L'Innovation est-elle à la portée des PME?
Programme «PME Innovation», Agence de l'innovation industrielle... La France encourage les entreprises à innover. Les PME tricolores, qui accusent un retard par rapport à leurs homologues européennes, sont une cible privilégiée de ces dispositifs.
Je m'abonneLa France n'est pas le pays de l'innovation, à en croire l'Insee. D'après une étude parue en juin 2006, les entreprises françaises déposaient trois fois moins de brevets }ue leurs voisines allemandes. Pire: avec un ratio de dépenses en R & D équivalent à 1,36 % du PIB, leurs efforts dans ce domaine seraient inférieurs à la moyenne des pays de OCDE (1,51 %). Pourtant, les entreprises hexagonales, et en particulier es petites, semblent avoir des idées à revendre. «La plupart des PME que jous interrogeons sont conscientes de 'urgence qu'il y a à innover», relève Jean-Marc Durand, directeur du développement et de l'évaluation chez Oséo, organisme de financement et d'accompagnement des 3ME. Une affirmation corroborée :>ar une enquête Oséo réalisée en liai 2005 auprès de 1 000 PME: 56 % des chefs d'entreprise affirmaient avoir une ou plusieurs idées l'innovation en attente de réalisation.
Pourtant, il y a loin de la coupe aux lèvres. «Pour innover, encore faut-il avoir une culture de l'innovation, souligne Thierry Macé, conseiller en développement innovation à la CCI de Lens. Culture que beaucoup de patrons de PME croient réservée aux grandes entreprises.» D'autres freins existent. Au premier rang desquels le manque de disponibilité du dirigeant, cité par 59 % des patrons interrogés par Oséo. Le manque de ressources financières, la difficulté d'accès au crédit, puis la crainte de l'échec viennent ensuite. «Les PME fonctionnent à flux tendus, constate Alexandre Labé, responsable du pôle marketing au sein du cabinet de conseil en innovation Actemis. Elles ne prennent pas le temps de réfléchir à leur avenir.» Seul moyen de casser ce cercle vicieux? «Apprendre à déléguer», répond Jean-Marc Durand d'Oséo. Mais là encore, les PME se montrent frileuses. «Le recrutement d'un numéro deux implique un profond changement structurel poursuit l'expert. Or, en France, les dirigeants répugnent à partager le pouvoir, a fortiori lorsque cela implique de mobiliser des ressources financières importantes.» Autre critique fréquemment formulée à rencontre des entreprises tricolores: la difficulté à penser «marketing» et «stratégie commerciale» après avoir investi du temps et de l'argent en recherche technique. «Les entreprises ont du mal à anticiper les besoins et les contraintes du marché, indique Patrice Heyde, directeur de l'Arist Rhône- Alpes, l'agence régionale d'information stratégique et technologique. Elles concentrent leurs efforts sur l'invention, et beaucoup moins sur la viabilité commerciale des produits.» Enfin, dernière cause de leurs difficultés: le manque de compétences en interne, «qui les empêche de se projeter dans l'avenir», souligne François Prévost, fondateur du cabinet de conseil en innovation Time to Market. Un manque d'autant plus dommageable que, poursuit l'expert, «l'externalisation des prestations intellectuelles n'est pas encore entrée dans les moeurs en France. Les dirigeants cultivent le secret. Ils ont une vision patrimoniale de leur entreprise, qui ne les incite pas à prendre conseil à l'extérieur.»
