Déménager son site web sans casse
Parce que votre site est en retard au niveau technologique, parce que votre hébergeur est défaillant, parce que le service client laisse à désirer, parce que le contrat n'est plus compétitif... Les raisons qui poussent à déménager un site internet sont aussi nombreuses que la migration est délicate. Conseils.
Je m'abonne«Notre site est désormais dimensionné par rapport aux objectifs », assure, soulagé, Alexandre Rouzotte, créateur de Ca-reste-entrenous.com, un site d'e-commerce dédié à la mode masculine, gourmand en ressources. Après deux changements d'hébergeur, des «stress tests» (simulations de pics de sollicitation) et un audit de son agence web, sans parler des dysfonctionnements équivalant à un mois et demi de perte d'exploitation selon le dirigeant, le site a trouvé sa formule: un serveur externalisé pour les images, un autre pour la base de données (articles, références, coloris... ) . Sa recommandation? « Faire appel à une agence conseil qui organise la migration en fonction d'un environnement, d'objectifs d'évolution, etc. et trouver l'hébergeur ad hoc, qui met à disposition, en plus, une garantie de temps de rétablissement (GTR) performante. »
Migrer pour faire baisser la note
Par ailleurs, les prix de l'hébergement ont énormément baissé ces dernières années, comme l'explique Sébastien Galliot, dirigeant de Déménageur de site, entreprise spécialisée dans le déménagement de sites. « Un contrat souscrit il y a cinq ans n'est plus compétitif en termes de prix et de puissance. On assiste à une récente mais réelle rupture technologique, passant du serveur (loué au forfait) au cloud (facturé à la consommation).
Sébastien Galliot, dirigeant Déménageur de site
Et en termes de coût, ça change tout. Les offres cloud des grands hébergeurs donnent dorénavant accès à des ressources gigantesques pour faire face à des pics d'activité. » Au catalogue de Sébastien Galliot, la prestation la moins chère est de 59 euros et la moyenne se situe entre 150 à 600 euros. Pour migrer des réseaux entiers ou des serveurs, la facturation se fait à l'heure. L'entreprise assure un rôle de conseil, mais c'est aussi une aide précieuse lorsqu'un client a perdu ses codes. Car, si la question du stockage et de la puissance est cruciale lors de la migration, surtout pour le commerce en ligne, celle de la propriété l'est aussi. A qui appartient le nom de domaine (NDD)? Qui a les codes? Quelle est l'adresse e-mail de contact (privilégier une adresse @gmail ou @yahoo, @ laposte, etc. plutôt qu'une adresse rattachée au NDD)? Le nom de domaine est capital: de lui dépendent la notoriété, le référencement, l'accès au site, etc. « Pour le transfert du nom de domaine, précise François Potevin, product marketing manager chez l'hébergeur 1&1, la procédure est classique et bien rodée chez presque tous les hébergeurs. Il suffit de récupérer le code d'autorisation auprès de l'ancien hébergeur et de le transmettre au nouveau.» Sachez que certains hébergeurs font payer ce code (autour de 7 euros), ce qui n'est pas illégal mais peu élégant. Veillez à créer le nouveau compte avant de fermer l'ancien, sous peine de perdre votre NDD en l'ayant rendu disponible.
Une complexité variable
Mais le danger ne réside pas tant dans le cybersquatting que dans la perte d'informations-clés, par exemple avec le départ d'un collaborateur. « Pour éviter les problèmes lors de la migration, conseille Eric Giannerini, fondateur de Microrea, agence web près d'Aix-en-Provence, il faut que l'entreprise et/ou son dirigeant soient propriétaires du NDD. Il faut aussi détenir le code d'authentification, le code client (celui qui permet d'administrer le site chez l'hébergeur), le code FTP pour accéder au serveur dans lequel sont les fichiers et le code d'accès à la base de données (la fameuse mySQL, le plus souvent), que l'on aura pris soin de sauvegarder. »
Avec tous ces éléments en main, le contenu peut être déménagé. « La migration du contenu peut être très simple (cas du site statique en HTML) comme très compliquée (cas du site qui a nécessité un développement pointu ou dans une version de langage de programmation désuète ou exotique), note François Potevin (1&1). Et dans plus de la moitié des cas, le client utilise un CMS (système de gestion de contenu) chez l'hébergeur d'origine. » Il faudra, dans ce cas, vérifier auprès du nouvel hébergeur qu'il a la capacité à accompagner la migration et que les outils qu'il utilise sont compatibles avec ceux de l'hébergeur précédent. « Dans 95 % des cas, explique Rémy Vandepoel, architecte système chez OVH Global Solutions, ce sont ces choix techniques, complexes ou méconnus, sur des sites développés en interne, par des collaborateurs qui ne font plus partie de la société, qui ralentissent la migration et nous obligent à allouer une ressource à plein-temps pour comprendre l'outil. Toute migration est possible. Quand c'est infaisable, c'est une question de budget... »
Une fois le site migré, reste à vérifier que le référencement n'a pas été pas perturbé. Si l'adresse URL reste la même, il n'y a aucune raison que le référencement en pâtisse. Mais il arrive que le transfert d'un site corresponde à sa refonte et que son adresse change: c'est parfois le cas lors d'un rachat. Le premier conseil de Guillaume Eouzan, dirigeant de MindFruits, agence de visibilité web, et auteur de Web marketing (Editions Eni, octobre 2012), est d'installer, avant le transfert du site, les Outils Google pour les webmasters (anciennement Google Webmaster Tools, gratuits), qui permettent de disposer d'une multitude d'informations sur l'indexation et le référencement du site, audit de positionnement à renouveler après le déménagement pour vérifier que l'on n'a pas perdu de positions sur des expressions-clés, vitales pour l'activité. Si l'URL change, il est indispensable de rediriger chaque ancienne page vers la nouvelle. Dans tous les cas, une mise à jour ou un transfert constitue un excellent signal pour les moteurs de recherche.
CE QU'IL FAUT RETENIR
- Valider que vous êtes bien le propriétaire du nom de domaine sur www.whois.fr.
- Détenir tous les codes (client, authentification, FTP, accès aux bases de données
- Sauvegarder le contenu du site.
- Valider auprès du nouvel hébergeur:
- qu'il dispose de la puissance nécessaire au bon fonctionnement de votre site et qu'elle pourra évoluer selon les besoins (privilégier une offre cloud si votre activité est saisonnière) ;
- qu'il pourra vous accompagner dans la migration ;
- qu'il dispose d'outils compatibles avec ceux qui ont servi à élaborer votre site (CMS, etc.).
- Faire un audit de référencement avant et après le déménagement et apporter les éventuelles mesures correctives.