L'incarnation de la mâle énergie
A peine trentenaire et un CV déjà bien rempli! Marc Ménasé est un serial entrepreneur du Web, qui transforme tout ce qu'il touche en or. Aujourd'hui à la tête de Meninvest, groupe d'e-commerce et de médias à destination des hommes, ce «workalcoholic» enchaîne les projets.
Je m'abonne«Le cerveau est un muscle. Sans stimulation, il s'atrophie. » Albert Einstein? Non, Marc Ménasé. Son métier? Ni médecin, ni athlète. L'homme est entrepreneur. A plein temps. En mode surrégime. Deux semaines de vacances et il a l'impression, à son retour, d'être « bête ». Moins de 18 heures de boulot par jour et « la peur du vide » s'abat sur lui. Une success story renversante et il plaque tout pour « remettre son titre en jeu ». En seulement dix ans de carrière, ce Parisien (31 ans depuis l'été) affiche un palmarès bluffant. Un parcours salarié sans faute chez Kelkoo, la création et le développement de Nextedia (agence de marketing digital), revendue à prix d'or à Lagardère, et le lancement d'une deuxième affaire, Meninvest, voici deux ans, qui démarre sur les chapeaux de roue. Zoom sur ce groupe positionné sur un marché sous-exploité: celui de l'homme dans toute sa splendeur. Il se compose de trois pôles: e-commerce, édition et communication. Le premier axe de la stratégie de Marc Ménasé s'appuie sur des sites de mode: Menlook.com (prêt-à-porter moyen et haut de gamme), Timefy.com (montres), Estime.com (maroquinerie) et Saintsens.com (chemises sur mesure). Le pôle média, ensuite, compte deux web magazines, Menly.fr (mode, tendances) et Autonews.fr (dédié aux univers de la moto et de la voiture). Enfin, Menly est une régie publicitaire qui communique, sur les supports pré cités, les messages de grandes marques.
Une formule gagnante
En 2012, la PME de 75 collaborateurs devrait dégager un chiffre d'affaires de l'ordre de 13 à 16 millions d'euros (75 % via la vente en ligne, 25 % via la publicité). Le dirigeant table même sur 100 millions tout rond à l'horizon 2015! L'internationalisation de l'entreprise, en cours depuis la levée de fonds de 5,6 millions d'euros réalisée au printemps, devrait permettre d'atteindre cet objectif. Compétences, expériences, appétence, il faut dire qu'aucune inconnue ne figure dans l'équation. La preuve. Diplômé en 2001 de l'Ecole supérieure de gestion de la capitale, Marc Ménasé débute sa carrière dans des banques d'affaires. Trop rigide, trop académique, trop... ennuyeux. Le jeune homme intègre alors Kelkoo, un pionnier des comparateurs de prix en pleine croissance où, en tant que directeur des partenariats e-commerce, il apprend vite à évoluer sur le marché, encore en friche, du business sur Internet. L'expérience a beau s'avérer «formidable», trois ans plus tard, il démissionne. L'heure est venue pour lui de «bâtir une société de [ses] propres mains». Ce sera chose faite avec AddviseMedia (renommée Nextedia à la suite d'une fusion), une agence spécialisée dans le marketing sur le Web, qui travaille avec des grands noms tels que PriceMinister, Cdiscount ou encore LVMH.
SES PREMIERES FOIS
Sa première rencontre professionnelle déterminante
« Il a matérialisé l'entrepreneuriat pour moi. » C'est ainsi que Marc Ménasé résume l'impact que Pierre Chappaz, son patron durant trois ans lors de son passage chez Kelkoo, a eu sur son avenir professionnel. Ce mentor, aujourd'hui dirigeant d'Ebuzzing (publicité vidéo), l'a élégamment laissé partir pour monter son propre groupe. Aujourd'hui, le jeune dirigeant détient des parts dans les affaires de celui qui a fini par devenir, au fil des ans, son ami.