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YVES WENDZINSKI, p-dg de Cellial Technologies
Nous bénéficions du savoir-faire d'un laboratoire académique
Cellial Technologies est le fruit d'un partenariat public/privé réussi. Créée en 2001 par le professeur Roméo Cecchelli, directeur de laboratoire à l'Université d'Artois, à Lens, et aujourd'hui conseiller technique de l'entreprise, la PME partage son labo avec celui de l'université. Détentrice d'une licence d'exploitation, l'entreprise valorise, pour le compte de l'industrie pharmaceutique, le résultat de quinze années de travaux de recherche universitaire. Son créneau? Une technique permettant d'évaluer l'efficacité de médicaments visant à lutter contre les maladies chroniques dégénératives. «Sans le laboratoire, nous n'aurions pas pu voir le jour, assure Yves Wendzinski, actuel p-dg de Cellial Technologies. Car contrairement aux nouvelles technologies, la recherche en biologie nécessite des investissements très lourds et des compétences techniques qu'il nous est difficile de nous procurer en interne.» Pour débuter, la petite PME a vendu ses services aux laboratoires pharmaceutiques. En 2002, une première levée de fonds de 600000 Euros lui a permis de développer, puis de commercialiser, des kits permettant aux laboratoires de réaliser ces tests en interne. Parmi les contributeurs figurent le conseil régional du Nord-Pas-de- Calais, Oséo et la direction régionale du commerce extérieur. S'il réalise aujourd'hui 40 % de son CA à l'export, Yves Wendzinski n'envisage pas de se défaire de son attache universitaire avant au moins trois ans. «Dans notre secteur, le retour sur investissement s'atteint au bout de cinq à dix ans. Comme nous sommes obligés, pour progresser, d'investir 15 % de notre chiffre d'affaires dans la recherche, nous avons non seulement besoin des aides d'Oséo, mais aussi de l'appui de la recherche publique.»
CELLIAL TECHNOLOGIES - Repères
- ACTIVITE: R&D et commercialisation de produits et services pour l'industrie pharmaceutique
- VILLE: Lens (Pas-de-Calais)
- FORME JURIDIQUE: SA
- DIRIGEANT: Yves Wendzinski, 40 ans
- ANNEE DE CREATION: 2001
- EFFECTIF: 10 salariés
- CA2005: 650000 euros
L'innovation à la portée de tous. Au fond, les PME ne mettent-elles pas tout simplement la barre trop haut?
N'innovent-elles pas sans le savoir? C'est l'avis d'Alexandre Labé, qui dédramatise la notion d'innovation: «Rester à l'écoute de son marché, c'est déjà faire preuve d'un esprit innovant», estime-t-il. «L'innovation n'est pas réservée à la haute technologie», renchérit Gérard Huot, président de la chambre de commerce et d'industrie (CCI) de l'Essonne. En 2006, elle a créé Innovapole, une plateforme destinée à favoriser l'ancrage d'entreprises innovantes dans le territoire essonnien, en mettant en relation les porteurs de projets avec de nombreux partenaires. Pour Gérard Huot, «innover, c'est trouver une idée qui apporte une solution à ce que le marché attend, ainsi qu'un avantage compétitif à l'entreprise». Comme l'explique Jean-Marc Durand d'Oséo, «il peut s'agir de la modification d'un produit existant. Innover est à la portée de tous, résume-t-il. N'importe quel produit de consommation courante peut être innovant s'il génère une forte valeur ajoutée et vous procure un avantage concurrentiel.» Nord Technique, PME de 10 salariés spécialisée dans la maintenance de mobilier urbain, a choisi, en 2002, de franchir une étape de développement en concevant sa propre gamme de produits. Son innovation: un mobilier urbain personnalisé en fonction des attentes des collectivités locales. Aujourd'hui, ses poubelles «Vigipi- rate» équipent le métro de Lille. Mieux: l'entreprise est sur le point de commercialiser un abribus «éco- conçu», réalisé à partir de matériaux recyclables et qui s'éclaire à l'énergie solaire. Pour développer cet abribus pas comme les autres, Nord Technique a investi 15 000 Euros et a noué un partenariat commercial avec un cabinet de design industriel, Axone Design. Chargé d'apporter une touche d'originalité au mobilier urbain, tant au niveau des couleurs que des formes, ce cabinet a été, pour la PME nordiste, plus qu'un simple prestataire. En cas de réponse positive à un appel d'offres, Nord Technique lui rétrocède une commission équivalant à 5 % du prix de vente, en plus des frais fixes.
