Il met en place un plan d'économies drastique
Arrivé fin 2008 aux commandes d'une PME exsangue, Hervé Yahi traque les dépenses inutiles et part à la reconquête des clients en rationalisant son catalogue produits.
Je m'abonneHervé Yahi, président-directeur général de Mandriva
MANDRIVA Repères
- ACTIVITE : Editeur de logiciels système et réseau
- VILLE : Paris
- FORME JURIDIQUE: SA
- DIRIGEANT: Hervé Yahi, 48 ans
- EFFECTIF: 50 salariés (80 avec la filiale brésilienne)
- ANNEE DE CREATION: 1999
- CA 2008 (DE JUIN A SEPTEMBRE): 3,41 MEuros
L'entreprise aujourd'hui
La société Mandriva est un cas particulier dans l'univers des éditeurs français de logiciels. Depuis sa création, en 1999, elle propose un système d'exploitation Linux, concurrent du célébrissime Windows, édité par le géant américain Microsoft. «Notre système est installé sur des millions d'ordinateurs à travers le monde, affirme Hervé Yahi, le p-dg. Ouvert, simple et innovant, il représente une véritable alternative à Windows.» Mais Mandriva Linux n'est pas réservé aux ordinateurs de bureau. Il est désormais implémenté dans des disques multimédias ainsi que dans des bornes interactives. Par ailleurs, la société a développé son offre logicielle: elle commercialise diverses applications destinées aux entreprises des secteurs privé et public. Bref, aujourd'hui, Mandriva entrevoit l'avenir avec une certaine sérénité. Ce qui n'a pas toujours été le cas, loin de là.
Sa crise
En janvier 2003, premier coup de tonnerre pour la PME. Mandrake- soft - son nom originel - est placée en redressement judiciaire. Le train de vie de sa direction a grevé les comptes de la PME. La société parvient à diviser par cinq ses coûts de fonctionnement. Mais cette première semonce sera bientôt suivie d'une autre. Fin 2003, Mandrake- soft est condamnée par le Tribunal de grande instance de Paris, à la suite d'un litige qui l'oppose aux propriétaires de la marque «Mandrake le Magicien». Un accord à l'amiable mettra fin au conflit en juillet 2005. Pourtant, la société n'est pas au bout de ses peines. Après avoir racheté, en 2005 et 2006, trois éditeurs de logiciels, elle doit financer un plan de restructuration qui vide ses caisses. L'exercice 2007 se solde par une perte de plus de 5 millions d'euros.
Son rebond
Lorsqu'Hervé Yahi reprend les rênes de Mandriva, en novembre 2008, la situation de l'entreprise est dramatique. Certes, le chiffre d'affaires des neuf premiers mois est en hausse de 13% par rapport à la même période de 2007. Mais l'entreprise ne parvient pas à couvrir ses charges: fin octobre, elle affiche une perte d'1,17 million d'euros. «Il y avait urgence», déclare le nouveau p-dg, qui commence par rechercher des postes d'économie. Départ de consultants externes, réduction des frais de mission... «Nous avons coupé tout ce qui n'était pas utile au business.» Parallèlement, Hervé Yahi s'implique personnellement dans les dossiers commerciaux. Son but: éviter le départ des clients dont le contrat arrive à expiration. Il embauche deux commerciaux expérimentés, chargés de développer le portefeuille clients, rationalise ses coûts de recherche et développement et entame une vaste réflexion sur l'offre produits, qui débouchera sur le lancement, courant 2009, d'une activité de location en ligne d'applications. Le p-dg entend aussi développer les revenus générés par l'activité maintenance, qui représente à l'heure actuelle 20% du chiffre d'affaires. Enfin, Hervé Yahi mise sur les besoins informatiques et éducationnels des pays émergents. Il s'intéresse notamment aux netbooks, ces ordinateurs portables low-cost de très petite taille.
Pour mener à bien tous ces projets, le nouveau p-dg peut compter sur ses salariés; il n'y a pas eu de départs massifs et les piliers de la société sont restés. Il s'appuie aussi sur les quelque 100 000 bénévoles qui participent à l'amélioration de ses logiciels libres. Au final, le dirigeant se révèle confiant. La situation financière de Mandriva reste très tendue. Mais un plan d'apurement des dettes a été mis en place et un appel de fonds est envisagé pour donner l'impulsion nécessaire au redressement définitif de l'entreprise.