Il teste ses recrues grâce à l'intérim
Grégoire Cusin-Berche craint les erreurs de casting. Pour ne pas se tromper, il teste ses nouvelles recrues durant plusieurs mois, via des contrats d'intérim. Une formule gagnante. A condition que les règles du jeu soient claires dès le départ.
Je m'abonneDeux mois de période d'essai pour un poste de commercial «C'est beaucoup trop court pour tester une nouvelle recrue», déplore Grégoire Cusin-Berche, le pré de Promeus Un obstacle de taille pour cette maison d'édition de 17 salariés, qui embauche surtout des commerciaux juniors «Dans une petite structure, chaque recrutement est stratégique II ne faut pas se tromper», explique le chef d'entreprise La seule solution? «Tester les candidats durant plusieurs mois, via l'intérim, avant de les embaucher»
En 2006, la PME demande à une agence francilienne de Manpower de lui trouver des candidats En septembre dernier, Naima Loupy, chef de publicité junior, entre dans la société pour quatre mois Le temps de faire ses preuves Enfin, début janvier, elle signe son contrat à durée indéterminée Grégoire Cusin-Berche, lui, est serein «J'ai pu tester ses capacités durant plusieurs mois, confie-t-il J'étais sûr d'embaucher la bonne personne» Si bien que, quelques semaines plus tard, l'éditeur renouvelle l'opération une autre chef de publicité, Morgane Bellanger, rejoint la PME, toujours en contrat d'intérim, cette fois pour cinq mois «Sa mission consistait à prospecter, en région, un marché sur lequel nous avions peu de visibilité»
GREGOIRE CUSIN-BERCHE, p-dg de Prometis
Les intérimaires savent qu'ils sont là dans la perspective d'un CDI et qu'ils disposent d'un laps de temps plus long pour faire leurs preuves.
Pour autant, la pratique de l'intérim en guise de test doit être claire dès le départ «Les règles du jeu sont bien défîmes», insiste le chef d'entreprise En effet, dès le premier entretien de recrutement, ce dernier explique ses motivations aux candidats «Ils savent qu'ils sont là dans la perspective d'un CDI et qu'ils disposent d'un laps de temps plus long pour faire leurs preuves, mais également pour s'assurer de leur propre motivation»
Des collaborateurs à part entière.
Ce statut n'empêche pas les intérimaires d'être considérés comme des collaborateurs à part entière «Il est indispensable que ces personnes soient parfaitement intégrées, faute de quoi elles ne pourront pas s'impliquer dans les projets de l'entreprise.» C'est ainsi que, comme toute nouvelle recrue, chaque intérimaire reçoit ses cartes de visite dès le premier jour.
PROMETIS Repères
- ACTIVITE: Edition de sites et d'ouvrages
- DIRIGEANT: Grégoire Cusin-Berche, 36 ans
- VILLE: Levallois-Perret (Hauts-de-Seine)
- ANNEE DE CREATION: 1999
- FORME JURIDIQUE: SA
- EFFECTIF: 17 salariés
- CA 2006: 2,6 millions d'euros
Bien entendu, ce recours à l'intérim coûte cher: en général, entre 2,2 et 2,6 fois le salaire brut du salarié, sans compter l'indemnité de fin de mission, égale à 10% de la rémunération brute versée durant toute la durée du contrat. Mais le président de Prometis ne regrette rien. «Il faut tenir compte du temps que nous passerions à sélectionner les candidats.» C'est pourquoi le chef d'entreprise dresse un bilan positif de ces deux expériences. «La formule, souple, permet d'adapter la durée du contrat aux contraintes du poste et de l'entreprise», souligne Grégoire Cusin-Berche. Cette année, l'éditeur devrait recruter cinq nouveaux collaborateurs. En recourant à l'intérim, bien sûr.
L'OEIL DU CONSULTANT
La formule est souple, mais elle n'attirera pas forcément les meilleurs
NICOLAS VERMERSCH, directeur exécutif chez Michael Page International
Pour Nicolas Vermersch, Prometis a trouvé une bonne solution pour tester des candidats non-cadres, dont la période d'essai ne peut excéder deux mois. Une formule souple et pratique: «Il suffit de téléphoner à un cabinet d'intérim et, quelques jours plus tard, vous rencontrez déjà quelques candidats présélectionnés.» Pourtant, l'expert en ressources humaines émet quelques réserves sur cette méthode de recrutement. D'abord, le recours à l'intérim limite le choix des candidatures. «Vous ne parviendrez pas à débaucher des profils haut de gamme car ces derniers ne prendront sans doute pas le risque qu'implique un contrat d'intérim.» En outre, la méthode reste coûteuse. «Quand le contrat est long, à partir d'une durée de cinq mois, les tarifs sont prohibitifs et se rapprochent du coût d'un cabinet de recrutement.»
A SAVOIR
> L'INTERIM, ENCADRE PAR LA LOI
Comme le CDI, le contrat de travail temporaire - ou mission d'intérim - ne peut être utilisé que pour remplacer un salarié absent, répondre à une surcharge de travail ou effectuer des travaux de courte durée. C'est une relation tripartite: un contrat commercial est passé entre l'entreprise et la société d'intérim, tandis qu'un contrat de mission est conclu entre l'entreprise et le salarié. Au terme du contrat, l'employeur devra verser au salarié une indemnité, égale à 10% de la rémunération brute versée durant toute la I durée de la mission.