L'originalité est l'une des recettes des PME innovantes. Bertrand Roy, dirigeant de Skis Lacroix, un fabricant de skis de 70 salariés installé à Lyon, sait en faire preuve. Conscient qu'il ne ferait pas le poids face aux géants du secteur, il n'investit pas dans le segment du ski de compétition. «L'innovation doit être au service de la stratégie d'entreprise. La nôtre consiste à nous positionner sur la niche du ski de luxe.» Ainsi, en reprenant la société en 1999, il investit d'emblée dans un service de recherche et développement employant quatre ingénieurs, soit une masse salariale de 480 000 Euros bruts par an. En outre, la PME a recours à des consultants extérieurs, chargés de tester les nouveaux skis et de conforter sa visibilité auprès du grand public. Dans cette optique, l'entreprise s'est offert les services du champion olympique de descente Jean-Luc Crétier. «Grâce à ces partenariats, nos skis ont gagné en légèreté, en performance et en design», affirme Bertrand Roy.
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GERARD HUOT, président de la chambre de commerce et de l'industrie de l'Essonne
Innover, c'est trouver une idée qui apporte une solution à ce que le marché attend, ainsi qu'un avantage compétitif à l'entreprise.
Innover, une question de survie. Cette recherche d'originalité permet à de petits entrepreneurs de faire face à la concurrence des grands groupes et des producteurs des pays à faible coût de main-d'oeuvre. «L'innovation est la seule manière de générer de la valeur, estime François Prévost, de Time to Market. Les produits ont un cycle de vente. Innover, c'est comme remettre du carburant dans le moteur.» L'exemple de Pierre Nieuviarts est éloquent. Le patron d'Oxades, une PME de 70 salariés spécialisée dans la transformation de fruits en morceaux, prend conscience, dès le début des années 2000, de la nécessité de s'organiser face la concurrence des pays asiatiques et africains. En 2003, pour contrer l'érosion de sa marge, il investit 1 MEuros dans une installation de chauffage ohmique, une méthode de stérilisation des aliments par courant électrique. Il dépose un brevet qui lui permet de développer des purées de fruits pour le marché de la pâtisserie et des glaces industrielles. Deux ans plus tard, ces deux innovations pèsent 50 % de ses recettes. Avec le recul, Pierre Nieuviarts a retenu la leçon: «Le plus important est d'entretenir une démarche d'innovation. Il faut en permanence réinvestir et ne jamais se reposer sur ses lauriers». D'ailleurs, malgré des marges relativement faibles, Oxades consacre 1,5 % de son budget à la recherche.
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DENIS QUATTROCCHI, p-dg d'Antésite
Pas simple d'innover quand on est une PME
A la tête de la petite fabrique iséroise de l'Antésite, ce célèbre concentré qui, une fois dilué dans l'eau, donne une boisson désaltérante à base de réglisse, Denis Quattrocchi pourrait bien se passer d'innover. «Sur des produits aussi traditionnels que le nôtre, ce n'est pas indispensable», reconnaît-il. Et pourtant, quand on est une PME qui doit affronter des géants ultra innovants, la recherche marketing devient vitale. «C'est le seul moyen de compenser l'érosion des marges.» Le dirigeant a donc décide de lancer une gamme de produits dérivés de l'Antésite, des desserts et confiseries à la réglisse. L'idée en poche, il adhère à Optiréseaux, un groupement de PME rhônalpines de l'agroalimentaire qui accompagne les entreprises dans leur démarche d'innovation. Concrètement, Denis Quattrocchi fait réaliser un diagnostic pour valider son concept. Sur un budget de recherche de 35 000 Euros, Denis Quattrocchi n'en débourse que 8000, le reste étant financé par la région, le ministère de l'Agriculture et le Fonds social européen. Résultat? Pari gagné pour Antésite, qui dévoilera, en 2007, une gamme de 4 ou 5 produits à fort potentiel. Un bémol cependant: pour les fabriquer et les lancer sur le marché, Antésite devra investir 240000 Euros, dont la moitié pour les commercialiser en grande surface. Une partie de cet investissement devrait être couverte par les aides d'Oséo.
