Jeu et formation, un cocktail gagnant
Une formation réussie est une formation dont les stagiaires se souviennent. Or, sur ce terrain, les stages ludiques se démarquent. L'utilisation du jeu permet en effet, d'impliquer davantage les salariés et favorise la mémorisation des messages-clés.
Je m'abonneS'initier au management en jouant au poker ou bien valider ses acquis en participant à un pastiche de «Questions pour un champion». C'est le principe des formations par le jeu. Une méthode pédagogique innovante, souvent étonnante et qui donne de bons résultats. Selon une étude du cabinet Gartner, publiée en 2006 (
Des formations hétéroclites, il faut dire que cette méthode pédagogique s'est développée et que les approches et les modules proposés sont de plus en plus variés. [ls vont des jeux de plateau ou de société (sur le principe du Trivial Pursuit, avec des questions posées en relation avec votre entreprise 2t la formation choisie), aux jeux vidéo (autrement appelés «Serious 3am.es»), en passant par les jeux de cartes (comme le poker). Sans parier des jeux de rôles, dans lesquels les stagiaires endossent des personnages fictifs. «Le jeu est un accélérateur de compréhension», affirme Jean-Louis Muller, directeur à la Cegos et spécialiste des formations ludiques. Pour lui, cette pédagogie favorise la mémorisation du contenu et donc sa mise en application dans le quotidien des stagiaires. En outre, Bruno Hourst, expert en formation ludique et auteur du livre Modèles de jeux déformation (
Les formations ludiques favorisent également la cohésion entre les stagiaires. Le jeu permet, en effet, aux collaborateurs de se côtoyer d'une façon un peu décalée et dans un autre contexte que celui de l'entreprise. Un décloisonnement efficace pour développer l'esprit d'équipe.
Un déficit d'image à combler. Dès lors, pourquoi les PME ne sont-elles pas plus friandes de cette méthode pédagogique? «Elle jouit encore d'une mauvaise image car, pour certains dirigeants, l'apprentissage ne peut exister que dans un environnement très sérieux», affirme Jean-Louis Muller. Une réticence parfois fondée. L'expert concède, en effet, que certains stagiaires qui participent à une formation ludique peuvent «décrocher» de l'objectif: «Parfois, ils se laissent prendre par leur envie de gagner et perdent de vue le but de la formation», souligne-t-il. Le rôle du formateur est, ici, très important, car il doit suivre de près le groupe et, le cas échéant, recadrer les collaborateurs.
Autre écueil souvent mis en avant: les formations ludiques sont-elles applicables à toutes les disciplines? Ou bien sont-elles surtout adaptées à des thématiques de type comportemental, telles que le management, les achats ou encore la vente? Pour Jean-Louis Muller (Cegos), tous les sujets peuvent être enseignés par le jeu. Même dans le cadre de formations très techniques: «Par exemple, pour des conducteurs de machines, on peut imaginer un jeu des erreurs durant lequel les stagiaires doivent détecter celles que le formateur commet en maniant un appareil», illustre-t-il.
Reste la question épineuse du prix. La fourchette est très large. Elle dépend du jeu choisi, de l'organisme sollicité, du nombre de jours de formations, du nombre de collaborateurs, du temps qu'il faudra pour développer un jeu sur mesure, etc. Ainsi, certaines formations ludiques sont dispensées aux mêmes tarifs que les formations classiques (environ 3 500 euros HT la journée). D'autres peuvent atteindre des dizaines de milliers d'euros... Pour choisir la bonne formation, c'est donc à vous déjouer!
JEAN-LOUIS MULLER, spécialiste des formations ludiques à la Cegos
Les formations ludiques sont encore mal perçues. Pourtant, le jeu est un accélérateur de compréhension.
FOCUS
Les «Serious Games» à la portée des PME?
Les «Serious Games», ou «jeux sérieux», sont des formations interactives qui reposent sur les technologies utilisées dans les jeux vidéo: images 2D ou 3D, scénarios élaborés, etc. Le but? Immerger le stagiaire dans une situation professionnelle pour qu'il intègre mieux et plus rapidement la formation. Mais cet outil est encore cher. D'après Stéphane de Buttet, fondateur du salon Serious Games Sessions Europe, «le prix moyen d'un «jeu sérieux» est compris entre 50000 et250000 euros». Chaque logiciel est, en effet, développé pour une entreprise et un type de formation. Toutefois, certains jeux moins complexes peuvent être facturés aux alentours de 10000 euros. En outre, quelques éditeurs conçoivent désormais des jeux sérieux sur des thématiques transversales. C'est notamment le cas du logiciel de formation au management Entre2. Le prix est alors beaucoup plus abordable: entre 350 et 700 euros HT par utilisateur.
@ YVES KLEIN
TEMOIGNAGE
Grâce au jeu, les collaborateurs mémorisent mieux les messages
STEPHANE RAYNAUD, gérant de BBA
Chaque année, les 23 salariés du cabinet d'expertise comptable de Stéphane Raynaud suivent une formation. Au programme: les règles de déontologie et l'organisation de leurs dossiers comptables. En 2007, pour casser les habitudes, le dirigeant décide de tester une nouvelle approche. Il fait appel à Events Games, une entreprise spécialisée dans la formation par le jeu. La méthode pédagogique utilisée: quiz, jeu de plateau personnalisé et jeux de rôle. «Jusqu'à présent, nous suivions une formation classique, qui reposait sur des slides. Mais les thématiques abordées étant âpres, les stagiaires ne mémorisaient que partiellement le contenu», explique le gérant. A la suite de cette première expérience, Stéphane Raynaud a été conquis: «J'ai constaté que mes collaborateurs mémorisaient mieux les messages que d'habitude.» D'ailleurs, il ne forme plus ses salariés que par le jeu. Il faut dire que le prix pratiqué par son prestataire est attractif. La formation lui est facturée 2 000 euros HT la journée, plus 3 000 euros HT pour la fabrication du jeu de plateau, réutilisé tous les ans. Cerise sur le gâteau, Stéphane Raynaud estime aussi que cette journée ludique a permis de «rapprocher les membres de ses équipes».
BBA - Repères
- ACTIVITE: Expertise comptable
- VILLE: Paris
- FORME JURIDIQUE SARL
- DIRIGEANT: Stéphane Raynaud, 35 ans
- ANNEE DE CREATION: 1974
- EFFECTIF: 23 salariés
- CA 2008: 1,7 MEuros
- RESULTAT NET 2008:150 kEuros