Eloge du bon sens
STEFANIE MOGE-MASSON Directrice de la rédaction
En France, les patrons des banques aidées par l'Etat ont dû renoncer à leurs bonus 2008. La nouvelle aurait pu passer inaperçue, tant elle peut sembler dérisoire en comparaison des drames humains qu'a engendrés la crise. Elle a, pourtant, fait la Une des quotidiens et monopolisé les bavardages de comptoir... Comme si l'opinion publique ne pouvait s'empêcher de pousser un «ouf» de satisfaction à voir ces banquiers se serrer (un peu) la ceinture, sur ordre du président de la République.
Car au-delà des réactions épidermiques, il semble pour le moins logique qu'un dirigeant qui a failli dans sa mission soit privé d'une gratification destinée à saluer les réussites. De même qu'il paraît légitime qu'une entreprise perfusée par l'Etat - et donc par les Français - participe, au moins symboliquement, à l'effort général. En l'occurrence, Nicolas Sarkozy avait été très clair: il ne débloquerait la deuxième tranche d'aides financières aux banques que si leurs dirigeants renonçaient à leurs primes. C'est une question de bon sens. Imaginerait-on une seule seconde qu'une PME qui a bénéficié d'un coup de pouce exceptionnel de l'Etat distribue à ses cadres un bonus, lui aussi exceptionnel, pour résultats atteints?
Outre-Manche, le même genre de polémique fait rage. Les Britanniques s'indignent au vu des bonus que s'apprête à verser à ses salariés la Royal Bank of Scotland, laquelle a dû être nationalisée l'an dernier afin d'éviter le pire. RBS n'est d'ailleurs pas la seule montrée du doigt. Comme elle, certaines banques récemment aidées par l'Etat s'obstinent à appliquer leur politique de primes. Mais peut-être le gouvernement les invitera- t-il à se montrer plus responsables, comme vient de le faire le président américain, Barack Obama, qui a promis de plafonner à 500000 dollars le salaire annuel des dirigeants de sociétés percevant des aides fédérales. Le bon sens, encore et toujours...