ANTESITE - Repères
- ACTIVITE: Fabrication d'extraits de réglisse et aromatisation de boissons
- VILLE: Coublevie (Isère)
- FORME JURIDIQUE: SA
- DIRIGEANT: Denis Quattrocchi, 52 ans
- ANNEE DE CREATION: 1898
- EFFECTIF: 40 salariés
- CA 2005: 7 millions d'euros
Les clés pour innover. S'il n'y a pas de recette pour faire émerger l'innovation, il existe certains pré-requis. Utilisant la métaphore du pot de fleurs, François Prévost, du cabinet Time to Market, souligne la nécessité de réunir trois facteurs: un contexte d'entreprise favorable à l'émergence des idées (le pot de terre), des collaborateurs créatifs (les fleurs) et une méthode (l'eau). Le premier facteur, le contexte, repose sur le chef d'entreprise: «Il doit faire participer ses collaborateurs en les impliquant dans la recherche d'idées nouvelles.» Fran çois Vix, dirigeant d'Isocell, une PME spécialisée dans les biotechnologies, va très loin dans cette démarche de «brainstorming». Il a mis en place un site de recherche communautaire (www.glisodin.org), dédié à tous ceux qui s'intéressent à un complément alimentaire mis au point par Isocell, baptisé Glisodin. «Plusieurs universités nous ont contactés par ce biais, notamment au Japon, se réjouit-il. Elles ont ainsi travaillé à deux nouvelles applications de notre produit, dans le traitement du cancer et du diabète.»
Deuxième facteur: les hommes. Mais comment attirer les cerveaux quand on est une PME en mal de moyens et de notoriété? Certains dispositifs peuvent aider à financer une partie du salaire d'un ingénieur. Citons l'aide au recrutement pour l'innovation d'Oséo, une subvention qui couvre jusqu'à 50 % des dépenses de l'entreprise durant l'année qui suit l'embauche. Faire appel à des stagiaires peut aussi être une bonne solution. Autre piste: les contrats Cifre (Conventions industrielles de formation par la recherche), qui associent, autour d'un projet de recherche, un laboratoire, une entreprise et un jeune doctorant. Leur principal avantage est d'ordre financier: le doctorant perçoit une rémunération annuelle supérieure ou égale à 20 215 Euros bruts, dont 14 635 Euros sont financés par l'Association nationale de la recherche technique (ANRT), responsable de la gestion et de l'animation des conventions Cifre pour le compte du ministère de la Recherche. «Cela permet à la PME de bénéficier des compétences d'un laboratoire extérieur, chargé d'encadrer le candidat de façon à lui donner une formation de qualité, note Philippe Gautier, chef adjoint du service Cifre. C'est aussi un moyen déformer un futur ingénieur pour ses propres besoins.» D'ailleurs, d'après les chiffres de l'ANRT, 80 % des doctorants restent dans le secteur de l'entreprise après l'obtention de leur diplôme final, dont la moitié dans celle où ils ont accompli leur contrat Cifre. Une bonne nouvelle pour des PME qui, en accueillant un jeune talent en Cifre, consentent un important sacrifice financier. Bien sûr, un contrat ''classique«est également possible. Mais les rémunérations, dans les petites structures, ne sont pas toujours en phase avec les exigences des jeunes diplômés. Clémentine Gallet codirige Coriolis Composites, une PME lyonnaise spécialisée dans l'automatisation de la production de pièces industrielles. Elle l'avoue: avec ses 500000 Euros de CA annuel, elle n'a pas les moyens de rivaliser, en termes de politique salariale, avec les grands de l'industrie. «Alors, pour attirer les talents, nous nous efforçons de pratiquer un management souple et motivant», confie-t-elle. Pour susciter l'intérêt des jeunes diplômés, certaines PME vont jusqu'à leur ouvrir leur capital. Didier Seillier, président de l'éditeur de logiciels Fimasys, a ainsi mis en place un plan d'épargne entreprise destiné à l'ensemble de ses salariés et propose même des stocks-options à ses collaborateurs clés.
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Les poubelles Vigipirate transparentes et amovibles de la PME Nord Technique équipent le métro de Lille.
