Financement des PME: les candidats multiplient les annonces
Création, financement et développement des entreprises: Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal affichent tous deux leur volonté de bichonner les PME.
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BLOC-NOTES
> CE QUE PROPOSENT LES AUTRES CANDIDATS...
Philippe de Villiers (MPF) veut favoriser la création d'entreprises par une exonération de charges sociales pendant les deux premières années d'activité.
Dominique Voynet (Les Verts) souhaite soutenir les entreprises de l'économie sociale et solidaire, en créant un label et en garantissant des aides aux reprises d'entreprises en coopératives.
Jean-Marie Le Pen (FN) veut encourager l'investissement privé dans les PME par des incitations fiscales et obliger les compagnies d'assurances à investir dans les PME via des fonds spécialisés.
@ PHILLIPPE GRANGEAUD
Ségolène Royal souhaite sécuriser le parcours des jeunes entrepreneurs grâce à des ateliers d'accueil et de conseil.
La création d'entreprises progresse dans l'Hexagone. Au total, 235 OOO sociétés y ont vu le jour en 2006, selon l'Agence pour la création d'entreprises (APCE), soit 10000 de plus qu'en 2005. Pour accompagner ces jeunes pousses au démarrage, les candidats du PS et de l'UMP ont fait plusieurs propositions. Ségolène Royal, tout d'abord, entend «sécuriser le parcours des jeunes créateurs». La candidate socialiste souhaite créer des «ateliers de la création», structures d'accueil et de conseil qui fonctionneraient sur le modèle des ateliers qu'elle a d'ores et déjà mis en place dans sa région Poitou-Charentes. Les porteurs de projet y seraient accompagnés tout au long de leur parcours de création en bénéficiant d'une aide dans leur recherche de financement et d'une assistance tant juridique que technique. Ce dispositif ferait appel à des partenaires et experts locaux. Une bonne idée? Pour Thomas Chaudron, entrepreneur francilien et président du Centre des jeunes dirigeants (CJD), «accompagner les créateurs est en effet une première étape indispensable qui pourrait améliorer le taux de survie des entreprises». Mais pour le porte-parole du réseau, ce dispositif reste insuffisant: «Il faudrait mettre en place un suivi postérieur à la création, pour que les entrepreneurs aient toutes les chances de leur côté.»
Encourager la création. Dans la même logique de soutien aux entrepreneurs, Ségolène Royal entend simplifier les procédures de création. De quoi s'agirait-il? La candidate s'est montrée évasive sur un dossier déjà abordé par le ministre des PME, Renaud Dutreil: depuis avril 2006, la plupart des démarches administratives peuvent être réalisées via le Web. Mais de l'avis de certains dirigeants, ces améliorations ne suffisent pas. A la tête d'Opaz, une PMI de matériel de sonorisation qui emploie cinq salariés, à Angers, Nicolas Bailly fait partie de ces partisans d'un écrémage massif des procédures de création. «Il existe encore trop déformantes à accomplir, estime-t-il. Cela décourage bon nombre de créateurs.» Centre des impôts, tribunal de commerce, Urssaf... Lorsqu'il a créé son affaire, en mars 2006, le dirigeant se souvient d'avoir été ««baladé» d'un organisme à l'autre».
Mais le «gros» chantier des prétendants à la présidence de la République reste le financement des PME, nerf de la guerre économique. Nicolas Sarkozy propose de «créer un système de cautionnement public qui mutualise les risques et permette à tous ceux qui ont un projet d'emprunter». Le leader de l'UMP entend améliorer un dispositif qui existe déjà: né en 2005, du rapprochement de l'Anvar (Agence de l'innovation) et de la BDPME (Banque du développement des PME), Oséo assure des garanties sur les prêts concédés par les banques. Mais du chemin reste à parcourir, selon Thomas Legrain, p-dg de la société de conseil en entrepreneuriat Coach'Invest, qui approuve la préconisation du candidat Sarkozy. «Le nombre de garanties d'Oséo est encore trop limité, estime le dirigeant. L'idée de démocratiser leur accès par un système de cautionnement public faciliterait l'accès au crédit.»
