Il surfe sur la vague du tourisme industriel
Pour doper ses ventes directes, le préparateur de saumon invite les visiteurs à découvrir son usine. En un an, ils sont 6 000 à avoir mordu à l'hameçon.
Je m'abonneAppliquée et concentrée, une salariée de Le Borvo tranche, à la main, un superbe saumon. Une trentaine de Franciliens admirent la précision du geste. Dans quelques minutes, ces touristes achèveront leur visite de l'entreprise bourguignonne par une dégustation de spécialités à base de saumon. Avant de faire un petit tour par la boutique, espère Daniel Raymond, le p-dg, pour y déguster des plats préparés par le pôle traiteur et repartir avec des timbales ou des terrines de saumon, ou tout simplement le fameux saumon fumé tranché à la main. Car l'objectif premier de ce transformateur de salmonidés est clair: booster ses ventes directes aux particuliers en profitant du boom du tourisme industriel. Mais son ambition ne s'arrête pas là. Pour fidéliser ses nouveaux clients, il leur remet, au moment du départ, un catalogue dans lequel figurent toutes les informations nécessaires pour passer commande par Internet ou par téléphone. Quel est le panier moyen des visiteurs dans la boutique? Combien d'entre eux achètent par la suite sur le Web? A quel niveau de fréquentation les 600 000 euros d'investissement pour la création du circuit seront-ils rentabilisés? Le Borvo compte établir des statistiques précises à la fin de l'année, soit 18 mois après l'ouverture du circuit. En attendant, le nombre de visiteurs s'est établi à 6 000 entre juin 2008 et juin 2009. Le dirigeant ambitionne d'en accueillir 7 000 à 8 000 au cours de la deuxième année.
Deux ans de travail. Pour mettre toutes les chances de son côté, le chef d'entreprise a soigné le contenu de la visite. Deux ans auront été nécessaires pour la conception et la réalisation de ce parcours de 400 m2, qui allie le passé de l'entreprise (film sur la saga familiale) et l'histoire des techniques de conservation (reconstitution d'une épicerie des années cinquante et commentaires d'un guide professionnel). Il a même fait appel à un historien et à un photographe-metteur en scène. La présentation des techniques récentes est assurée par Daniel Raymond lui- même, intarissable sur l'aquaculture. «J'ai dû me dégager du temps en déléguant certaines tâches à mon fils, qui occupe le poste de chef de production», indique le sexagénaire.
La promotion du parcours découverte est assurée par les offices de tourisme alentours (Auxerre, Joigny...) qui l'ont inclus dans leurs circuits thématiques. Le dirigeant leur vend les tickets d'entrée (6 ou 7 euros) qu'ils refacturent aux visiteurs. Il est possible de se rendre directement sur place, mais le tarif est légèrement supérieur. La gestion des groupes, tous les samedis (ou sur rendez-vous), a nécessité l'embauche d'une responsable de réception et l'implication des salariées, en particulier de celles qui se sont spécialisées dans la découpe du saumon. «Timides au début, elles ont fini par se prendre au jeu, valorisées par l'admiration des visiteurs devant leur dextérité», se félicite le chef d'entreprise.
LE BORVO
Repères
- ACTIVITE: Transformation de saumon
- VILLE: Chemilly-sur-Yonne (Yonne)
- FORME JURIDIQUE: SAS
- DIRIGEANT: Daniel Raymond, 64 ans
- ANNEE DE CREATION: 1980
- EFFECTIF: 87 salariés
- CA 2008: 10 MEuros