Enfin, dernier facteur: la méthode. Sur ce point, n'hésitez pas à vous faire accompagner par un spécialiste. En matière de veille scientifique et technologique tout d'abord. L'idéal est de faire appel à un cabinet spécialisé pour surveiller les brevets et les publications scientifiques, ou à des organismes comme les Arist (Agen ces régionales d'information stratégique et technologique), qui proposent des abonnements de 1 000 à 6 000 Euros par an suivant la complexité de la veille et le degré d'accompagnement. A titre d'exemple, l'Arist Rhône-Alpes propose un service de renseignements ponctuels, Stratinfo. L'abonnement est facturé au trimestre en fonction de la consommation de l'entreprise, la prestation horaire basique s'élevant, en moyenne, à 90 Euros HT. «Commencez par les brevets qui ont été déposés dans votre secteur», conseille Claire Lemonnier, d'ID Novation, un cabinet de veille technologique et de recherche documentaire. Chez ID Novation, le coût d'une veille simple, avec trois à quatre comptes rendus par an, varie entre 120 et 400 Euros HT. Ensuite, concernant l'innovation proprement dite, s'il revient à l'entreprise de savoir ce qu'il faut «inventer», divers prestataires peuvent lui apporter un soutien technique et méthodologique. C'est le cas de l'Adrianor (Association pour le développement de la recherche appliquée aux industries agro-alimentaires des régions du Nord), un centre de recherche qui aide les PME nordistes à développer de nouveaux produits. «Les PME sont proches de leur marché, elles détectent donc rapidement les nouveaux besoins, constate Christine Chéné, dirigeante de l'Adrianor. Mais elles sont souvent démunies face aux problématiques techniques engendrées par leurs projets d'innovation.» Faciliter le passage de l'idée au prototypage: tel est le rôle d'un autre centre privé de R & D, baptisé Provence Technologie et basé à Marseille. «Les PME n'ont pas la logistique suffisante pour faire de la R&D en interne, explique Michel Féraud, fondateur de ce centre. Ici, elles ont accès aux mêmes savoir-faire que les grandes entreprises.» Coût de la prestation? Entre 800 et 1 200 Euros HT la journée, avec complément financier en cas de succès commercial. Un tarif d'autant plus abordable que les clients peuvent bénéficier d'un crédit d'impôt recherche (lire notre encadré ci-contre). Et si vous jugez ce prix encore trop élevé, sachez que d'autres solutions existent. Nouer un partenariat avec une grande entreprise, adhérer à un groupement d'action collective régionale comme un pôle de compétitivité. . . Pour attirer des compétences, ce ne sont donc pas les outils qui manquent. A condition de savoir mobiliser les ressources adéquates. En cela, les chambres de commerce et d'industrie peuvent vous apporter un précieux soutien. «Nous aidons les entreprises à élaborer leur stratégie d'innovation et à rechercher les financements appropriés», souligne Thierry Macé, de la CCI de Lens.
PRATIQUE
- LANCEMENT D'UN BREVET GRATUIT En décembre dernier, le ministre des PME, Renaud Dutreil, annonçait le lancement d'un plan «premier brevet gratuit». Ce dernier, qui coûte habituellement 464 euros (avec la réduction accordée aux PME sur les redevances d'instruction), sera financé conjointement par le ministère des PME et Oséo. Objectif: tripler le nombre annuel de PME françaises déposant un brevet.
DIDIER SEILLIER, président de Fimasys
«Pour attirer les jeunes ingénieurs nous proposons un plan d'épargne entreprise
VADE MECUM
La panoplie des aides à l'innovation pour les PME
1 L'AIDE AU PROJET INNOVANT
Il s'agit d'une avance à taux zéro, qui finance jusqu'à 50 % du projet. Cette aide permet aux PME de financer la conception, la définition et la réalisation d'un projet innovant qui présente des perspectives concrètes de commercialisation. Le montant moyen est de 200 000 Euros. L'avance est remboursable en cas de commercialisation.
2 LE PRET PARTICIPATIF D'AMORCAGE
Destiné aux PME de moins de cinq ans bénéficiant d'une aide à l'innovation d'Oséo-Anvar, ce prêt vise à créer les conditions favorables pour permettre l'intervention d'un fonds d'amorçage ou d'une société de capital-risque. Avantages: le prêt peut être accordé immédiatement et aucune garantie n'est exigée sur les actifs de l'entreprise ni sur le patrimoine du dirigeant. D'une durée de huit ans, il varie de 50 000 à 75 000 Euros (jusqu'à 150 000 Euros avec les aides régionales), selon le montant de l'apport en fonds propres.
