De retour dans la course malgré un incendie
En 2002, un sinistre ravage l'une des deux usines de Sopral, spécialiste des aliments pour animaux. Mais la minoterie parvient à livrer ses clients, puis à reconstruire son outil de production. Récit.
Je m'abonneL'entreprise aujourd'hui
Sopral, une petite entreprise qui ne connaît pas la crise? Il est vrai qu'en presque un siècle et demi, cette minoterie bretonne spécialisée dans l'alimentation pour animaux a relevé de multiples défis. Dernier en date: l'export (principalement en Europe), qui représente, aujourd'hui, la moitié du chiffre d'affaires de l'activité animaux domestiques et le quart de celui de la branche chevaux. Désormais, les trois dirigeants, Pierre et Philippe Jolivet, et leur cousin, Jean Mayol, regardent l'avenir sereine- ment. Leurs ventes ont augmenté de 25% l'an passé, avec des résultats revenus à l'équilibre. Pourtant, en 2002, Sopral a dû se relever d'une terrible épreuve.
La nouvelle usine Sopral à Pléchatel.
SOPRAL - Repères
- ACTIVITE: Minoterie spécialisée dans l'alimentation animale
- VILLE: Pléchatel (llle-et-Vilaine)
- DIRIGEANTS: Pierre Jolivet, Philippe Jolivet, Jean Mayol
- FORME JURIDIQUE: SA
- ANNEE DE CREATION: 1866
- EFFECTIF: 85 salariés
- CA 2007: 19 MEuros
- RESULTAT NET 2007: à l'équilibre
Sa crise
Septembre 2002. Deux mois après avoir inauguré une nouvelle usine d'aliments chevalins, équipée de machines modernes et dans laquelle ils avaient investi près d'un million d'euros, les trois dirigeants sont réveillés en pleine nuit: un incendie d'origine électrique est en train de ravager l'outil de production. Dans la demi-heure, ils sont sur place, suivis par quelques salariés, alertés. Le choc est brutal. Les dégâts sont estimés à 5 millions d'euros. Mais, par chance, quinze jours de stocks ont pu être sauvés. Un délai qui laisse à la direction le temps d'honorer les commandes les plus pressantes.
Son rebond
Pour sauver la minoterie, le triumvirat qui la dirige fait preuve de la plus grande réactivité. «Huit jours après le drame, nous avons repris la production», relate Pierre Jolivet, p-dg de la PME. Dans l'urgence, l'entreprise fait appel à la sous-traitance afin de fabriquer les composants de ses produits (céréales floconnées, son et minéraux granulés), tout en conservant la maîtrise de l'assemblage. Pour cela, elle met en place une chaîne de production improvisée au sein de son autre usine, dédiée aux aliments pour chiens et chats. Aucun licenciement n'est prononcé, mais les quinze salariés de la branche cheval sont réaffectés à de nouvelles tâches. «Ce contexte a suscité un formidable esprit de solidarité. Tout le monde a fait des efforts: le service qualité a été chargé de contrôler les sous-traitants, certains salariés du pôle chevaux sont passés sur l'activité chiens et chats, d'autres à l'assemblage. Des formations ont même eu lieu le week-end pour ne pas ralentir l'activité.»
Au bout d'un an, Sopral entame le chantier de sa nouvelle usine, déplacée du site initial du Pont-Réan vers celui de Pléchatel, non loin de l'autre unité Sopral, ce qui lui permet de rationaliser ses coûts de logistique et de maintenance. Onze millions d'euros auront été nécessaires pour organiser cette sortie de crise et construire le nouveau bâtiment: 50% financés par l'entreprise, le reste provenant des assurances et, pour une petite partie, de subventions accordées par l'Union européenne. Un pari risqué, mais réussi. La nouvelle unité de production, totalement opérationnelle depuis janvier 2007, a donné un vrai coup d'accélérateur à la PMI, qui a pu renouer l'an dernier avec son rythme de croissance d'autrefois.