La fin d'un impôt injuste?
C'est un peu le serpent de mer de la politique fiscale française... La taxe professionnelle (TP), maintes fois réformée, vit peut-être ses dernières heures, du moins sous sa forme actuelle. C'est en tout cas ce qu'a laissé entendre, à plusieurs reprises, le gouvernement. Fin août, lors de l'université d'été du Medef, Eric Woerth, ministre du Budget, avait jeté un pavé dans la mare en évoquant «quelque chose dans le budget 2009». Une promesse sibylline confirmée, depuis, par François Fillon, qui a annoncé une réforme de la TP pour la fin de l'année et a clairement reconnu les défauts de cet impôt qui «pèse sur notre croissance et notre compétitivité», «pénalise ceux qui investissent en France et touche les secteurs les plus exposés à la concurrence internationale».
STEFANIE MOGE-MASSON Directrice de la rédaction
Reste que la suppression de cette manne dont bénéficient les collectivités territoriales - régions, départements et communes - poserait, évidemment, de gros problèmes de financement. L'une des pistes serait de modifier l'assiette de la TP en l'indexant davantage sur le foncier afin de ne plus pénaliser l'investissement. Car c'est le paradoxe de cette exception tricolore: calculée sur la valeur locative des immobilisations corporelles, y compris les équipements industriels, elle pèse plus fortement sur les entreprises qui investissent dans leur outil de production. Bête noire des entrepreneurs, elle est d'ailleurs vilipendée par le Medef, par exemple, qui, depuis des années, réclame sa suppression pure et simple. L'organisation patronale gagnera-t-elle cette bataille? Nul ne peut encore l'affirmer. Mais une chose est sûre: le gouvernement, en s'emparant de ce dossier sensible, a suscité de tels espoirs qu'il ne pourra guère rebrousser chemin.