3 L'AIDE AU RECRUTEMENT POUR L'INNOVATION
Cette aide, distribuée aux PME sous forme de subvention, facilite le recrutement de salariés à Bac +5, docteurs et post-doctorants, pour structurer leur activité de R & D. Egale à 50 % du salaire versé la première année d'embauché, elle est plafonnée à 25 000 Euros pour les ingénieurs et à 27 000 Euros pour les docteurs.
4 LA PRESTATION TECHNOLOGIQUE RESEAU
Plafonnée à 5 000 Euros HT par an, cette subvention s'adresse aux PME peu familiarisées avec l'innovation. Elle permet de financer des pré-études technologiques, des essais et des études de marché.
5 LE CONTRAT DEVELOPPEMENT INNOVATION (CDI)
Il s'adresse aux PME de plus de trois ans qui engagent un programme d'innovation (lancement industriel d'un produit, développement d'une technologie innovante...). Son objectif: faciliter le financement des investissements immatériels, comme un besoin en fonds de roulement. D'une durée de six ans, le CDI est un prêt sans garantie ni caution personnelle de 40 000 à 400 000 Euros, avec un allégement du remboursement la première année.
6 LE FONDS DE GARANTIE INNOVATION
Ce fonds, plafonne a 1,5 MEuros, s'adresse aux PME de plus de 3 ans qui souhaitent obtenir un concours bancaire pour financer des investissements immatériels. Il intervient sous forme de garantie du concours bancaire, à hauteur de 60 %.
7 LA MOBILISATION DU CREDIT IMPOT RECHERCHE
Il bénéficie aux entreprises ayant un excédent de crédit impôt recherche pas encore imputé sur l'impôt sur les sociétés. Il permet à l'entreprise de disposer immédiatement de trésorerie. Il s'agit d'un financement de 30 000 Euros minimum, plafonné à 10 MEuros par an et par entreprise.
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FABIEN DURAND, président de Naturetis
Pour bien innover, il faut se faire conseiller
Etre innovant ne suffit pas, il faut aussi savoir tirer profit de ses innovations. Naturetis y est parvenue grâce à Actemis, un cabinet de conseil en innovation. «Au départ, raconte Fabien Durand, nous avions développé un procédé d'extraction des principes actifs des végétaux, mais nous n'avions pas défini comment valoriser cette technique.» Se positionner en tant que fabricant d'extraits végétaux et proposer ses produits a des concepteurs de compléments alimentaires? Ou bien en tant que start-up dans le domaine des biotechnologies et proposer ses services à l'industrie pharmaceutique? Ou encore utiliser cette technique pour fabriquer une gamme de produits cosmétiques? «Actemis a su nous révéler les potentialités de notre innovation et nous poser les bonnes questions pour nous aider à choisir la meilleure voie.» Ex-responsable du développement produit d'une entreprise de cosmétiques, Fabien Durand s'était constitué un carnet d'adresses dans le secteur. Un capital qu'Actemis lui a conseillé de faire fructifier. De même, le cabinet a aidé la PME dans la conduite d'une analyse de ses marchés. «Ils ont mis en lumière les avantages et les inconvénients de chacun. Le domaine de la cosmétique bio, qui attire aujourd'hui de plus en plus d'acteurs, apparaissait, à l'époque, comme une niche.» Finalement, Fabien Durand résume ainsi l'action du cabinet de conseil en innovation: «Ils nous ont aidés à planter la flèche dans le centre de la cible.»
NATURETIS - Repères
- ACTIVITE: conception et fabrication de cosmétiques certifiés Bio
- VILLE: Vichy-Hauterive (Allier)
- FORME JURIDIQUE: SAS
- DIRIGEANT: Fabien Durand, 35 ans
- ANNEE DE CREATION: 2005
- EFFECTIF: 3 salariés
- CA 2006 (PREVISIONNEL): 75 0000 euros
Le maquis des aides.
