Innovation et nouveaux usages: 3 clés pour prendre de l'avance
Comment regardez-vous un jeune de 25 ans qui veut vous convaincre de faire autrement? De quelle manière diffusez-vous un «nouvel usage» dans votre entourage? Rendre nos PME compétitives requiert du talent d'innovateur, mais aussi la faculté d'adopter soi-même l'innovation pertinente.
Je m'abonneLa compétitivité par l'innovation est le sujet politique du moment: de belles déclarations d'intention, distillées en élixir de croissance-jouvence-emploi. Mais ceux qui la pratiquent savent combien la réalité est différente, pleine d'incertitudes, de ratés et d'imprévus. Comme l'énonce l'entrepreneur Steve Blank, « aucun business plan ne survit au premier contact avec un client ».
L'écosystème est essentiel. L'innovation radicale, celle qui change l'usage, confère un avantage concurrentiel majeur. Quelle est alors pour nous, chefs d'entreprise, la bonne attitude à tenir, celle qui permet d'adopter ou de faire adopter ces innovations d'usage? Quelles sont les clés pour le faire mieux et plus vite que les autres? Pour ma part, j'en vois trois.
Clé n° 1: affûter son jugement
La tendance naturelle est de porter un jugement immédiat par rapport au référentiel d'aujourd'hui. C'est un piège énorme. Les erreurs d'appréciation sont légions. La direction d'IBM ne croyait pas au PC, Leica et Polaroid ont mal évalué la déferlante de la photo numérique... Nous en sourions tous, mais comment pouvons-nous éviter de nous tromper quand les meilleurs experts se fourvoient? La présidente d'une chaîne de grands magasins m'a confié qu'elle avait raté le virage du bas nylon car elle ne l'avait pas essayé, et du coup mal compris. Expérimentez par vous-même. Représentez-vous dans la situation nouvelle que l'innovation va créer, puis projetez-vous dans celle-ci. Essayer d'abord, se projeter et ne juger qu'après.
Clé n° 2: adopter en fonction du bénéfice projeté, pas du besoin actuel
L'innovation doit répondre à un besoin, mais quand le besoin est limpide pour tous, il est trop tard! Nombre d'observateurs avaient prédit que l'iPhone ne «marcherait pas». Avec l'âge, on s'habitue aux situations non optimales et on ne perçoit plus le besoin comme un jeune, à l'oeil neuf. A l'inverse, un jeune n'a pas la même capacité à anticiper les conséquences. Il faut donc un juste équilibre entre l'expérience et l'observation, pour bien anticiper les bénéfices futurs. Par quelle méthode peut-on alors filtrer le flot d'innovations potentielles? Les lois de diffusion de l'innovation montrent que tout domaine a ses innovateurs et ses «early adopters». Soyez proche de ces influenceurs-prescripteurs: ils sont les bons relais et les bons filtres. Les réseaux sociaux permettent de vite les repérer et de créer du lien avec eux.
Clé n° 3: faire adopter les nouveaux usages
Faire adopter l'innovation suppose de rendre le changement sexy Pour cela, il faut communiquer sur sa cause et utiliser les bonnes entrées. Nous avons identifié trois forces de transformation:
- le dirigeant qui, avec suffisamment d'habileté, a le pouvoir de faire adopter l'innovation de façon globale ;
- le client: l'entreprise n'a d'autre choix que de s'adapter ;
- les nouveaux talents que l'entreprise se doit de fidéliser.
Soyez un bon influenceur! Communiquez sur le pourquoi, l'idéal. Faites en sorte que l'adoption apporte une gratification personnelle instantanée. Rendez l'expérience ludique: pour initier, la «gamification» est efficace.
Eric Amram
BIO EXPRESS
Eric Amram, 39 ans, est polytechnicien, diplômé du MIT (Boston) et de l'Ensta ParisTech. Il débute sa carrière en 1998 au service R & D en informatique et robotique de la Délégation générale pour l'armement. En 2000, avec Avner Cohen-Solal (issu de sa promotion de Polytechnique), il fonde Evenium, qui coordonne le développement de solutions web et mobiles dont la vocation est de faire venir et faire interagir les participants d'événements.
Rens.: www.evenium.com