETIT BASQUE >> Repères
- ACTIVITE: Fabrication de produits laitiers
- VILLE: Saint Médard-d'Eyrans (Gironde)
- FORME JURIDIQUE: SAS
- DIRIGEANT: Jean-Michel Caillaud, 60 ans
- ANNEE DE REPRISE: 1982
- EFFECTIF: 66 salariés
- CA 2006: 22 MEuros HT
Autre atout des formations inter: elles mobilisent peu de personnes à la fois. «Dans une petite société, il est difficile de pallier l'absence d'un salarié. Nous nous efforçons donc d'organiser des rotations, afin que le fonctionnement de l'entreprise ne soit pas trop perturbé par les sessions de formation.» Le service administration des ventes, par exemple, n'est composé que de deux personnes, le responsable du service et son assistante. Difficile de les envoyer ensemble en formation sans bouleverser le fonctionnement de l'entreprise! Ces deux salariés se sont donc absentés successivement, afin d'assurer la continuité du service. Avec le recul, le patron du Petit Basque apprécie la souplesse de la formule. «Le contenu pédagogique des stages est adapté au niveau moyen des auditeurs», commente-t-il. L'enseignement lui a semblé d'autant plus fécond qu'il était étayé de cas pratiques et de mises en situation au travers de jeux de rôles. A la fin de la session, les stagiaires ont même pu évaluer leur niveau de connaissances et réaliser un bilan individuel - et confidentiel - avec le formateur.
Un partage d'expérience. Enfin, ces sessions, qui rassemblaient de huit à douze personnes, ont permis aux collaborateurs de la PME bordelaise de partager leurs expériences avec le personnel d'autres entreprises. «En discutant avec d'autres salariés, dont beaucoup appartiennent aussi à la branche agroalimentaire, ils prennent conscience des difficultés rencontrées dans d'autres structures, comme l'organisation du travail, qui impose des cycles de production courts», explique le chef d'entreprise. Pour mesurer l'impact de ces sessions, le dirigeant de la PME n'oublie pas de soumettre à son personnel une grille d'évaluation à la fin de chaque session. «Si le bilan est positif, nous envoyons d'autres collaborateurs suivre la même formation.»
Pourtant, la formule a ses limites. Pour Jean-Michel Caillaud, ces sessions inter-entreprises ne peuvent répondre qu'à des besoins de formation courants. Pour faire face à des demandes plus pointues, par exemple lorsqu'un collaborateur désire compléter son cursus par un Certificat de formation professionnelle (CFP), le Petit Basque a recours à l'intra-entreprise. Avec la lourdeur - tant organisationnelle que financière - que cela implique.
Retrouvez les sociétés citées dans notre carnet d'adresses, page 98.