Ils montent un LMBO pour racheter leur société
Sept cadres d'Esjot Goldenberg, fabricant alsacien d'embouts de chaussures de sécurité, se sont associés pour racheter leur entreprise, via un LMBO (rachat par effet de levier).
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LEXIQUE
> LMBO, QUESACO?
La technique du Leverage Management Buy-Out (LMBO) permet à une ou plusieurs personnes physiques de prendre, par l'intermédiaire d'une ou de plusieurs holdings, le contrôle d'une société ayant une activité industrielle ou commerciale. La plus grande partie de l'acquisition est financée par un emprunt remboursé grâce aux remontées de trésorerie provenant de l'entreprise rachetée. L'emprunt est donc utilisé comme un levier pour rentabiliser l'investissement d'acquisition. Le LMBO est très employé par les cadres lorsqu'ils souhaitent devenir leurs propres patrons.
Source: Le guide pratique du LBO, par Nicolas Boschin, Editions d'Organisation.
Depuis qu'il préside aux destinées d'Esjot Goldenberg, la PMI d'embouts pour chaussures de sécurité dont il était autrefois le directeur général, Jean Bonnelye déborde d'ambitions. Il entend développer sa part de marché, lancer de nouveaux produits et, surtout, ouvrir une filiale en Chine pour concurrencer les Asiatiques sur leur propre terrain.
Pourtant, depuis son arrivée dans l'entreprise en 2004, au moment où sa maison-mère, le groupe britannique Texon, avait amené l'entreprise en redressement judiciaire, Jean Bonnelye a connu des heures sombres. A l'époque, Texon, spécialisé dans les composants pour l'industrie de la chaussure de ville, entend se débarrasser d'une branche somme toute marginale par rapport à son coeur de métier. Trois repreneurs ont été auditionnés, sans succès.
C'est alors que l'idée germe, dans la tête du directeur général, de se porter acquéreur de sa propre entreprise. «C'était le moyen idéal de concrétiser nos projets de développement», estime Jean Bonnelye, qui croit dur comme fer au potentiel des marchés lointains, comme la Chine et l'Inde, «dont la réglementation en matière de vêtements de travail pourrait bien se durcir au cours des prochaines années». Séduit par le projet, Christian Guillaume, alors président d'Esjot Goldenberg, décide de soutenir Jean Bonnelye. Les deux hommes entraînent cinq cadres dans l'aventure du LMBO, système de rachat par effet de levier (lire ci-contre): Guy Meyer, le directeur commercial, Karl-Heinz Meier, le directeur de l'usine allemande, Christiane Godin, la directrice des ventes Jean-Marie Heintz le directeur financier et enfin Patrice Schroeder, le directeur du développement. Le management se répartit 65% des parts dans des proportions très diverses les 35% restants étant cédés à BNP Paribas l'une des deux banques qui prend part à l'opération.
Avec le recul le nouveau dirigeant d'Esjot Goldenberg estime que «ce sont l'enthousiasme et la détermination du groupe qui ont convaincu les banques de le suivre». Bien entendu la qualité du business plan et la présence de cadres compétents ont aussi pesé dans la balance. Le LMBO dont le montant reste confidentiel est bouclé en juillet 2007. Moins d'un an plus tard, Jean Bonnelye a déjà lancé une nouvelle semelle de sécurité en fibre synthétique, innovation qui a reçu le soutien de l'Anvar (Agence nationale de valorisation de la recherche). Et pose la première pierre de son usine chinoise.
ESJOT GOLDENBERG - Repères
- ACTIVITE: Fabrication d'embouts de chaussures de sécurité
- VILLE: Monswiller (Bas-Rhin) FORME
- JURIDIQUE: SAS
- DIRIGEANTS: Jean Bonnelye (53 ans), Christian Guillaume (63 ans), Guy Meyer (40 ans), Karl-Heinz Meier (49 ans), Christiane Godin (51 ans), Jean-Marie Heintz (53 ans), Patrice Schroeder (49 ans)
- ANNEE DE REPRISE: 2007
- EFFECTIF: 108 salariés
- CA 2007: 27 MEuros
- RESULTAT NET 2007: à l'équilibre