Ils sauvent leur entreprise du naufrage en créant une Scop
Déclarée en faillite en 2008, la société SDAB a su traverser la tempête grâce à son actuel dirigeant, Patrice Lorillon, et à la solidarité des collaborateurs. Tous se sont mobilisés pour mettre sur pied une coopérative ouvrière.
Je m'abonnePatrice Lorillon, dirigeant de la SDAB
L'entreprise aujourd'hui
Ils sont 15 salariés et mènent la barque de la coopérative ouvrière SDAB. A leur tête, un p-dg élu pour quatre ans, Patrice Lorillon. « Que l'on soit dirigeant ou balayeur, nous avons tous le même poids dans les décisions », apprécie-t-il. La SDAB (Société de distribution et d'approvisionnement de Bretagne) a soufflé cet été sa première bougie en tant que Scop (Société coopérative de production), après avoir traversé une tempête. Aujourd'hui, la PME parvient à se stabiliser. Son chiffre d'affaires, de 350 000 euros par mois, est en progression constante.
Sa crise
Créée en 1977, la SDAB forge sa réputation dans le mareyage en commercialisant des poissons nobles, des crustacés et des huîtres en direct auprès des grands restaurants et palaces de Paris et de Lyon. C'est en 2006 que la société chavire à la suite d'un lourd investissement de 3 millions d'euros pour la création d'un second entrepôt. La dépense est financée par un emprunt, mais le paiement des intérêts plombe les comptes. L'ancien p-dg doit donc rogner sur ses marges et vendre ses produits 3 % moins chers. Entre 2006 et 2008, l'entreprise perd 80 000 à 100 000 euros par mois, malgré un chiffre d'affaires stable de 17 millions d'euros. Le verdict tombe à la fin 2008: la PME met la clé sous la porte et licencie les 71 salariés. Parmi eux, Patrice Lorillon, à l'époque responsable d'entrepôt. « Jusqu'au bout, les clients sont restés fidèles. Je ne voulais pas perdre cette reconnaissance », se souvient-il. Il lance alors l'idée d'une reprise de la SDAB par ses ouvriers. A ses côtés, 14 salariés vont l'aider à redresser la barre.
Son rebond
En apportant 10 000 euros environ, chacun devient «actionnaire» de la Scop. En parallèle, des fonds régionaux via Oséo et le BDI (Bretagne développement initiatives) comblent la somme nécessaire pour atteindre les 200 000 euros de capital et permettre à la SDAB de repartir du bon pied. Le CTP (Contrat de transition professionnelle), quant à lui, aide les salariés à se reclasser.
Seulement six mois après la faillite, la SDAB renaît de ses cendres. Elle se donne alors les moyens de reconquérir ses anciens clients en embauchant trois commerciaux et en jouant la carte de la prospection. Sur les 350 clients actuels, 60 % sont nouveaux. L'entreprise ne cible plus seulement les tables des grands hôtels, mais aussi les restaurants et les bistrots. Elle use également du coup de pouce des médias. En effet, le cas de la SDAB retient l'attention de la presse locale qui multiplie les articles à son égard. La télévision nationale réalise un reportage de 90 minutes, entièrement consacré à la PME et diffusé sur M6 dans l'émission Zone interdite en début d'année. Patrice Lorillon profite donc de ce succès pour imaginer de nouveaux projets. « L'objectif de mon mandat? Etre présent sur les marchés de la capitale », dévoile ce Parisien d'origine.
@ BEATRICE LOUBIERE/DR
SDAB - Repères
SDAB - Repères
- Ancien contenu =ACTIVITE: Commerce de gros de poissons, crustacés et mollusques
VILLE: Taulé (Finistère)
FORME JURIDIQUE: SA
DIRIGEANT: Patrice Lorillon, 48 ans
ANNEE DE CREATION: 1977
EFFECTIF: 23 salariés
CA 2010: 3 MEuros