La voiture du futur, écolo et communicante
L'électricité fera-t-elle bouger la voiture de demain? Le débat fait rage entre ceux qui y croient et ceux qui ont opté pour une autre voie, faute de ventes probantes. Une seule certitude: l'automobile du futur sera plus interactive avec son environnement.
Je m'abonne« Le véhicule de demain devra répondre à trois défis: la raréfaction du pétrole, la nécessité de réduire l'empreinte carbone et le besoin d'améliorer la qualité de l'air », définit Philippe Boursereau, directeur de la communication produit chez Toyota France. Trois enjeux et de multiples moyens d'y parvenir. Le véhicule tout électrique est l'un de ces futurs possibles. Malgré les incitations financières de l'Etat, les ventes de voitures 100 % électriques ne décollent pas: de janvier à juillet 2011, 955 automobiles électriques ont été immatriculées, sur un total d'environ 1,4 million.
La faute à quatre freins: la faible autonomie des véhicules, le poids des batteries, le temps de recharge et le prix d'acquisition. Sans compter la problématique future du recyclage des batteries au lithium. Le parc automobile français reste donc principalement constitué de motorisations diesel ou essence.
ZOOM
La voiture de demain sera-t-elle télépathe? Chaque conducteur apprend à anticiper. Et si l'automobile le faisait à sa place?
En septembre dernier, l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne s'est associée à Nissan pour mener à bien un projet commun. Celui-ci vise, dans un premier temps, à créer un véhicule qui utiliserait la pensée humaine pour diriger la voiture.
L'objectif, à plus long terme, est de créer un système capable d'analyser la pensée humaine, de la corréler avec l'ensemble des informations de l'ordinateur de bord pour anticiper les actions du conducteur. La voiture saura alors que vous souhaitez changer de direction avant que vous ayez tourné le volant.
La voiture hybride en question
Autre piste écologique: la voiture hybride. Celle-ci aussi fait débat. Si les principaux constructeurs ont saisi l'opportunité d'investir ce marché, les points de vue divergent quant à son potentiel. Pour Toyota, le verre est à moitié plein. « La technologie hybride est un moyen d'aller vers l'objectif ultime: un véhicule totalement propre », estime Philippe Boursereau, 100 % convaincu. Pour 2013, le constructeur prévoit 20 % de ses ventes en hybride (contre 11 % en 2011). A contrario, pour Renault, le verre est à moitié vide. L'automobile hybride reste trop chère pour se généraliser. La marque a donc choisi de travailler sur l'amélioration des moteurs actuels. Son but: faire baisser la facture à la pompe tout en offrant des performances équivalentes. « Notre objectif est de concevoir un moteur où chaque goutte d'essence sert à faire rouler la voiture », confie Benoît Bochard, responsable des analyses prospectives de l'offre chez le constructeur au losange (lire l'interview ci-contre). Pour lui, la voiture de demain disposera d'un moteur thermique plus petit et plus efficace, mais aussi d'un châssis plus léger et plus aérodynamique.
Une voiture ultra communicante
Si le débat sur la motorisation du futur est loin d'être terminé, celui de la connectivité ne laisse pas de place au doute. L'automobile du futur sera interactive. Reliée à Internet, elle suggérera une conduite plus écologique au chauffeur et l'alertera des dangers. Cette connectivité s'appuie sur les moyens utilisés pour relier le smartphone au véhicule. A moyen terme, chaque voiture sera équipée d'un boîtier doté d'une carte SIM (comme dans un téléphone) pour se connecter seule. Sierra Wireless est l'un de ces fabricants de boîtiers GSM. Il fournit déjà aux constructeurs (Fiat, PSA Peugeot, Citroën, Volvo, etc.) et aux équipementiers ce composant, mais aussi des services associés. «Aujourd'hui, nous proposons l'appel d'urgence ou l'info trafic live. Demain, les voitures se connecteront à Internet pour recevoir et envoyer des données et communiquer entre elles », commente Olivier Beaujard, vice-président marketing et développement de Sierra Wireless. Mais il précise que la généralisation du boîtier GSM n'est pas pour tout de suite: «Cela nécessite la mise en place des réseaux de téléphonie mobile appelés LTE (Long term evolution) ou 4G», lesquels ne seront pas actifs avant mi- 2013. Reste la question du prix. Au-delà du boîtier, la connexion à Internet n'est jamais gratuite. Les constructeurs estiment que l'accès à un bouquet restreint de services coûtera 5 euros par véhicule, pour une utilisation «raisonnable». Entendez que l'usage ne sera pas illimité.
SAMIR AZZEMOU
- redaction@che/dentreprise.com
TROIS QUESTIONS A Benoît Bochard, responsable de la prospective de l'offre à la direction des produits chez Renault
Pourquoi la motorisation électrique n'est-elle pas la solution envisagée par Renault pour l'avenir?
Selon nos estimations, l'électrique correspond à un besoin qui sera encore minoritaire en 2020 et représentera environ 10 % du marché. Telle qu'elle est pensée aujourd'hui, la voiture électrique est pertinente en milieu urbain pour de petits trajets, donc comme second véhicule d'un foyer. Nous investissons dans la motorisation électrique pour proposer, dès l'année prochaine, des produits qui répondront à ce besoin.
Vous dites travailler à ce que chaque goutte d'essence fasse rouler l'automobile. N'est-ce pas déjà le cas?
Non. De nombreux éléments restent à perfectionner dans la voiture pour en améliorer le rendement. La déperdition de chaleur du moteur, les boîtes de vitesses automatiques, l'aérodynamisme et les pneumatiques sont autant d'éléments négatifs pour le rendement du véhicule. Ce sont des points sur lesquels nous travaillons.
Au-delà de l'aspect économique et écologique, vous travaillez sur l'interactivité de la voiture avec son environnement. Comment l'envisagez-vous?
Aujourd'hui, un ordinateur de bord est capable d'utiliser la connexion d'un smartphone pour donner des informations en temps réel.
Demain, la voiture sera autonome et offrira ces services sans l'aide du mobile. Nous élaborons également un système grâce auquel les voitures communiqueront les unes avec les autres pour alerter les conducteurs des dangers, demander un passage prioritaire pour une ambulance, etc. A terme, les automobiles collecteront des informations depuis les infrastructures urbaines pour aider le conducteur et lui faire gagner du temps.