Il décerne des notes aux produits de ses fournisseurs
Quand Benoît Couteau, à la tête de DFC2 Diffusion, s'investit dans le développement durable, il ne fait pas dans la demi-mesure. Après ses clients et ses salariés, c'est au tour de ses fournisseurs d'apporter leur contribution aux efforts de l'entreprise en la matière. Depuis septembre 2012, la PME classe ainsi leurs produits selon leurs conditions de fabrication et leur impact sur la planète.
Je m'abonneDepuis septembre 2012, c'est un catalogue produits d'un genre un peu particulier que l'entreprise DFC2 Diffusion met à la disposition de ses clients. Avec la première édition de ses Pages rouges, ce grossiste et quincaillier spécialisé en fournitures pour professionnels du bâtiment classe 4 174 produits de ses fournisseurs (environ 80 % du catalogue) en fonction de leur impact environnemental et sociétal. Pour ce faire, la PME met au point un indicateur baptisé l'«éclaireur éthique produits». Depuis fin 2009, chaque produit est ainsi évalué selon quatre critères: les conditions environnementales et sociales de fabrication, la durabilité du produit et sa proximité de production. Par souci de clarté, chaque élément figure dans le catalogue sous la forme de logos représentant de petites mains colorées en vert (conditions environnementales), orange (conditions sociales), violet (durabilité) ou bleu (proximité de production). Pour Benoît Couteau, président de DFC2 Diffusion, il s'agit non seulement de réaffirmer son engagement pour la planète mais également de faire preuve de plus de transparence concernant l'origine des produits et leurs conditions de fabrication. « Nous voulions donner les moyens tant à nos clients qu'à nos commerciaux d'intégrer les enjeux RSE (responsabilité sociétale des entreprises) aussi bien dans l'acte d'achat que de vente », souligne-t-il.
DFC2 Diffusion
> Activité
Grossiste et quincaillier en fournitures pour professionnels du bâtiment
> Ville
Les Sorinières (Loire-Atlantique)
> Forme juridique
SAS
> Dirigeant
Benoît Couteau, 51 ans
> Année de création
1999
> Effectif
75 salariés
> CA 2011
12 MEuros
17 fournisseurs questionnés
A l'origine du projet, les salariés de la PME. En 2008-2009, la société organise en interne des trophées défis éthiques. L'ambition est de fédérer les collaborateurs autour de projets visant à effectuer des économies d'énergie au sein de l'entreprise. Des groupes de réflexion se forment. Plusieurs propositions d'actions en ressortent, dont la création d'un indicateur valorisant les produits respectueux de l'environnement et fabriqués dans des conditions de travail décentes. L'idée est sélectionnée pour être mise en oeuvre. Dans le cadre d'une première phase d'audit et d'analyse, l'entreprise recrute trois personnes chargées de définir la marche à suivre. Puis, deux collaborateurs collectent les informations auprès de 17 fournisseurs français et étrangers durant six mois. « Nous leur avons adressé des questionnaires correspondant aux quatre grandes familles de critères, raconte Benoît Couteau. Par exemple, pour l'impact environnemental, nous avons vérifié que le produit était fabriqué dans une usine certifiée ISO 14001 ou équivalent. Pour les conditions sociales de fabrication du produit, nous avons contrôlé que l'entreprise partenaire respectait les règles fixées par le BIT (Bureau international du travail). » La PME va jusqu'à demander à ses fournisseurs de signer une charte d'engagement ainsi que de fournir les documents officiels attestant de l'authenticité de leurs déclarations. En cas de doute ou de réponse incomplète, l'éclaireur correspondant n'est pas attribué. Ainsi, 43 % des produits obtiennent la note maximale: les «quatre mains».
L'accueil des fournisseurs est « mitigé ». Si la grande majorité joue le jeu, quelques-uns se montrent circonspects. Il faut alors faire preuve de persuasion, de pédagogie et d'adaptation. « Certains, parmi lesquels des grands groupes, ont mis du temps à comprendre les motivations d'une petite entreprise comme la nôtre. Nous leur avons expliqué qu'ils avaient tout intérêt à nous suivre dans cette voie. L'éclaireur représente à la fois un gage de différenciation par rapport à la concurrence mais aussi un outil de communication et de transparence à l'égard de la clientèle, argumente Benoît Couteau. En revanche, il est vrai qu'en cours de route, nous avons simplifié notre questionnaire car il finissait par être trop complexe à remplir. » A travers ce système de notation, le chef d'entreprise voit aussi le moyen de sensibiliser davantage ses fournisseurs et clients aux enjeux du développement durable. Adepte du « vendre mieux plutôt que de vendre plus », Benoît Couteau souhaite, à terme, « commercialiser uniquement les produits obtenant les quatre mains ». Pour les prochaines éditions de son catalogue, DFC2 a l'ambition de renforcer encore les critères, notamment celui de la durabilité, qui garantit seulement, pour l'heure, une durée de vie nettement supérieure à celle du marché. L'écoconception et la recyclabilité devraient prochainement intégrer ce critère.
L'éclaireur éthique produits n'est que la partie visible de l'iceberg. Le dirigeant inscrit la démarche RSE au coeur de sa stratégie de développement et de sa communication (lire l'encadré ci-dessous). Partenariats avec des associations engagées pour l'environnement, création d'une commission éthique interne, rédaction d'une charte de «Règles de vie» pour assurer une bonne ambiance de travail, achat de fournitures et produits d'entretien écologiques... Dans ce même esprit, elle adhère au Pacte mondial, promouvant la responsabilité civile des entreprises (lire l'encadré ci-dessous). L'ensemble de ces initiatives a été récompensé par le prix PME des Trophées régionaux du développement durable Pays de la Loire 2012. DFC2 Diffusion, une entreprise qui fait pour le coup vraiment figure d'éclaireur.
ZOOM
De l'implication des salariés...
Fin 2011 , DFC2 Diffusion crée la commission Free (Fil rouge éthique en entreprise). Gérée par une quinzaine de salariés, elle est chargée d'améliorer l'ambiance de travail de l'entreprise, dans une optique de développement durable. Parmi les pistes de réflexion: mise en place de vélos en libre service, gestion du covoiturage entre collaborateurs... L'entreprise mène par ailleurs des plans d'action pour sensibiliser et former ses salariés au tri des déchets, à la gestion de l'éclairage, du chauffage et même à l'éco-conduite.
... A la responsabilisation des clients
Depuis 2007, les clients de l'entreprise sont associés à son effort de réduction de ses consommations énergétiques. Aussi, ils payent chaque mois une «taxe éthique transport» de 15 euros HT. En contrepartie, ils ont droit à six livraisons de matériels par mois. Cette contribution a permis l'achat de trois véhicules de livraison. Toujours dans le même objectif, la PME rationalise l'approvisionnement de ses clients afin de réduire les distances parcourues.
A SAVOIR
Les dix principes du Pacte mondial
L'ambition du Pacte mondial, ou Global compact, créé en 2000 sous l'impulsion du secrétaire général des Nations unies de l'époque, Kofi Annan? Encourager les entreprises à adopter une démarche socialement responsable en s'engageant à respecter et promouvoir dix principes universels relatifs aux Droits de l'homme, à l'environnement et au droit du travail. Le réseau regroupe près de 7 000 sociétés, dont 800 en France. Pour le rejoindre, vous devez rédiger une lettre d'adhésion, remplir un formulaire et adhérer en ligne sur le site du Global compact de New York.
Rens.: www.unglobalcompact.org/languages/french