Il relance une marque de billards sur le déclin
Pour redresser la barre de son entreprise, Marc-Alain Deledalle mise sur une fabrication 100% française et des produits très «déco». Ses billards de qualité et contemporains font mouche.
Je m'abonneL'entreprise aujourd'hui
Un design épuré, des matières comme l'inox ou le verre: les Billards Toulet jouent la carte de la modernité. Créée en 1857, à Bondues, dans le Nord, la société prévoit, pour 2009, un chiffre d'affaires de 1,5 MEuros, en progression de 10% par rapport à l'exercice précédent. Son créneau? Des produits de qualité au design soigné. Ce positionnement lui a permis de renouer avec la croissance.
Sa crise
Pourtant, entre 2004 et 2008, la société a traversé des années noires. En 2007, elle enregistre même une perte record de 80 000 Euros, près de 6% de son chiffre d'affaires. A l'origine du malaise: la qualité irrégulière des produits et, par conséquent, le coût élevé du service après-vente. 12% des quelque 700 modèles vendus par an présentaient des défauts. Soit, en moyenne, 40 000 Euros de frais supplémentaires pour l'entreprise! Pour Marc-Alain Deledalle, ce déficit est lié à la stratégie d'approvisionnement de l'ancienne direction qui importait des matières premières de Chine ou encore de Roumanie. «Nous rencontrions une autre difficulté: le manque d'innovation», se souvient le jeune dirigeant. Embauché en 2000 par les Billards Toulet, Marc-Alain Deledalle est promu, deux ans plus tard, responsable commercial. Lorsque Charles Magnies, le propriétaire et dirigeant, prend sa retraite, en mars 2008, le jeune homme rachète la société et décide d'en révolutionner l'image et les méthodes de travail.
Son rebond
Le nouveau dirigeant arrête l'importation de pièces détachées et embauche trois ouvriers, dédiés à la fabrication. Résultat: les coûts du SAV sont divisés par 10 et concernent désormais moins de 2% des ventes. Sûr de ses produits, le fabricant offre même une garantie à vie. Surtout, Marc-Alain Deledalle opère un virage marketing et joue sur une valeur très tendance: la déco. «Ma femme n'a pas voulu que j'installe mon billard dans le salon. Nous avons été confrontés à ce dilemme: le plaisir du jeu ou la décoration de notre maison Je lui ai demandé de trouver une solution.» Passionnée de mode, Caroline Deledalle rejoint alors la société et dessine des meubles «féminisés». Leur plus: un plateau amovible transformant le billard en table de salle à manger. La création ne connaît alors plus de limite: «Modèles en croco ou en peau de vache, nous optons pour la démesure», se félicite Marc-Alain Deledalle. Désormais, le prix moyen d'un billard se situe autour de 3 500 Euros. Les prix ont augmenté de 10% depuis le rachat de la société, hausse de la qualité oblige. Mais la clientèle est séduite. La quinzaine de revendeurs, longtemps délaissés, est suivie de près: visites trimestrielles, prêt de modèles pour des salons... «Nous avons fait un gros travail pour redynamiser le réseau», reconnaît Marc-Alain Deledalle. Un modèle sur deux est vendu par ce biais, l'autre en direct, dans l'une des trois boutiques de la marque à Paris, Rennes et Reims, les deux dernières ayant ouvert leurs portes cette année. Le prochain défi de la société Toulet? L'export. Elle espère séduire les marchés russe et Scandinave au cours des 18 prochains mois.
BILLARDS TOULET Repères
- ACTIVITE: fabrication de billards
- VILLE: Bondues (Nord)
- FORME JURIDIQUE: SARL
- DIRIGEANT: Marc-Alain Deledalle, 30 ans
- ANNEE DE CREATION: 1857
- EFFECTIF: 19 salariés
- CA 2008:1,37 MEuros