En riposte, Ségolène Royal propose, elle aussi, la mise en place d'un mécanisme de cautionnement. L'objectif? Protéger le patrimoine personnel des créateurs. Pour ce faire, la candidate socialiste prône une mutualisation des risques dans le financement de «petits projets sérieux», qui aujourd'hui avortent faute de moyens. Dans la même veine, elle entend soutenir les PME par la création de fonds publics régionaux de participation. Son idée: développer les participations publiques dans le capital des jeunes entreprises innovantes, en créant des fonds régionaux qui, en lien avec les collectivités locales, aideraient les entrepreneurs à concrétiser un premier projet. Une nouveauté? Pas vraiment. Depuis 2003, les fonds d'investissement de proximité (Fip) de Renaud Dutreil investissent dans des PME régionales à différents stades de leur développement et participent activement au financement des entreprises en transmission. Autre dispositif en place, les fonds régionaux de garantie d'Oséo-Anvar ont pour objectif d'augmenter l'accès des TPE/PME aux concours bancaires, d'aider les projets risqués et innovants, et de sécuriser la reprise des fonds de commerce et des transmissions en général. C'est pourquoi certains experts prônent le développement de l'investissement privé plutôt que la création de nouveaux fonds régionaux. C'est le cas de Thomas Legrain, de Coach'Invest: «Les fonds investissent en priorité dans les entreprises pérennes et déjà rentables. Les entreprises en création sont donc laissées pour compte. Il faudrait encourager le recours aux business angels, ces particuliers qui investissent leurs deniers personnels dans déjeunes pousses.»
Autre cheval de bataille de la candidate socialiste: l'accès des PME aux marchés publics, dont une quote- part, pour l'heure non définie, serait réservée aux structures de taille modeste. De fait, ce «small business act à la française» constituerait une nette avancée par rapport au dispositif inauguré en septembre 2006, dans le cadre de la réforme du Code des marchés publics, qui fixe un nombre minimum de PME admises à présenter une offre. Pour autant, la mesure serait-elle de nature à rééquilibrer les rapports de force entre «petites» et «grandes» entreprises? Ce n'est pas l'avis de Janin Audas, vice-président du réseau Ethic. Pour lui, «réserver aux PME une part dans les marchés publics reviendrait à pratiquer la discrimination positive. Cela pourrait fausser le jeu naturel du marché». D'autres experts affirment qu'une telle mesure aurait une viabilité douteuse, les quotas étant contraires à la réglementation européenne.
Nicolas Sarkozy propose un système de cautionnement public afin de mutualiser les risques de financement.
Enfin, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal veulent tous deux créer une agence de réindustrialisation, dont la mission consisterait a reconvertir des sites industriels obsolètes en les tournant vers de nouvelles activités, mais aussi à lutter contre les délocalisations. Une proposition «nettement insuffisante», selon Jean-François Roubaud, président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) . Pour rendre le territoire français attractif, le patron de la CGPME préconise de «mettre en place des incitations fiscales locales et de renforcer les pôles de compétitivité».
@ DR
ZOOM
François Bayrou veut réserver une part des marchés publics aux PME
Le candidat de l'UDF souhaite faire de la France un pays «pro-entreprise» et place les PME au premier rang de ses priorités. Mesure phare de son programme: instaurer un «small business act» à la française pour simplifier l'accès des PME aux marchés publics et atténuer la préférence de l'Etat à l'égard des grands groupes. Comme aux Etats- Unis, où il est déjà mis en place, ce small business act permettrait de réserver aux PME une part des marchés publics, par exemple 20 % du volume total des grands marchés et la totalité des marchés inférieurs à 50000 euros. Pour encourager les entreprises en création, François Bayrou prévoit de mettre en place une exemption de l'impôt sur les sociétés des premiers exercices bénéficiaires, en particulier si l'argent gagné est réinvesti dans l'entreprise. Il veut également diminuer les délais de paiement des grandes sociétés et de l'Etat à l'égard des PME, et ce afin de protéger leur trésorerie.