Elle relance sa marque sur le haut de gamme
Après un dépôt de bilan, Tissage Moutet a réussi à renouer avec les bénéfices sans délocaliser sa production. Son secret? S'être spécialisée dans le linge créatif et vendre aux hôtels et collectivités.
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Des nappes, des serviettes et des torchons à l'effigie de Paul Cézanne ou de Marie-Antoinette vendus dans les musées nationaux. Du linge de table de créateurs de renom, comme Zofia Rostad ou Hilton Mc Connico, qui fait le bonheur des clients de restaurants prestigieux. Tissage Moutet a quasiment abandonné son activité d'origine - la fabrication de linge traditionnel - et propose désormais de petites séries personnalisées et originales. «La mode est aux tables colorées et raffinées», assure Catherine Moutet, la dirigeante. Le savoir-faire de l'enseigne, acquis depuis 1913, lui permet de produire du linge de qualité à Orthez, dans les Pyrénées- Atlantiques. Une prouesse en ces temps de délocalisation. Son secret? S'être spécialisée dans le haut de gamme et vendre 50% de sa production aux hôtels et collectivités. L'autre moitié trouve sa place sur les étagères de petites boutiques indépendantes ou franchisées, en France et à l'étranger (Allemagne, Japon et Australie). L'objectif est, d'ailleurs, de réaliser 70% du chiffre d'affaires à l'export dans quatre ou cinq ans.
Sa crise
En 1998, l'entreprise, dont l'effectif a fondu de moitié en 10 ans, ne parvient plus à faire face à la concurrence. «Des produits similaires aux nôtres étaient fabriqués en Asie pour dix fois moins cher», indique l'actuelle dirigeante, qui occupait alors le poste de chargée de communication et de marketing. Les grands comptes de la société (vépécistes et grands magasins) lui préfèrent ces fournisseurs lointains. L'entreprise est placée en liquidation judiciaire en décembre 1998.
Son rebond
Catherine Moutet fait, alors, une proposition de reprise à la barre du tribunal. Elle propose de garder 24 des 45 salariés et entend poursuivre la logique qu'elle tentait d'imposer depuis plusieurs années: miser sur la création pour faire parler de la société. «Dans ce milieu fermé, difficile de mettre en place des idées nouvelles. Mais lorsque j'ai constaté que mes concurrents, candidats à la reprise, ne s'intéressaient qu'à nos collections et pas du tout au personnel ni aux machines, je me suis dit que c'était la voie du salut.» Son projet emporte l'adhésion du tribunal. La jeune femme se lance alors dans une chasse aux créateurs afin de se constituer un catalogue original, qui la démarque de ses rivaux tout en installant une image haut de gamme. Un positionnement qui va permettre à ses cinq VRP de démarcher le secteur de l'hôtellerie de luxe.
Catherine Moutet joue aussi la carte de la communication. Refonte du site web et du catalogue d'un côté, participation à des concours de l'autre. Ainsi, Tissage Moutet obtient, en 2007, le label «Entreprise du patrimoine vivant», qui valorise les structures ambassadrices de l'identité économique française. Consciente de la valeur du savoir-faire d'une PME familiale quasi centenaire, la dirigeante met aussi en place des visites du site de production. De quoi booster le chiffre d'affaires issu du magasin d'usine, qui frôle dorénavant les 30% des revenus de la PMI. Une entreprise dont l'avenir ne semble plus menacé et qui a renoué, l'an dernier, avec les bénéfices.
TISSAGE MOUTET - Repères
- Activité: Fabrication de linge de table et décoration pour la maison
- Ville : Orthez (Pyrénées-Atlantiques)
- Dirigeante: Catherine Moutet, 57 ans
- Forme juridique: SA
- Année de reprise: 1999
- Effectif: 23 salariés,
- ca 2007: 1,7 MEuros
- Résultat net 2007: 20 000 Euros