La grève, au piquet!
@ THOMAS RIBOLOWSKI
CARINE GUICHETEAU Rédactrice en chef
Quel est le meilleur job du monde? Grutier, répond le patronat marseillais. Huit semaines de congés par an, 18 heures de travail hebdomadaires, un salaire de 4 000 euros bruts par mois et un emploi garanti à vie, tels sont les avantages exhibés sur une pleine page du quotidien Les Echos, le lundi 11 octobre. Cette publicité, intitulée «The best job of the world», est l'oeuvre du collectif Touche pas à mon port, créé à l'initiative de l'Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône (UPE13). Excédée par deux semaines de blocage des terminaux pétroliers de Fos-sur-Mer, l'association entend marquer les esprits. Au-delà de l'anecdote, les manifestations ont cadencé le mois d'octobre 2010. La réforme des retraites a conduit dans les rues un à trois millions de personnes, selon les sources. Quant au blocage des raffineries, il fait planer le spectre de la pénurie de carburant et il est en passe de paralyser l'Hexagone. Dans notre économie où le transport routier prédomine, le danger est grand de fragiliser un peu plus les PME qui entrevoyaient à peine la sortie du tunnel, après une crise économique éprouvante. Le chômage technique est aux portes de certaines PME... La liberté des uns s'arrête donc aux droits des autres. Pour rappel, instauré en 1946, le droit de grève est garanti par la Constitution pour permettre aux salariés de revendiquer des améliorations d'ordre professionnel. Un levier que les Français n'hésitent pas à actionner à la moindre occasion, prenant en otage le reste du pays, voire le reste du monde... Si bien que le patron de Ryanair, Michael O'Leary, a demandé à l'Union européenne de retirer le droit de grève aux salariés assurant un service essentiel comme les contrôleurs aériens. « S'ils ne veulent pas travailler, qu'ils soient remplacés par des militaires ou les contrôleurs qui souhaitent travailler! [ ...] Les grévistes sont l'équivalent moderne des bandits de grand chemin », assène le dirigeant qui saisit toutes les occasions pour faire parler de lui.