Sa première récompense
En novembre dernier, lors de la cinquième édition de la cérémonie de remise des prix Favor'i du e-commerce 2011, Marc Ménasé reçoit pour Menlook.com le prix de bronze de la catégorie Espoir de l'e-commerce de la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad). Il se classe troisième derrière Expertissim.com (premier) et Pompe-a-biere.com (deuxième). Un palmarès suivi de près par les investisseurs. « L'aura et la légitimité de la Fevad confèrent beaucoup de valeur à ce Favor'i qui a, en outre, salué les efforts de tous mes collaborateurs », estime le chef d'entreprise.
BIO EXPRESS
1981
Naissance à Paris
2001
- Termine ses études à l'Ecole supérieure de gestion (Paris)
- Intègre Kelkoo en tant que directeur des partenariats e-commerce
2004
Quitte Kelkoo et crée AddviseMedia (renommée ensuite Nextedia)
2007
Vend Nextedia au groupe Lagardère
2009
Quitte le groupe Lagardère
2010
Lance le groupe Meninvest
SES DERNIERES FOIS
Son dernier gros coup
Au printemps dernier, une levée de fonds d'un montant de 5,6 MEuros, auprès d'Orkos Capital, de 123Venture et de ses actionnaires historiques, marque le top départ de l'internationalisation du groupe. Ce tour de table, qui intervient à la suite du lancement de la version anglophone de Menlook.com, va permettre à la PME « de s'entourer de talents et d'investir dans les technologies d'avenir tout en jouant sur plusieurs marchés », dixit son dirigeant. D'ici à la fin de l'année, le site sera disponible dans toutes les langues européennes.
Son dernier engagement entrepreneurial
Rayonner au-delà de nos frontières n'empêche aucunement Marc Ménasé de réfléchir à l'avenir du secteur digital en France. Pour preuve, le trentenaire lance, voici quelques mois, France Digitale aux côtés de Marie Ekland, associée chez Elaia Partners (société de capital investissement focalisée sur les technologies logicielles). Cette association, qu'il copréside, a pour ambition de faciliter l'investissement dans les entreprises numériques innovantes. Ils ont l'oreille de Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des PME, de l'Innovation et de l'Economie numérique. Une centaine de sociétés sont déjà adhérentes.
L'adrénaline de la création
Une autre page se tourne à nouveau trois ans plus tard, lorsqu'il revend ce qui est devenu une affaire prospère et prometteuse au groupe Lagardère. Assis trop confortablement dans le fauteuil de directeur général, Marc Ménasé sent que sa matière grise s'excite de moins en moins. Certes, les chiffres de Nextedia sont plus que satisfaisants. Certes, il reste responsable de son « oeuvre» au quotidien. Mais, au fait, comment s'appellent les deux salariés croisés cinq minutes plus tôt dans le couloir? Ses neurones s'agitent. Pas de réponse pourtant. «Il me fallait revenir aux fondamentaux du métier d'entrepreneur», explique l'intéressé. En 2010, il embarque quelques collègues dans l'aventure, qui eux-mêmes en entraîneront d'autres par la suite, et Meninvest est lancé. «Ma force, c'est l'addition d'une vision et de talents.» Pour un résultat qui ne passe pas inaperçu. Fin 2011, l'attribution du prix de bronze Espoir de l'e-commerce de la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad) braque les projecteurs sur lui. Il vient également d'être élu Homme e-commerce de l'année 2012, trophées organisés par nos confrères du magazine E-commerce. L'occasion de faire son numéro? Vous ne le verrez jamais distribuer des cartes de visite par dizaines dans des clubs professionnels ou parader dans des soirées. Le chef d'entreprise profite plutôt de l'attention qu'il attire pour véhiculer des valeurs qui lui sont chères: le courage, la détermination et le travail. « J 'espère représenter un modèle pour les jeunes, loin du patron profiteur ou endormi», lance-t-il, avant de préciser son implication en tant que business angel dans pas moins de 30 TPE depuis 2005.