Car le financement reste un obstacle majeur pour beaucoup de petites structures. D'autant que dans le maquis des aides à l'innovation, seul un spécialiste peut s'y retrouver. De fait, l'Etat, par l'intermédiaire d'Oséo, multiplie les incitations, comme l'avance à taux zéro, remboursable en cas de succès. Oséo intervient également comme garant auprès d'établissements financiers, grâce à des fonds de garantie alimentés par l'Etat. Autre coup de pouce précieux, les prestations technologiques réseau (PTR) sont réservées aux entreprises qui n'ont pas obtenu d'aide technologique depuis deux ans. Elles permettent de financer jusqu'à 75 % d'une prestation externe. Pour les entreprises existant depuis plus de trois ans, un contrat de développement innovation a été mis en place en 2005. Vous pouvez également bénéficier d'un crédit d'impôt recherche. Mais ces dispositifs suffisent rarement à couvrir les besoins des entreprises. Les banques? «Elles sont souvent réticentes à prêter de l'argent aux entreprises pour investir dans des domaines autres que la haute technologie», esti me François Prévost, de Time to Mar ket. Certaines entreprises se tournent donc vers des modes de financement alternatifs, comme le capital-risque. Après avoir remporté deux concours du ministère de la Recherche, qui leur ont permis de créer en 2000 la société Coriolis Composites, Clémentine Gallet et Alexandre Hamlyn ont eu besoin de capitaux supplémentaires pour développer leur projet. «Au total, nous avons levé près de 400 000 Euros, qui nous ont permis dépasser de la phase de R&Dàla phase industrielle», confie la dirigeante. Mais la partie n'était pas gagnée d'avance. En cause: «la frilosité de beaucoup de financiers», selon Clémentine Gallet. Le gouvernement a tenté de répondre au problème en créant France Investissement en novembre 2006. Objectif: réunir 3 MdEuros sur six ans au profit des entreprises de croissance, celles qui innovent le plus souvent. Du côté des sociétés de capital-risque, on estime que les freins sont aussi culturels: «Les dirigeants de PME ont parfois des réticences à ouvrir leur capital, remarque Pascal Voulton, président du directoire de Sofimac Partners, une société de capital-risque qui s'adresse aux PME du Centre et de la région g , lyonnaise. Ils craignent de ne plus être maîtres de la situation.» Alors pas assez d'offre ou pas assez de demande? Chez Sofimac Partners, on estime que 5 % seulement des PME françaises ont ouvert leur capital. Une belle marge de progression en perspective. . .
PROPRIETE INDUSTRIELLE
Pensez a protéger vos innovations!
Pourquoi est-il si important de déposer un brevet?
«Imaginez... Vous avez investi du temps et de l'argent dans une innovation, explique Antoine Réty, délégué régional de l'Institut national de la propriété industrielle (INPI)à Lyon. Puis, vous voyez votre trouvaille pillée par une société qui aura les ressources nécessaires à une campagne marketing lui permettant de tirer le meilleur profit de votre produit...» Voilà au moins une première raison de vous méfier. Sans compter qu'une politique de propriété industrielle structurée vous protégera de la contrefaçon. Au-delà de cet aspect «défensif, Antoine Réty rappelle que cela permet aussi de se développer. «Les brevets figurent à l'actif de votre bilan, explique le spécialiste. Et peuvent attirer les capitaux-risqueurs.» Enfin, parce qu'il contribue à donner une image positive de l'entreprise, le brevet peut aussi constituer un argument de négociation commerciale. C'est ce qui ressort d'une étude, menée en 2003 et 2004, par Oséo-BDPME et l'Observatoire de la propriété intellectuelle auprès de PME françaises ayant déposé un brevet en 1999: les deux tiers des répondants reconnaissent que leurs brevets ont eu un impact positif sur l'obtention de marchés en France et la moitié sur l'obtention de marchés à l'international. En France, déposer un brevet à l'INPI coûte 620 Euros mais les entreprises de moins de 250 salariés bénéficient d'une réduction de 25 %. A cela s'ajoute une taxe annuelle pour le maintien en vigueur du brevet.
Rens.: www.inpi.fr